L’appel du Président Macky Sall invitant les Sénégalais à aller se faire vacciner au risque de le voir offrir les vaccins à d’autres pays avait été qualifié d’erreur monumentale de la part du chef de l’Etat. Pourtant, quelques mois après, le temps semble lui donner raison. En effet, plus de 200.000 doses de vaccins Covid-19 sont arrivées à expiration au Sénégal au cours des deux derniers mois. Et ce n’est pas tout, puisque 200.000 autres doses devraient expirer fin décembre car la demande est trop lente. La révélation a été faite lundi par le coordonnateur du Programme élargi de vaccination. Ousseynou Badiane a invité l’État à introduire des restrictions pour les non vaccinés pour augmenter les taux de vaccination.
Les Sénégalais ne sont pas les plus grands fans des vaccins contre le Covid-19. En effet, alors que la maladie a touché plus de 74.000 personnes pour 1886 décès, nos compatriotes n’ont, en effet, jamais été en masse dans les structures sanitaires pour prendre leurs doses. Sinon comment comprendre que plus de 200.000 doses de vaccins Covid-19 soient arrivées à expiration au Sénégal au cours des deux derniers mois. En même temps, 200.000 autres doses devraient expirer fin décembre, car la demande est trop lente.
L’annonce a été faite par le coordonnateur du Programme élargi de vaccination. Selon Ousseynou Badiane, «le principal problème est l'hésitation à se vacciner». «Le nombre de cas diminue. Ils demandent : ‘’pourquoi est-il important de se faire vacciner si la maladie n'est pas là maintenant ?’’», a expliqué le responsable du déploiement des vaccins au Sénégal. Selon Badiane, la majorité des doses expirées ont été fabriquées par AstraZeneca (AZN.L) et fournies via Covax.
Cette situation n’aide pas les dirigeants africains qui passent leur temps à demander davantage de vaccins contre le Covid-19 pour aider à rattraper les régions plus riches, où les déploiements de vaccins se succèdent depuis plus d'un an. En effet, alors que le rythme de l'offre s'est accéléré ces dernières semaines, certains pays ont eu du mal à suivre. Des problèmes de logistique ; la courte durée de conservation des vaccins provenant de donneurs et l'hésitation à se vacciner ont tous empêché les doses d'atteindre les bras.
Ousmane Badiane propose une sorte de restriction sur les non vaccinés, y compris l'utilisation d'un pass-sanitaire
Mais le désintéressement dont font preuve bon nombre de Sénégalais nuit à la campagne de vaccination. Le Sénégal a administré jusqu'à présent près de 2 millions de doses de vaccins, selon les données de Reuters, suffisamment pour vacciner complètement seulement environ 5,9% de la population. Le pays vaccine actuellement entre 1000 et 2000 personnes par jour, a déclaré Badiane à Reuters, contre 15.000 au cours de l'été. A ce rythme, il ne peut pas utiliser tous les vaccins dont il dispose. «Nous ne sommes pas optimistes quant à l'utilisation des 200.000 autres doses avant leur expiration à la fin du mois. Nous ne nous attendons pas à une augmentation de la demande avant cette date», a-t-il déclaré.
Aussi, selon le spécialiste, une partie du problème est la courte durée de conservation des vaccins qui arrivent de donateurs qui incluent les États-Unis et la Chine. Le Sénégal refuse de prendre des vaccins dont la durée de conservation est inférieure à trois mois, mais même cela crée des difficultés. Badiane espère que le gouvernement pourra introduire une sorte de restriction sur les non vaccinés pour augmenter les taux de vaccination, y compris l'utilisation d'un pass-sanitaire comme l'ont fait de nombreux autres pays. «Sans restriction, la population ne se fera pas vacciner», a-t-il encore indiqué.
Sidy Djimby NDAO