Oumar Sarr et ses camarades de «And Suqali Soppi» étaient avant-hier samedi dans son fief du Walo, où ils ont fait plusieurs localités avant de tenir un grand meeting. Une mobilisation au cours de laquelle il a tiré à boulets rouges sur Karim Wade, qu’il qualifie de poltron qui n’a même pas osé rentrer au pays en tant que candidat du Pds à la présidentielle quand le régime l’a menacé de prison. Trouvant «impensable et inacceptable» que le fils de Me Wade s’empare du Pds, il soutient que lui et son camp vont poursuivre le combat et personne ne pourra leur faire peur ou les arrêter, car le Pds n’est pas une propriété de Karim Wade, même si son père en est le secrétaire général.
C’est l’escalade dans la guerre ouverte au Pds, entre le camp de Oumar Sarr et Cie et celui de Karim Wade et son père. En meeting hier, dans son fief, le secrétaire général national adjoint déchu du Pds n’a pas fait dans la dentelle, contre «l’exilé» de Doha, qui voudrait selon lui mettre la main sur le parti, alors qu’il n’a même pas eu le courage de rentrer au pays quand le gouvernement l’a menacé de prison. «Nous n’allons pas laisser le parti à quelqu’un venu je ne sais d’où, un grand poltron, qui avait été choisi pour être notre candidat à la présidentielle, et on l’attendait tous, mais quand le pouvoir a dit que s’il revient il va aller en prison, il a fui», a martelé le maire de Dagana devant une foule acquise à sa cause. Puis, pour montrer que Karim Wade ne lui arrive pas à la cheville en termes de courage, il raconte comment il avait défié le gouvernement, qui lui avait interdit de sortir du pays à l’époque. «Quand le gouvernement m’a interdit de sortir du territoire, je suis venu ici (Walo), j’ai pris nos pirogues-là, pour traverser le fleuve. Ensuite j’ai pris un taxi-brousse pour aller à Nouakchott. De Nouakchott, j’ai pris un avion pour atterrir à Dakar», narre-t-il. Et à l’époque, cet acte de défiance vis-à-vis du régime avait fait grand bruit. Poursuivant, il convoque l’histoire de son terroir et sa tradition guerrière : «Le Walo est la terre du refus. Quelqu’un qui est né ici ne peut pas être un poltron».
«Personne ne va se foutre de nous ou faire de nous ses esclaves»
Décidé à se battre jusqu’au bout, il avertit. «Demain est un autre jour, nous allons continuer ce combat. Nous n’allons pas l’abandonner. Et personne ne peut nous faire peur», soutient avec force le chef de file des «frondeurs» du Pds. Pour lui, leur combat est d’autant plus légitime qu’ils ne peuvent pas abandonner d’un coup le parti auquel ils ont tout donné pour les beaux yeux de Karim Wade. «Nous voulons la paix, mais que personne ne se fout de nous. On ne peut pas passer des années et des années à travailler et, un beau jour, on nous dit : ‘’poussez, on va tout donner à un poltron, qui ne sait même pas, ni où il est, ni où il va’’. Nous ne l’accepterons pas. Personne ne va se foutre de nous ou faire de nous ses esclaves…», proteste-t-il. Très en verve, Oumar Sarr d’ajouter qu’ils sont prêts à faire tous les sacrifices et efforts que nécessite leur combat. En ce sens, ils comptent faire le tour des départements et communes du pays «pour montrer que le Pds authentique est debout pour aller à la conquête du pays».
«Karim Wade est peut-être membre du Parti démocratique sénégalais, mais je n'ai jamais vu sa carte»
Ne ménageant pas le fils de Me Wade, Oumar Sarr n’est même pas sûr de sa qualité de membre du Pds, car n’ayant jamais vu de preuve en ce sens. «Karim Wade est peut-être membre du Parti démocratique sénégalais, mais je n'ai jamais vu sa carte (…). Karim Wade n'est pas membre du Bureau politique depuis 1996…», explique-t-il. Dès lors, il ne voit pas comment il aurait «une prise sur le Pds lui permettant d'organiser un secrétariat national, de renvoyer qui il veut et d'organiser à sa guise le fonctionnement du parti». Pour lui, «c'est impensable et inacceptable !» Car, ajoute Oumar Sarr, «Karim Wade n'est pas le Pds, bien que Me Abdoulaye Wade soit le secrétaire national du parti».
Mbaye THIANDOUM