Des fichiers sur l’Etat Islamique, Boko Haram, sur les violences etc. découverts dans son ordinateur, mais pour imam Alioune Ndao, il possède des centaines d’autres vidéos qui parlent d’autres choses. Il s’étonne que les gendarmes ne se soient intéressés qu’à l’Etat Islamique. A l’en croire, il est intéressé par tout ce qui se passe dans le monde.
Dernier à se présenter devant la Chambre criminelle, imam Alioune Ndao s’est soumis hier à l’interrogatoire du juge Samba Kane et du procureur. Premier à interroger l’imam kaolackois, le juge a fait savoir à imam Ndao que lors de la perquisition, les agents avaient saisi des documents sur l’Etat islamique. Et dans son ordinateur tout comme dans sa tablette, 30 fichiers sur le djihad, l’Etat islamique, Boko Haram ont été trouvés ; 11 CD compromettants également. Pour sa défense, imam Ndao soutient que «tout ce qui se passe dans le monde l’intéresse». Selon lui, il voulait développer ses connaissances. Il s’est aussi indigné du fait que les enquêteurs n’aient axé leur travail que sur l’Etat islamique, les violences, les décapitations, alors qu’il a fait aussi des recherches sur Israël, la Birmanie, la Centrafrique etc. A son avis, toutes ces horreurs sont commises par les Français et non par l’Etat islamique. Il a, par ailleurs, souhaité que la Chambre criminelle visionne les autres fichiers sur Israël, la Birmanie, mais en vain.
Revenant sur ses investigations, il soutient avoir commencé à faire des recherches sur l’islam depuis la guerre d’Afghanistan ; il en aussi fait sur l’Amérique, Daesh, Al-Qaida, l’Etat islamique... Il a, d’ailleurs, rassemblé beaucoup de documents sur ça. «Les choses sont claires dans ma tête», ajoute-t-il. Harcelé de questions, il obtient le soutien de ses avocats qui se dressent en bouclier. Me El Hadji Malick Bass demande alors au juge de faire visionner toutes les vidéos. La robe noire précise qu’il n’aimerait pas que l’accusation prenne ce qui l’arrange. Me Bass demande également à la Chambre que ces vidéos leur soient communiquées. Depuis le début qu’ils sont constitués dans cette affaire, on ne leur a jamais donné ces documents pour qu’ils puissent les visualiser. «Il faudrait qu’on arrête», peste-t-il. Des propos qui ont courroucé le procureur Aly Ciré Ndiaye, qui précise qu’il s’agit de CD n’ayant pas été au greffe comme scellés. Mais, dit-il, «ce sont des pièces physiques que la défense a dans le dossier. Et on n’a pas besoin de dire voilà les CD du dossier».
Abondant dans le même sens, Me Mounir Balal dira que le ministère public parle comme s’il était dans un cadre normal. «Je suis désolé de vous dire que cela ne se passe pas ainsi. Et la défense n’a pas de leçon à recevoir sur la communication», s’en prend-il alors au procureur Aly Ciré Ndiaye. Me Balal reconnait tout de même que le dossier leur a été remis sur clé Usb.
Tranchant la question, le juge permet à la défense de diffuser les vidéos qu’elle souhaite si c’est toujours pour éclairer la lanterne de la Chambre et des juges qui sont en charge de cette affaire.
Fatou D. DIONE