S’il y a un pays «ami» dont l’Arabie Saoudite a le soutien inconditionnel, c’est bien le Sénégal. Et le Président Macky Sall en a donné une nouvelle preuve, hier, en condamnant vertement l’attaque d’installations pétrolières saoudiennes, par les rebelles Houthis. Une attaque qui a plus fait de bruit que de dégâts, mais suffisant pour ameuter tous les affidés des Al Saoud.
Entre le Sénégal et l’Arabie Saoudite, c’est sans doute le grand amour. Car dès que le pays des Al Saoud tousse, le nôtre éternue. En effet, mardi dernier, une attaque de drones armés a visé des installations pétrolières près de Ryad. Suffisant pour que le Sénégal monte sur ses grands chevaux, dénonce et «condamne énergiquement» ce qu’il prend pour un «acte terroriste lâche». Poursuivant, le gouvernement «exprime sa solidarité et son soutien» au Royaume d’Arabie Saoudite, «en cette grave circonstance». Une solidarité et un soutien qui ne devraient guère surprendre, si l’on sait la longue et solide relation entre les deux pays. L’Arabie Saoudite soutient beaucoup le Sénégal dans plusieurs domaines, dont celui militaire. Par exemple, les blindés neufs qu’on a eu la fierté d’observer lors du défilé du 4 avril passé ont été acquis sur financement saoudien.
«Des dégât mineurs»
Tôt mardi, deux stations de pompage ont été visées par des «drones armés», ce qui a provoqué un «incendie» et des «dégâts mineurs» à une station, avant que le sinistre ne soit maîtrisé, a précisé le ministre saoudien de l'Énergie, Khalid al-Falih, cité par l'agence officielle SPA. Qui ajoute que le géant pétrolier Aramco «a interrompu temporairement les opérations sur l'oléoduc» Est-Ouest reliant la Province orientale, une région saoudienne riche en pétrole, au port de Yanbu sur la mer Rouge. L'oléoduc d'une longueur de 1 200 km a une capacité d'au moins cinq millions de barils par jour.
Une «opération militaire majeure» revendiquée par les Houthis
L’attaque a été vite revendiquée, par les rebelles Houthis. Depuis le Yémen, leur chaîne de télévision a fait état d'une «opération militaire majeure», qui a nécessité «l'utilisation de sept drones» armés, contre des «installations vitales» saoudiennes. Pour les Houthis, cette opération militaire est «une réponse aux crimes» contre leur peuple et le «blocus» imposé au Yémen par son voisin saoudien. «Notre peuple n'a d'autre choix que de se défendre de toutes ses forces», a déclaré Mohammed Abdelsalam, leur porte-parole.
Cet incident intervient dans un contexte de radicalisation de L'Iran, principal soutien des Houthis, même si Téhéran dément leur fournir des armes, comme l'en accuse Riyad. L'Iran chiite et l'Arabie Saoudite sunnite, proche allié des États-Unis qui n'ont cessé de durcir le ton contre Téhéran, se mènent une rivalité sana merci. Dimanche, deux pétroliers saoudiens, un norvégien et un cargo émirati ont été visés par de mystérieux «actes de sabotage» au large de l'émirat de Fujaïrah, membre de la Fédération des Émirats arabes unis, selon le gouvernement d'Abou Dhabi.
Mbaye THIANDOUM