Responsable du service des maladies infectieuses à l’hôpital de Fann, le Pr Moussa Seydi est au-devant de la lutte contre le coronavirus. Au regard de la situation actuelle, tout ce qu’il redoute est la contamination communautaire qui, pour lui, peut nous mener vers n’importe quelle situation dramatique. Aussi, dans un entretien avec Rfi, il marque son adhésion à un confinement total, qui est la meilleure chose à faire du point de vue sanitaire, pense-t-il. A propos de sa décision d’appliquer le traitement par l'hydroxychloroquine, le spécialiste des maladies infectieuses, qui s’est inspiré du Pr Didier Raoult, affirme avoir pris ses responsabilités en tant que soignant, face à une urgence, avec le consentement des malades. Surtout que pour lui, dans l’utilisation de cette molécule, «le rapport bénéfice-risque était en faveur du bénéfice».
S’il y a une situation que le professeur Seydi redoute avec le Covid-19, c’est la transmission communautaire. Sans porter de gants, il affirme : «la transmission communautaire est une bombe. Elle peut nous mener vers n'importe quelle situation. On peut se lever un beau jour et avoir le nombre de cas multiplié par dix, quinze, cent !» Pour étayer ses propos, il ajoute : «on vous disait dans les premières études comment on a contaminé deux à trois patients… Ensuite, d'autres ont dit sept, huit, neuf, patients... Mais nous, nous avons un patient qui a contaminé vingt-cinq autres personnes. Donc la transmission communautaire, c'est vraiment extrêmement inquiétant pour nous !»
«Le confinement total est la bonne méthode sur le plan sanitaire»
Le virus circulant au-delà des horaires de couvre-feu, (20 heures à 6 heures), le spécialiste est pour le confinement général. «C'est cela la bonne méthode sur le plan sanitaire. C'est cela qu'il faut faire. Mais comme vous le savez, il faut tenir compte d'autres aléas» ; affirme-il. Convaincu que le Président Macky Sall «est allé assez loin» dans les mesures, il note cependant que ce dernier «suit les recommandations qu'on lui donne», or «à l'heure actuelle, il n'y a pas eu une recommandation unanime pour demander un confinement total (compte tenu) de notre mode de vie».
«Si le nombre de cas explose, on n'aura plus les moyens…»
Pour le moment, tout se passe bien pour le professeur Seydi et son équipe. Mais la perspective de la montée des cas comme on le voit dans certains pays le hante, car dans ce cas, notre système de santé ne tiendra pas. «Oui, par rapport au nombre de cas, nous avons parfaitement les moyens. Nous sommes à l'aise pour travailler, mais si le nombre de cas explose, on n'aura plus les moyens». A la question de savoir à partir de combien de cas la situation sera intenable, il affirme : «c'est difficile de dire à partir de combien de cas, parce que chaque fois on s'adapte. Mais il vaut mieux ne pas attendre tous ces milliers de cas, comme en Europe : on serait dans des difficultés plus énormes encore que les difficultés constatées dans ces pays». C’est pourquoi, il pense que pour notre pays, «la prévention doit être le combat qu'il faut mener en priorité».
«pourquoi nous avons commencé à traiter nos patients avec l'hydroxychloroquine»
Ayant commencé à expérimenter le traitement par la chloroquine, le responsable de la prise en charge des malades du coronavirus donne ses raisons. «J'ai essayé l'hydroxychloroquine pour plusieurs raisons. D'abord, parce qu'il y a les résultats préliminaires du professeur Raoult sur un petit nombre de patients. Nous sommes en situation d'urgence sanitaire mondiale. Donc nous avons besoin de traiter les patients très vite, pour libérer des places et prendre en charge d'autres patients. Le rapport bénéfice-risque était en faveur du bénéfice. C'est pour cela que nous avons commencé à traiter nos patients avec l'hydroxychloroquine, en ayant quand même la précaution de demander leur consentement préalable», explique-t-il. Et il n’avait pas tort de prendre une telle décision, vu les résultats encourageants. «Quand nous avons démarré le traitement chez nos patients, nous avons constaté que la charge virale baissait beaucoup plus rapidement», note-t-il. Poursuivant, le spécialiste révèle que le traitement à l'hydroxychloroquine, jusque-là, a été «utilisé sur une cinquantaine de patients». Et d’ajouter : «il y a peut-être une personne qui est guérie, mais d'ici une semaine, on verra le nombre de patients qui vont s'en sortir. Parce que là, nous nous sommes basés sur les résultats de l'Institut Pasteur, qui nous montrent une baisse assez rapide de la charge virale».
«Il y a peut-être une personne qui est guérie, mais d'ici une semaine, on verra le nombre de patients qui vont s'en sortir»
Quant aux réserves émises par certains spécialistes et même l’Oms, le praticien sénégalais dit avoir fait le choix d’appliquer ce traitement en toute responsabilité. «Je ne me positionne pas par rapport à aller contre un avis ou à un autre. Non, je prends mes responsabilités en tant que médecin. Je suis responsable de la prise en charge de ces malades au niveau national et je suis chercheur en même temps. Je prends toutes mes responsabilités en fonction de la manière dont je vois les choses», martèle-t-il. Quant à la différence entre l'hydroxychloroquine qu’il utilise et la chloroquine en tant que telle, il informe que leur origine est la même, mais ce sont «deux molécules légèrement différentes». En effet, dit-il, «l'hydroxychloroquine est mieux tolérée et peut-être qu'on a besoin d'une dose moins forte avec l'hydroxychloroquine». Avant de finir, il a mis en garde contre l’automédication à la chloroquine. «Ce médicament est à déconseiller en automédication. Ce serait très dangereux de le faire en automédication, et en prévention, il n'est pas prouvé que cela marche», avertit-il.
