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GRACE OU AMNISTIE DE KHALIFA SALL: La prochaine fête de Tabaski, une opportunité pour le Président Sall



GRACE OU AMNISTIE DE KHALIFA SALL: La prochaine fête de Tabaski, une opportunité pour le Président Sall
 
Le décès de Ousmane Tanor Dieng, ainsi que le dialogue politique en cours, en plus de sa réélection, constituent des raisons suffisantes pour le Président Sall d’enclencher le processus de pardon. La grâce à accorder à Khalifa Sall occupe les esprits, à la veille de la fête de Tabaski.
 
Le marathon judiciaire du dossier de la caisse d’avance de la mairie de Dakar, qui a duré quelque trois ans, a bien fini par donner un verdict définitif, défavorable à l’ex maire de la capitale Khalifa Sall toujours en prison. Dépouillé progressivement de tous ses atours de député et d’édile de la capitale, après une exclusion de fait du Parti socialiste, le leader politique, jusque-là considéré, avec le libéral Karim Wade, comme l’un des seuls qui auraient pu jeter de l’ombre sur la volonté de l’actuel chef de l’Etat, Macky Sall, d’obtenir un second mandat, est désormais à la croisée des chemins. Aujourd’hui, tous les regards sont tournés vers le président de la République, dont les prérogatives incluent celle de gracier. Et comme la tradition veut qu’il en use en des circonstances bien précises, comme la fête de la Tabaski célébrée dans la première décade de ce mois d’août, les observateurs avertis estiment que l’instant est propice. D’autant que, en plus du dialogue national mis en œuvre par le chef de l’Etat afin d’apaiser le climat politique et social, le décès du secrétaire général du Parti socialiste, Ousmane Tanor Dieng, longtemps indexé comme instigateur des déboires de l’ancien maire de Dakar, est venu renforcer la nécessité d’un pardon. C’est dans cette optique que le ministre Serigne Mbaye Thiam, témoignant suite à la disparition du leader de son parti, renseigne que de son vivant, Ousmane Tanor Dieng avait demandé au Président Sall de gracier Khalifa Sall. Ce dernier n’a lui-même pas manqué, quand la question lui fut posée, de dire que rien ne s’opposait à ce qu’il gracie le prisonnier le plus célèbre du Sénégal, lorsque toutes les voies de recours seront épuisées.
Maintenant que la procédure en question est à son terme, puisque les avocats de l’ex édile de la capitale ont bien dit qu’ils n’introduiraient pas de rabat contre l’arrêt portant sur le décret de révocation, la balle est dans le camp du président de la République. Ce, même si l’intéressé n’a jamais été demandeur d’une quelconque faveur, parce que considérant avoir été injustement jeté en prison. En tout cas, si le chef de l’Etat venait à gracier Khalifa Sall, comme l’espère l’opinion, en cette prochaine fête de Tabaski, il contribuerait grandement à décrisper le climat politique, au-delà des espérances suscitées par le dialogue politique en cours.
Néanmoins, cette grâce dont bénéficierait Khalifa Sall et qui a déjà été accordée à Karim Wade, bien que ce dernier soit toujours en exil au Qatar, n’est toutefois pas de nature à restituer à ces leaders politiques tous leurs droits, notamment civiques et politiques. A ce dessein, une autre étape devra être franchie, si le Président Macky Sall veut bien aller au bout de sa logique de pardon. En effet, seule une loi d’amnistie est en mesure d’effacer les déchéances nées de condamnations antérieures. Elle peut être à l’initiative du président de la République qui la soumet au vote de l’Assemblée nationale. Et comme le Président Macky Sall dispose d’une majorité confortable au Parlement, son projet de loi d’amnistie, comme de coutume, passera comme lettre à la poste.
Il faut seulement dire que de la grâce à l’amnistie, il peut y avoir la mer à boire. Car c’est une réelle volonté politique qui permet de passer le Rubicon. La question reste donc de savoir quel intérêt le Président Sall a-t-il de rendre à Karim Wade et à Khalifa Wade leurs droits de briguer les suffrages des Sénégalais ? D’aucuns trouveront qu’un désir de se rabibocher avec le pape du Sopi et son parti, afin de trouver des plages de convergence en direction des prochaines échéances, justifierait une amnistie accordée à Karim Wade. Quant à Khalifa Sall, lui accorder l’amnistie, dans ces moments où le Parti socialiste cherche à se remettre dans le sens de la marche de l’histoire, c’est certainement contribuer aux retrouvailles auxquelles feu Ousmane Tanor Dieng conviait ses camarades, quelque temps avant l’aggravation de sa maladie. Le Président Macky Sall lui doit bien cela, de contribuer à la préservation de ce patrimoine historique qu’est le Parti socialiste, des flancs duquel ont émergé la plupart des formations politiques du pays.
Néanmoins, certains analystes, approfondissant la réflexion, sont allés jusqu’à dire qu’une amnistie de la part du Président Macky Sall, dans ce contexte de dénonciation du scandale dans le pétrole et le gaz, servirait également à effacer les actes délictuels supposés ou avérés commis par son entourage, notamment son frère Aliou Sall, relativement aux contrats signés avec Petro-Tim.
Quoi qu’il en soit, le Sénégal a aujourd’hui besoin d’un apaisement véritable de son champ politique, loin des calculs politiciens de bas étage dont nous ont habitués la classe dirigeante.
 
Mansour KANE


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