Le cambiste Mamadou Dramé est dans de sales draps. Attrait à la barre, hier, pour abus de confiance portant sur…un milliard et 250 millions de francs, le Procureur a requis 3 ans de prison ferme à son encontre.
Il n’a l’air de rien, mais Mamadou Dramé est un cambiste peu ordinaire. Car, pour un cambiste, il a comparu hier devant le Tribunal correctionnel où il a été attrait pour abus de confiance portant sur… 1 milliard 250 millions de nos francs. C’est Cheikh Moussa Camara, un ancien inspecteur du Trésor, qui l’a traîné en justice. A en croire ses avocats, Mes Cheikh Ahmadou Ndiaye et Cheikh Ndao, qui l’ont représenté, leur client, appuyé financièrement par ses amis, avait envoyé les sous à Mamadou Dramé pour que ce dernier monte ses affaires, notamment dans l’installation d’une usine pour le traitement de l’aliment de volaille et le démarrage d’un projet déjà établi qui devait générer de l’argent. Au final, Mamadou Dramé n’a pas respecté ses engagements. Certes, il a acheté du matériel en Chine, mais c’est du toc, en plus, concernant le projet, il lui a versé 28 millions par mois, mais seulement pour un certain temps avant qu’il n’arrête, délibérément. Une plainte avec constitution de partie civile a été directement envoyée au juge d’instruction. Inculpé et placé sous mandat de dépôt, Mamadou Dramé a atterri devant le juge correctionnel.
A la barre, hier, le prévenu s’est targué d’être un commerçant qui manipule des milliards régulièrement. A l’en croire, il a toujours travaillé sur la base de la confiance avec l’ex-inspecteur du Trésor. Pour ce qui est de l’achat du matériel, il est allé en Chine et a dépensé 800 millions de francs. Pour lui, la partie civile ne lui a envoyé que 900 millions de francs et c’est simplement pour le projet. S’agissant du matériel, il l’a acheté lui-même, espérant que Cheikh Moussa Camara va le rembourser plus tard. Ce que ce dernier n’a pas fait. Il compte donc le rembourser si la partie civile lui restitue les 800 millions.
Lorsque le juge lui a demandé s’il avait des preuves attestant qu’il a acheté le matériel, il reconnait qu’il n’en avait pas. Mais, jure-t-il, le matériel est bien là, à Pout, dans la ferme de Cheikh Moussa Camara. S’agissant de la reconnaissance de dette portant sur un milliard qui porte sa signature, il argue que cela ressemble à sa signature, mais ce n’est pas la sienne. Selon les conseils de la partie civile, il y a eu deux reconnaissances de dette. Mamadou Dramé a signé sur la première qui porte sur un milliard et pour la seconde, qui lui sera présenté plus tard, il a refusé d’y apposer sa signature. Mieux, poursuit Me Ndao, si tant est que c’est avec son argent qu’il a acheté le matériel, il a dû payer des frais de douane, du coup, il n’allait pas réclamer seulement 800 millions. Pour Me Ndiaye, c’est clair, Mamadou Dramé a acheté du matériel, mais pas avec son argent. L’abus de confiance est bien établi, selon la robe noire. Les conseils de la partie civile ont réclamé pour le compte de leur client, un milliard et 750 millions à titre de dommages et intérêts.
Cependant, du côté de la défense, Me Abdoulaye Tall et Ibrahima Diaw soutiennent qu’il s’agit d’une affaire purement commerciale, qui concerne deux associés qui ont mis en place une société de fait, basée sur la confiance. Les avocats de la défense ont sollicité la relaxe de leur client. Le Procureur a requis 3 ans de prison ferme. L’affaire sera vidée le 12 juin prochain.
Alassane DRAME