Voulant être riche comme Crésus sans travailler, l'étudiant en informatique Sangoné Sène l’a payé cher. Car, lui et ses acolytes Abdoulaye Keita et Samba Ba risquent 5 ans de prison ferme en plus d'une amende de 5 millions. Pour devenir riche, Sangoné avait fait appel au marabout Abdoulaye Keita pour qu'il lui fasse une multiplication de billets de banque. Ces inculpés comparaissaient devant le Tribunal correctionnel de Dakar, pour association de malfaiteurs, détention et contrefaçon de signes monétaires ; ils seront fixés sur leur sort le 5 décembre prochain.
Le prévenu Sangoné Sène dit Babacar et ses acolytes Samba Ba dit Boy Diola et le marabout Abdoulaye Keita ont heureusement été sauvés par la nouvelle loi de 2018, qui condamne à des peines moins sévères de 10 à 20 ans de travaux forcés la contrefaçon de billets de banque. Sinon, ils allaient comparaître devant la Chambre criminelle et condamnés à des travaux forcés à perpétuité pour contrefaçon de signes monétaires ayant cours légal et détention. Sur les faits, Sangoné Sène, étudiant en informatique qui venait de sortir fraîchement de l'Université Gaston Berger de Saint-Louis, cupide à mourir, a cherché le moyen le plus rapide pour s'enrichir. Et pour ce faire, il s'est reconverti dans la contrefaçon de billets de banque. Et dans son obstination à vouloir devenir riche sans fournir d'efforts, Sangoné Sène a loué les services du marabout bissau-guinéen, Abdoulaye Keita, pour qu'il formule des prières pour lui et pour qu'il lui fasse prendre des bains mystiques.
C’est au stade Lépold Sédar Senghor que le bain devait avoir lieu
A ce dessein, le charlatan Keita et Sangoné Sène se sont rendus au stade Léopold Sédar Senghor pour le rituel du bain mystique, dans la nuit du 8 septembre 2014. Ainsi, au moment où Sangoné s'apprêtait à se laver avec les potions magiques, les agents de la Sûreté urbaine qui faisaient une opération de sécurisation les ont interpellés. Les enquêteurs ont retrouvé dans le sac que détenait Sangoné Sène 400 billets de 100 dollars en faux et une bouteille de mercure contenu dans un sachet. Sangoné et le marabout Abdoulaye Keita interpellés, ont conduit les policiers au domicile de Samba Ba dit Boy Diola, où logeait feu Fanding Djité. Une fois sur les lieux, ils ont saisi dans la chambre de Samba Ba 378 faux billets de 100 dollars et une arme à feu. C'est sur ces entrefaites qu'ils ont été tous coffrés. Lors de l'enquête préliminaire, Sangoné Sène a contesté la paternité des faux billets de banque qui ont été retrouvés dans son sac. Ainsi, il les a attribués à Fanding Djité, ce que ce que ce dernier a nié alors que lui-même a été trouvé avec 100 coupures de faux billets en dollars. Samba Ba et Abdoulaye Keita ont contesté à leur tour. Mais devant le juge d’instruction, Sangoné Sène avait reconnu qu'il voulait s'enrichir, mais qu'il ne fabriquait pas de faux billets, ni ne voulait les mettre en circulation. Poursuivant, il expliquait qu'il était convaincu qu'on ne pouvait pas s’enrichir de la sorte et que s'il savait, il n'allait pas entrer dans cette opération de multiplication de faux billets de banque. Selon lui toujours, on lui avait confié que le marabout était capable de lui faire des billets de banque. C’est ainsi que le marabout lui avait demandé d'immoler un mouton et de faire des bains mystiques.
