Mamadou Hanne, Mame Balla Diouf, Cheikh Faye, Ali Diouf, Moussa Dièye, Khadim Seck, Mouhamed Sène, Mamadou Guèye, Massamba Fall, Pape Ndiaye, Adama Sow, Demba Kébé, Mor Talla Diop, Ablaye Diouf, Ali Diallo et Demba Diallo en ont marre. Vraiment marre de rester 6 ans en prison sans être jugés et sans qu’on leur dise quoi que ce soit sur l’état de leur dossier. Ces 16 personnes citées plus haut sont des thiantacounes, incarcérés en même temps que leur guide Cheikh Béthio Thioune, avant que ce dernier ne bénéficie d’une liberté provisoire. Ils ont écrit une lettre hier «face au désespoir et au sentiment d’avoir été volontairement placés au fond des tiroirs des oubliettes». Dans la lettre, ils exigent un jugement équitable dans un délai raisonnable. «En plus de 6 ans de détention dite provisoire, nombreux sont ceux d’entre nous qui ont vu leurs parents quitter ce monde sans pouvoir leur adresser des adieux ou même assister à leurs obsèques», révèlent-ils. Pathétique. Et de poursuivre : «d’autres parmi nous, ont vu leurs épouses venir au parloir de la prison demander vigoureusement le divorce. Plusieurs familles se sont ainsi disloquées, faute d’horizon limpide, autant pour les détenus que pour leurs proches». Re-pathétique.
«Nous dénonçons, au-delà les conditions de détention connues dans notre cher pays, la torture permanente que nous subissons depuis maintenant plus de 2.400 jours qui est d’attendre, de manière quotidienne pour ne pas dire permanente, une fin à ce supplice, un honneur rendu, un horizon de liberté volée. Autrement dit, un jugement». Et de mettre les autorités devant leurs responsabilités : «comment peut-on faire croire aux citoyens que nous sommes que notre République fonctionne, lorsque celle-ci ne parvient pas à traiter un tel dossier en plus de 6 ans ? Grèves de la faim et tentatives de suicide n’ont rien servi jusqu’ici». Ils menacent : «face au désespoir qui nous habite, nous comptons bien retrouver notre liberté et notre dignité devant votre juge ou devant le juge, notre vie d’ici-bas n’ayant plus aucun sens».
Restons avec les 16 thiantas pour dire qu’ils ne se sont pas limités à écrire une lettre. 8 d’entre eux sont décidés à se suicider. Selon l'Association pour le soutien et la réinsertion sociale des détenus (Asred), 8 sur les 16 thiantacounes, considérant qu’ils n’ont plus rien à perdre, ont menacé de se donner la mort. Le président de l’Asred rappelle que
l’un d'eux avait tenté de s'immoler par le feu dans les toilettes de la prison et 2 autres aussi voulaient se suicider en avalant de l'eau de javel. Thiey justice Sénégal.