Mbaye THIANDOUM
S’il y a une situation que le professeur Seydi redoute avec le Covid-19, c’est la transmission communautaire. Sans porter de gants, il affirme : «la transmission communautaire est une bombe. Elle peut nous mener vers n'importe quelle situation. On peut se lever un beau jour et avoir le nombre de cas multiplié par dix, quinze, cent !» Pour étayer ses propos, il ajoute : «on vous disait dans les premières études comment on a contaminé deux à trois patients… Ensuite, d'autres ont dit sept, huit, neuf, patients... Mais nous, nous avons un patient qui a contaminé vingt-cinq autres personnes. Donc la transmission communautaire, c'est vraiment extrêmement inquiétant pour nous !»
«Le confinement total est la bonne méthode sur le plan sanitaire»
Le virus circulant au-delà des horaires de couvre-feu, (20 heures à 6 heures), le spécialiste est pour le confinement général. «C'est cela la bonne méthode sur le plan sanitaire. C'est cela qu'il faut faire. Mais comme vous le savez, il faut tenir compte d'autres aléas» ; affirme-il. Convaincu que le Président Macky Sall «est allé assez loin» dans les mesures, il note cependant que ce dernier «suit les recommandations qu'on lui donne», or «à l'heure actuelle, il n'y a pas eu une recommandation unanime pour demander un confinement total (compte tenu) de notre mode de vie».
«Si le nombre de cas explose, on n'aura plus les moyens…»
Pour le moment, tout se passe bien pour le professeur Seydi et son équipe. Mais la perspective de la montée des cas comme on le voit dans certains pays le hante, car dans ce cas, notre système de santé ne tiendra pas. «Oui, par rapport au nombre de cas, nous avons parfaitement les moyens. Nous sommes à l'aise pour travailler, mais si le nombre de cas explose, on n'aura plus les moyens». A la question de savoir à partir de combien de cas la situation sera intenable, il affirme : «c'est difficile de dire à partir de combien de cas, parce que chaque fois on s'adapte. Mais il vaut mieux ne pas attendre tous ces milliers de cas, comme en Europe : on serait dans des difficultés plus énormes encore que les difficultés constatées dans ces pays». C’est pourquoi, il pense que pour notre pays, «la prévention doit être le combat qu'il faut mener en priorité».
«pourquoi nous avons commencé à traiter nos patients avec l'hydroxychloroquine»
Ayant commencé à expérimenter le traitement par la chloroquine, le responsable de la prise en charge des malades du coronavirus donne ses raisons. «J'ai essayé l'hydroxychloroquine pour plusieurs raisons. D'abord, parce qu'il y a les résultats préliminaires du professeur Raoult sur un petit nombre de patients. Nous sommes en situation d'urgence sanitaire mondiale. Donc nous avons besoin de traiter les patients très vite, pour libérer des places et prendre en charge d'autres patients. Le rapport bénéfice-risque était en faveur du bénéfice. C'est pour cela que nous avons commencé à traiter nos patients avec l'hydroxychloroquine, en ayant quand même la précaution de demander leur consentement préalable», explique-t-il. Et il n’avait pas tort de prendre une telle décision, vu les résultats encourageants. «Quand nous avons démarré le traitement chez nos patients, nous avons constaté que la charge virale baissait beaucoup plus rapidement», note-t-il. Poursuivant, le spécialiste révèle que le traitement à l'hydroxychloroquine, jusque-là, a été «utilisé sur une cinquantaine de patients». Et d’ajouter : «il y a peut-être une personne qui est guérie, mais d'ici une semaine, on verra le nombre de patients qui vont s'en sortir. Parce que là, nous nous sommes basés sur les résultats de l'Institut Pasteur, qui nous montrent une baisse assez rapide de la charge virale».
«Il y a peut-être une personne qui est guérie, mais d'ici une semaine, on verra le nombre de patients qui vont s'en sortir»
Quant aux réserves émises par certains spécialistes et même l’Oms, le praticien sénégalais dit avoir fait le choix d’appliquer ce traitement en toute responsabilité. «Je ne me positionne pas par rapport à aller contre un avis ou à un autre. Non, je prends mes responsabilités en tant que médecin. Je suis responsable de la prise en charge de ces malades au niveau national et je suis chercheur en même temps. Je prends toutes mes responsabilités en fonction de la manière dont je vois les choses», martèle-t-il. Quant à la différence entre l'hydroxychloroquine qu’il utilise et la chloroquine en tant que telle, il informe que leur origine est la même, mais ce sont «deux molécules légèrement différentes». En effet, dit-il, «l'hydroxychloroquine est mieux tolérée et peut-être qu'on a besoin d'une dose moins forte avec l'hydroxychloroquine». Avant de finir, il a mis en garde contre l’automédication à la chloroquine. «Ce médicament est à déconseiller en automédication. Ce serait très dangereux de le faire en automédication, et en prévention, il n'est pas prouvé que cela marche», avertit-il.
Mbaye THIANDOUM