Sangoné Sène revient totalement sur ses déclarations et nie face au juge
Inculpés pour association de malfaiteurs, détention et contrefaçon de billets de banque ayant cours légal, après 5 ans de détention préventive, ils ont comparu hier devant le juge du tribunal correctionnel de Dakar, où ils ont réfuté les faits. Pour ce qui est de Sangoné Sène, lorsque le juge lui a rappelé ses propos de l'enquête sur le fait qu'il voulait être riche et que c'est pour cela qu'il s'était reconverti dans l'activité de faux monnayage, il a dit, pince sans rire, n'avoir jamais tenu de telles déclarations. Questionné sur la détention des billets prétendus faux, il expliquait : «c'est Fanding Djité qui m'a confié le sac contenant les faux billets. Et j'ignorais que le contenu était illicite», a-t-il dit. Interpellé sur les bains mystiques, il ajoute : «j'avais postulé à un concours en informatique et j'étais sélectionné. Ainsi, j'avais sollicité des prières auprès de Abdoulaye Keita. Et ce dernier m'a fait prendre des bains mystiques. Vêtu tout simplement d'un short, j’ai pris les bains au niveau de la grande porte du stade Léopold Sédar Senghor vers les coups de 19 heures accompagné du marabout Abdoulaye Keita et Fanding Djité. Et ce n'était pas grave parce que ça n'a pris que 5 mn. C'est au cours de ce rituel que les policiers nous ont arrêtés. Par ailleurs, j'avoue que j'ai une fois fait des bains mystiques au niveau d'un carrefour», a raconté Sangoné Sène.
Le marabout Abdoulaye Keita avoue à l’enquête et nie à la barre
Pour ce qui est du marabout Abdoulaye Keita, lui aussi a nié les faits. «C'est moi qui ai formulé des prières pour lui. C'est moi qui lui avais aussi conseillé de faire les bains au niveau du stade LSS, lieu où on nous a interpellés. Et pour ces bains-là, c'était pour qu'il ait du succès dans ses activités. J'avoue que j'ai hérité du travail de marabout de mon père. Mais depuis mon arrestation, j'ai arrêté de formuler des prières. Je ne connais pas l'origine des faux billets et je n'ai pas non plus fabriqué de faux billets. Et pour finir, je ne connais pas non plus le papier noir», s'est-il dédouané. Et pourtant, l'enquête révélait que 100 coupures de faux billets de dollars ont été retrouvées par-devers lui.
Samba Ba dit Boy Diola se dédit aussi
A sa suite, Samba Ba dit Boy Diola s'est inscrit dans la même logique de dénégations que ses co-prévenus, alors que des billets illicites ont été trouvés dans sa chambre. «C'est feu Fanding Djité qui a conduit les agents chez moi et ils n'ont rien trouvé», a-t-il confié. Ces contestations n'ont été corroborées par aucune pièce du dossier, parce que les policiers ont trouvé 378 faux billets de 100 dollars avec un pistolet. Contestant la paternité de cette arme à feu, Samba Ba a fini par accepter qu'elle lui appartenait et qu'il l'avait ramassée en Gambie. «Les billets ont été retrouvés dans une chambre que j'ai louée et que Fanding Djité occupait», a-t-il fini par ajouter.
Les prévenus sauvés par la nouvelle loi
Malgré leurs explications alambiquées qui n'ont pas convaincu le procureur Ismaïla Diallo, celui-ci a sollicité qu'ils soient condamnés chacun à 5 ans d'emprisonnement ferme après la confusion des peines. Toutefois, le représentant du ministère public a requis la relaxe pure des prévenus pour le délit d'association de malfaiteurs parce que, selon lui, il n'est pas convaincu qu'ils se connaissaient. Pour ce qui est du délit de contrefaçon de billets de banque, il a souhaité sa requalification en détention de signes monétaires contrefaits ayant cours légal et les condamner à payer chacun une amende de 5 millions. La confiscation des faux billets a été aussi ordonnée par le parquet. Dans ses observations, le maître des poursuites a conclu que ces prévenus risquaient des travaux forcés à perpétuité. «Ils avaient été renvoyés sur une ordonnance devant la Chambre criminelle. C'est en février 2018 qu'est intervenue la nouvelle loi qui abroge les articles 119 bis à 124 bis du Code de procédure pénale. A cette époque, c'est les travaux forcés à perpétuité qu'ils risquaient. Mais, pour la loi 2018, c'est des travaux forcés allant de 10 à 20 ans avec une amende de la valeur des signes monétaires saisies. La Chambre criminelle s'était déclarée incompétente et c'est la raison pour laquelle ils sont renvoyés en police correctionnelle», a-t-il argué. Pour la défense des prévenus, Mes El Mamadou Ndiaye, Chahrazade Ilal et Ameth Fall ont demandé leur relaxe au bénéfice du doute à titre principal et à titre subsidiaire une application bienveillante de la loi. Délibéré au 5 décembre 2019.
