La première nuit de couvre-feu a été un succès quasi-total. Les Sénégalais sont restés chez eux dès 20h, laissant le spectacle de rues déserts un peu partout à travers la capitale. Toutefois, pour des raisons diverses, certains se sont retrouvés dans la rue, notamment en voiture, au-delà de 20h. Et ils l’ont payé cher, car ils ont passé de sales moments entre les mains des forces de sécurité. Un véritable scandale.
Le couvre-feu a connu sa première soirée d’application hier. Et il a été bien respecté par les Sénégalais. A 19h30 déjà, les commerces dont les grandes surfaces avaient quasiment tous baissé rideau. Idem pour les pharmacies et autres. Dans les rues, un petit tour a permis de constater qu’elles sont désertes d’où la preuve que le couvre-feu a été bien suivi. A perte de vue, on ne voit aucun véhicule circuler à partir d’une certaine heure. Ce qui n’est guère surprenant, car en plus de la peur du coronavirus qui a obligé les gens à s’auto-confiner, les mises en garde du ministre de l’Intérieur en conférence de presse et le déploiement très tôt le soir des forces de sécurité avaient fini de décourager les plus têtus. Néanmoins, il y a eu quelques retardataires, surtout avec les problèmes de transport, et des récalcitrants qui ne sont pas rentrés chez eux à temps. Et mal leur en a pris. Beaucoup d’entre eux qui n’ont pas réussi à s’échapper à temps ont eu droit à des corrections en règle de la part des forces de l’ordre, qui n’y sont pas allées du dos de la cuillère.
La police bastonne des contrevenants
Très vite les vidéos de ces bastonnades policières ont fait le tour de la toile. Et pendant que certains s’en félicitaient, dénonçant l’attitude des victimes qui ont violé le couvre-feu, pour d’autres, ces scènes de correction ne faisaient vraiment pas rire. Et elles n’honorent pas nos forces de sécurité, réputées pour leur professionnalisme. Rien n’explique cette violence gratuite sur ces citoyens, même fautifs. La loi prévoit des sanctions contre tout contrevenant au couvre-feu. Et il n’est nullement fait état de bastonnade parmi ces sanctions.
Mbaye THIANDOUM
Seydi Gassama se fâche et dit ses vérités
Grand défenseur des droits de l’homme, Seydi Gassama n’a pas attendu longtemps pour déplorer cette attitude de certains policiers. Dans un tweet ravageur, il écrit : «les forces de sécurité, police et gendarmerie, ne doivent pas recourir aux pratiques illégales (torture, mauvais traitement, usage disproportionné de la force) dans la mise en œuvre des mesures d’Etat d’urgence». Et dans son tweet, il identifie Aly Ngouille Ndiaye, le ministre de l’Intérieur et Macky Sall lui-même, président de la République.
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