Pour avoir hypothéqué son avenir à cause de son addiction à la drogue, Samba Ngom n'est plus que l'ombre de l’étudiant qu'il était, orienté à la Faculté de médecine de l'Ucad, puis parti en France pour poursuivre ses études. En effet, il a été expulsé de ce dernier pays pour cause d’usage de drogue. Revenu au pays et après une bonne dose de drogue, il a menacé avec un couteau de tuer son propre père. Ce dernier l'a traduit hier pour détention d'arme blanche sans autorisation administrative et menaces de mort, devant le tribunal d'instance de Dakar où il a été condamné à 3 mois de prison ferme.
Le jeune Samba Ngom était pourtant promis à un bel avenir. Car, en bon père de famille soucieux du futur de sa progéniture, son père l'avait envoyé en France après l'obtention de son baccalauréat et un passage à la Faculté de médecine de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar où il a fini par cartoucher. Hélas, insouciant de son devenir, ce jeune ne faisait que se droguer en France au lieu de poursuivre ses études et obtenir son diplôme. Après avoir séjourné 2 ans en France, Samba Ngom a été rapatrié par la police des frontières à cause de son addiction à la drogue. Ainsi, de retour au bercail, il continuait toujours à se droguer. Et pour le soutenir dans cette phase difficile, son père l'a soumis à une cure de désintoxication. Mais, comme s'il ne voulait pas retrouver sa lucidité, Samba Ngom a tout bonnement arrêté son traitement sans raison valable, alors que le médecin l'avait averti que son organisme ne peut supporter ni drogue, ni alcool. Et à cause de son addiction à la drogue, Samba Ngom semait la terreur dans sa famille. Avec un couteau, il a menacé de mort son propre père, Modou Ngom. Ce dernier qui n'en pouvait plus des agissements de son fils, a porté plainte contre lui afin de retrouver la paix.
Déféré au parquet pour détention illégale d'arme sans autorisation administrative et menaces de mort, Samba Ngom a été traduit hier devant le juge du tribunal d'instance de Dakar, où il a reconnu la détention d'arme, mais a réfuté les menaces de mort à l'encontre de son père. «J'avais le couteau depuis deux jours pour me débarrasser des gris-gris autour de ma taille. Mon père voulait corriger mon petit-frère qui avait perdu son téléphone. Là, j'ai entendu des cris et lorsque je suis arrivé, je l'ai écarté car le petit était par terre. J'avoue que je lui ai parlé sur un ton désagréable ainsi qu'à ma mère. Quant à cette dernière, elle a pris un pilon pour me menacer. À mon tour, j'ai pris un couteau dans ma chambre. Mais, j'ai déposé celui-ci lorsqu'elle a déposé le pilon. C'est parce que j'étais en colère, mais je jure que je n'étais pas ivre», s’est justifié Samba Ngom. Interrogé sur sa cure de désintoxication, il a rétorqué au procureur : «j'ai arrêté mes traitements car j'ai récupéré mes facultés mentales parce que j'ai arrêté l'usage de drogue depuis 1 an 3 mois».
Modou Ngom : «J’ai fait beaucoup de sacrifices pour sa réussite»
C'est dans un désarroi total que Modou Ngom, père du prévenu et partie civile dans cette affaire, s'est présenté à la barre. «C'est la énième fois. Il avait même menacé le chef de quartier de Jaxaay. Il a frappé son grand-frère qui a refusé de lui servir du thé. Il m'a ouvertement dit qu’il allait me poignarder. C'est là que je me suis enfermé et j'ai appelé la police pour qu'on l'isole, sinon il fera pire. Je n'ai aucun intérêt à traduire mon propre fils en justice», a narré ce père de famille qui révèle avoir fait beaucoup de sacrifices pour la réussite de son rejeton.
Pour la parquetière, Samba Ngom est un individu dangereux
Avocat de la partie civile, Me Ndiaga Dabo de soutenir : «le père vit l'enfer. Malheureusement, le fils ne regrette rien. Il n'a pas présenté ses excuses à son père. C'est un criminel potentiel, prenez la décision qui s'impose», a plaidé la robe noire. Dans la même logique, la représentante du procureur a sollicité 2 ans de prison dont 1 mois ferme contre Samba Ngom qu'il a présenté comme un individu dangereux.
Me Iba Mar Diop : «mon client a plus besoin de soins que de prison»
Avocat de Samba Ngom, Me Iba Mar n'est pas du même avis que l'avocat de la victime et le procureur. Au lieu d'une condamnation, Me Diop a demandé que son client soit interné dans une structure sanitaire, vu que selon lui il est malade. «Il ne faut pas suivre le procureur, car c'est un problème qui oppose un père à son fils. Celui-ci a beaucoup de problèmes, car depuis la classe de Seconde, il use de la drogue, mais son père l'a épaulé. Ainsi, il avait réussi son Bac et a été orienté à la Fac médecine. Le père l'a envoyé en France, mais il est revenu enchaîné. Sans désemparer, le père lui a payé une cure de désintoxication, mais il a interrompu le traitement. Il l'a toujours épaulé et maintenant, il veut se débarrasser de lui alors qu'il est malade. Je vous demande de l'envoyer dans un centre hospitalier. Il a plus besoin de soins que de prison. Accordez-lui le sursis», a-t-il laissé entendre. Au final, le tribunal l'a condamné à 2 ans de prison dont 3 mois ferme en sus du franc symbolique qu'il a accordé à son père.
Fatou D. DIONE