Fatou D. DIONE
Le prévenu Sangoné Sène dit Babacar et ses acolytes Samba Ba dit Boy Diola et le marabout Abdoulaye Keita ont heureusement été sauvés par la nouvelle loi de 2018, qui condamne à des peines moins sévères de 10 à 20 ans de travaux forcés la contrefaçon de billets de banque. Sinon, ils allaient comparaître devant la Chambre criminelle et condamnés à des travaux forcés à perpétuité pour contrefaçon de signes monétaires ayant cours légal et détention. Sur les faits, Sangoné Sène, étudiant en informatique qui venait de sortir fraîchement de l'Université Gaston Berger de Saint-Louis, cupide à mourir, a cherché le moyen le plus rapide pour s'enrichir. Et pour ce faire, il s'est reconverti dans la contrefaçon de billets de banque. Et dans son obstination à vouloir devenir riche sans fournir d'efforts, Sangoné Sène a loué les services du marabout bissau-guinéen, Abdoulaye Keita, pour qu'il formule des prières pour lui et pour qu'il lui fasse prendre des bains mystiques.
C’est au stade Lépold Sédar Senghor que le bain devait avoir lieu
A ce dessein, le charlatan Keita et Sangoné Sène se sont rendus au stade Léopold Sédar Senghor pour le rituel du bain mystique, dans la nuit du 8 septembre 2014. Ainsi, au moment où Sangoné s'apprêtait à se laver avec les potions magiques, les agents de la Sûreté urbaine qui faisaient une opération de sécurisation les ont interpellés. Les enquêteurs ont retrouvé dans le sac que détenait Sangoné Sène 400 billets de 100 dollars en faux et une bouteille de mercure contenu dans un sachet. Sangoné et le marabout Abdoulaye Keita interpellés, ont conduit les policiers au domicile de Samba Ba dit Boy Diola, où logeait feu Fanding Djité. Une fois sur les lieux, ils ont saisi dans la chambre de Samba Ba 378 faux billets de 100 dollars et une arme à feu. C'est sur ces entrefaites qu'ils ont été tous coffrés. Lors de l'enquête préliminaire, Sangoné Sène a contesté la paternité des faux billets de banque qui ont été retrouvés dans son sac. Ainsi, il les a attribués à Fanding Djité, ce que ce que ce dernier a nié alors que lui-même a été trouvé avec 100 coupures de faux billets en dollars. Samba Ba et Abdoulaye Keita ont contesté à leur tour. Mais devant le juge d’instruction, Sangoné Sène avait reconnu qu'il voulait s'enrichir, mais qu'il ne fabriquait pas de faux billets, ni ne voulait les mettre en circulation. Poursuivant, il expliquait qu'il était convaincu qu'on ne pouvait pas s’enrichir de la sorte et que s'il savait, il n'allait pas entrer dans cette opération de multiplication de faux billets de banque. Selon lui toujours, on lui avait confié que le marabout était capable de lui faire des billets de banque. C’est ainsi que le marabout lui avait demandé d'immoler un mouton et de faire des bains mystiques.
Sangoné Sène revient totalement sur ses déclarations et nie face au juge
Inculpés pour association de malfaiteurs, détention et contrefaçon de billets de banque ayant cours légal, après 5 ans de détention préventive, ils ont comparu hier devant le juge du tribunal correctionnel de Dakar, où ils ont réfuté les faits. Pour ce qui est de Sangoné Sène, lorsque le juge lui a rappelé ses propos de l'enquête sur le fait qu'il voulait être riche et que c'est pour cela qu'il s'était reconverti dans l'activité de faux monnayage, il a dit, pince sans rire, n'avoir jamais tenu de telles déclarations. Questionné sur la détention des billets prétendus faux, il expliquait : «c'est Fanding Djité qui m'a confié le sac contenant les faux billets. Et j'ignorais que le contenu était illicite», a-t-il dit. Interpellé sur les bains mystiques, il ajoute : «j'avais postulé à un concours en informatique et j'étais sélectionné. Ainsi, j'avais sollicité des prières auprès de Abdoulaye Keita. Et ce dernier m'a fait prendre des bains mystiques. Vêtu tout simplement d'un short, j’ai pris les bains au niveau de la grande porte du stade Léopold Sédar Senghor vers les coups de 19 heures accompagné du marabout Abdoulaye Keita et Fanding Djité. Et ce n'était pas grave parce que ça n'a pris que 5 mn. C'est au cours de ce rituel que les policiers nous ont arrêtés. Par ailleurs, j'avoue que j'ai une fois fait des bains mystiques au niveau d'un carrefour», a raconté Sangoné Sène.
