Fatigué d’attendre pour rapatrier les migrants sénégalais arrivés illégalement sur son sol, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez se rendra à Dakar demain jeudi pour tenter de trouver une solution à ce «problème», alors que son ministre de l’Intérieur peine à le faire. Au premier trimestre de l'année, les arrivées de «sans-papiers» aux îles Canaries ont augmenté de 117% par rapport à une situation qui a fini de réveiller la colère des Espagnols contre leur gouvernement. Ainsi, pour en finir avec les critiques, le Président Sánchez vient au Sénégal pour tenter débloquer son défi migratoire en suspens : les rapatriements. Il faut dire que les vols de rapatriement d’Espagne vers le Sénégal sont interrompus depuis 2018.
Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez est attendu à Dakar demain jeudi. En visite sur le continent, le Président Sánchez se rendra d’abord en Angola puis au Sénégal. Le terrain a été préparé par la ministre des Affaires étrangères, Arancha González Laya, puisqu'à la fin du mois de novembre, elle est venue à Dakar pour annoncer en grande pompe que «bientôt» le rapatriement des immigrés en situation irrégulière sur des vols spéciaux reprendrait, mesure prévue pour dans l'accord bilatéral de 2009, qui était accompagné d'un autre sur les mineurs non accompagnés.
À Dakar, il sera question de discuter immigration avec le Président Macky Sall. Tous les voyages du chef du gouvernement espagnol en Afrique, à la fois le premier qu'il a effectué au Maroc en novembre 2018 , le dernier en Algérie en octobre 2020 ou celui en Mauritanie en juin dernier, ont un net accent migratoire. Cependant, depuis 2018, le ministère de l'Intérieur n'a effectué aucun vol de rapatriement : au cours des trois premiers mois de cette année, le département dirigé par Fernando Grande-Marlaska avait annoncé, y compris avec des listes des passagers, jusqu'à trois vols au départ de Tenerife vers Dakar, mais aucun n’a décollé.
sur les 41.861 immigrés clandestins arrivés en Espagne en provenance d'Afrique en 2020, les Sénégalais sont 5e
Mais si l’Espagne tient à trouver une solution au problème, c’est que sur les 41.861 immigrés clandestins arrivés en Espagne en provenance d'Afrique en 2020, les Sénégalais étaient le cinquième plus grand contingent, et sur les 3200 «sans-papiers» qui ont débarqué aux îles Canaries jusqu'à présent cette année, nos compatriotes étaient le quatrième avec 400 personnes. Le Sénégal est donc devenu une priorité de la politique d'immigration du gouvernement espagnol d’où la visite à Dakar ce jeudi du chef de l’exécutif espagnol.
«L'année en cours va être pire, à en juger par les données incomplètes pour le premier trimestre, que l'Intérieur a rapportées lundi. Durant cette période, 6122 ‘’sans-papiers’’ ont débarqué, plus de la moitié (3436) dans l'archipel, 117% de plus qu'en 2020. Les mois d'hiver sont les plus faibles en raison des intempéries ; il est donc probable que le flux s'intensifie au fur et à mesure que l'année avance», préviennent les autorités espagnoles. Selon des rapports de renseignement, contrairement à l'exercice précédent, la plupart des immigrés qui ont posé le pied sur les îles ne sont plus marocains, mais subsahariens, et ils continuent de partir principalement des côtes du Sahara Occidental, l'un des territoires les plus militarisés d'Afrique et contrôlé par le Maroc.
Des contrats d’une valeur de 16 millions d’euros seront signés
«Le Sénégal vient de subir une vague d'émeutes provoquée par l'appauvrissement d'une partie de la population en raison de la crise économique déclenchée par la pandémie. Ce n'est peut-être pas le moment où le Président Macky Sall ose fermer partiellement cette soupape de fuite migratoire et se conformer à ce qui avait été convenu avec l'Espagne il y a 12 ans», commente le média espagnol «Elconfidencial», qui note que le voyage de Sánchez à Dakar a également un aspect économique avec des contrats évalués à 16 millions d’euros.
Sidy Djimby NDAO