Alors qu’on n’a pas encore fini de parler de la mort d’Abass Mbaye, le Sénégalais tué au pays de l’Oncle Sam lors d’une fusillade, un autre compatriote vient de perdre la vie dans des conditions atroces, cette fois ci en France. La jeune victime,El Hadj Ibrahima Kandji, a reçu un coup de couteau mortel. L’auteur présumé, qui n'avait jusqu'alors aucun antécédent judiciaire, a été placé en détention provisoire.
L’affaire défraie la chronique en France. Un jeune Sénégalais âgé de 16 ans a été mortellement poignardé. D’après les premiers éléments de l’enquête, Ibrahima était allé voir un ami jouer au foot aux Lilas. Sur le chemin du retour, accompagné de deux camarades, il croise vers 20h un autre jeune, qui leur demande de quelle ville ils sont originaires.«Bagnolet», répond Ibrahima. Il n'en faudra pas plus: il est poignardé à mort. Touché au thorax, il est décédé des suites de ses blessures à l'hôpital, près de deux heures plus tard.D’après la presse française, une rivalité territoriale entre les deux villes pourrait être à l'origine du déchaînement de violence du suspect.
Ibrahima, un jeune très discret qui rêvait de faire carrière dans le football
L'adolescent, en classe de Première STMG au lycée Jean-Jaurès de Montreuil, se destinait à une carrière de footballeur professionnel. Et d’ailleurs, il évoluait en U17 au club de football de Montfermeil. Milieu défensif, Ibrahima était arrivé en mai après trois ans au Red Star. Il ne nourrissait qu'un rêve: devenir footballeur.
Samedi,une marche à la mémoire du jeune garçon a eu lieu à Bagnolet
Près de 350 personnes ont participé à une marche blanche en mémoire de l'adolescent.Vêtus pour la plupart d'un t-shirt blanc arborant le portrait d'Ibrahima tout sourire avec l'inscription: «Plus jamais ça», ils ont manifesté pour dénoncer l’acte barbare qui a coûté la vie à Ibrahima. La marche s'est achevée peu après 13h00 au stade municipal par une prise de parole émouvante de l'oncle du défunt.«Ibrahima était un jeune homme juste, bon, protecteur, ouvert. Quand il arrive quelque part, il irradie par son sourire, par sa gentillesse», a-t-il laissé entendre sous le regard de la famille, des amis et proches du défunt. Avant de poursuivre :«les seuls innocents dans cette affaire sont les jeunes. La seule manière que vous aurez à rendre hommage aussi bien à Ibrahima qu'à tous les jeunes qui sont partis, c'est de casser ce cycle de violence dont vous êtes les victimes», a-t-il conclu.
Nathan Fondja, camarade de classe et coéquipier de Kandji El Hadji, qui se faisait appeler Ibrahima, a tenu à apporter son témoignage. Il se rappelle d’un jeune garçon passionné du football, avec qui il aimait échanger, lui, fan du Real, alors qu'Ibrahima soutenait le Barça. «C'était quelqu'un de gentil. Quand on ne le connaissait pas il était timide, mais après, il s'exprimait et rigolait. Il ne se prenait pas la tête, il était tout le temps joyeux et positif».
Le meurtrier est âgé de 16 ans
Au quartier tout comme à l’école, il est peint comme un enfant sans problème, respectueux et très effacé.
«Le fait qu'il soit de Bagnolet, ça lui a porté préjudice. Il y a toujours eu une rivalité entre Les Lilas et Bagnolet», confiait à la presse française un de ses amis.
Son entraîneur Fabio Frasconi loue un garçon avec «une aura positive» sur le groupe. «Il avait largement les compétences pour être au niveau national et avec du travail il aurait pu aspirer à plus».
Le meurtrier, âgé lui aussi de 16 ans, a été mis en examen pour homicide volontaire et placé en détention provisoire. L'enquête se poursuit désormais sous l'égide d'un juge d'instruction.
Khadidjatou DIAKHATE