Le marabout Abdoulaye Keita avoue à l’enquête et nie à la barre
Pour ce qui est du marabout Abdoulaye Keita, lui aussi a nié les faits. «C'est moi qui ai formulé des prières pour lui. C'est moi qui lui avais aussi conseillé de faire les bains au niveau du stade LSS, lieu où on nous a interpellés. Et pour ces bains-là, c'était pour qu'il ait du succès dans ses activités. J'avoue que j'ai hérité du travail de marabout de mon père. Mais depuis mon arrestation, j'ai arrêté de formuler des prières. Je ne connais pas l'origine des faux billets et je n'ai pas non plus fabriqué de faux billets. Et pour finir, je ne connais pas non plus le papier noir», s'est-il dédouané. Et pourtant, l'enquête révélait que 100 coupures de faux billets de dollars ont été retrouvées par-devers lui.
Samba Ba dit Boy Diola se dédit aussi
A sa suite, Samba Ba dit Boy Diola s'est inscrit dans la même logique de dénégations que ses co-prévenus, alors que des billets illicites ont été trouvés dans sa chambre. «C'est feu Fanding Djité qui a conduit les agents chez moi et ils n'ont rien trouvé», a-t-il confié. Ces contestations n'ont été corroborées par aucune pièce du dossier, parce que les policiers ont trouvé 378 faux billets de 100 dollars avec un pistolet. Contestant la paternité de cette arme à feu, Samba Ba a fini par accepter qu'elle lui appartenait et qu'il l'avait ramassée en Gambie. «Les billets ont été retrouvés dans une chambre que j'ai louée et que Fanding Djité occupait», a-t-il fini par ajouter.
Les prévenus sauvés par la nouvelle loi
Malgré leurs explications alambiquées qui n'ont pas convaincu le procureur Ismaïla Diallo, celui-ci a sollicité qu'ils soient condamnés chacun à 5 ans d'emprisonnement ferme après la confusion des peines. Toutefois, le représentant du ministère public a requis la relaxe pure des prévenus pour le délit d'association de malfaiteurs parce que, selon lui, il n'est pas convaincu qu'ils se connaissaient. Pour ce qui est du délit de contrefaçon de billets de banque, il a souhaité sa requalification en détention de signes monétaires contrefaits ayant cours légal et les condamner à payer chacun une amende de 5 millions. La confiscation des faux billets a été aussi ordonnée par le parquet. Dans ses observations, le maître des poursuites a conclu que ces prévenus risquaient des travaux forcés à perpétuité. «Ils avaient été renvoyés sur une ordonnance devant la Chambre criminelle. C'est en février 2018 qu'est intervenue la nouvelle loi qui abroge les articles 119 bis à 124 bis du Code de procédure pénale. A cette époque, c'est les travaux forcés à perpétuité qu'ils risquaient. Mais, pour la loi 2018, c'est des travaux forcés allant de 10 à 20 ans avec une amende de la valeur des signes monétaires saisies. La Chambre criminelle s'était déclarée incompétente et c'est la raison pour laquelle ils sont renvoyés en police correctionnelle», a-t-il argué. Pour la défense des prévenus, Mes El Mamadou Ndiaye, Chahrazade Ilal et Ameth Fall ont demandé leur relaxe au bénéfice du doute à titre principal et à titre subsidiaire une application bienveillante de la loi. Délibéré au 5 décembre 2019.
Fatou D. DIONE