Sédhiou et Ziguinchor disent non aux Chinois et demandent à l’Etat de prendre ses responsabilités pour rétablir Ecotra dans ses droits ; sans quoi, ce sont eux, les jeunes, qui vont contraindre les Chinois à partir. Ils s’investiront, ont indiqué certains, pour le rétablissement d’Ecotra dans ses droits.
La réhabilitation de la route nationale numéro 4 (Sénoba-Mpack) en passant par Ziguinchor, Bignona, Bounkiling, commence à faire grincer les dents en Casamance. En effet, ce projet connait d’énormes problèmes, puisque comprenant également l'aménagement et le bitumage de 52 km de la boucle des Kalounayes avec 27 km de piste Tobor-Ouonk, 15 km Ouonk-Diéba et 10 km pour Diéba-RN4, mais aussi la réhabilitation de 95 km de pistes connexes : Tenghory-Kounabano (26 km), Silinkine-Sindian (22 km), Boukiling-Inor (7 km), Bounghari-Bona (7 km), Tobor-Niamone-Colomba (26 km) et Kandialon-CFN4 (10 km). Sans parler de la construction et la réhabilitation d’infrastructures d’assainissement, ainsi que la réalisation d’aménagements connexes.
Le coût estimatif du projet est de 145,54 millions d'euros
Il sera financé conjointement par la Banque africaine de développement : 24,14 Mo euros du Fad et 39,40 Mo euros de la Bad : l’UE 25 Mo euros, la Bei 20 Mo euros et le gouvernement 3,99 Mo euros et parallèlement par la Bid 33 Mo euros. Dans les termes du contrat, la création d’emplois pour les jeunes pendant les travaux pour les besoins des chantiers est bien notifiée. La main-d'œuvre temporaire sera embauchée dans les localités traversées. Il est prévu la création d’environ entre 1500 et 2000 emplois pendant les travaux. Pendant l’exploitation, 400 et 500 emplois sont prévus. Un accent particulier sera mis sur la création d’emplois pour les jeunes par la mise en place de chantiers-écoles pendant les travaux. Par ailleurs, les projets connexes auront pour effet de favoriser l’appui aux structures de formation pour les jeunes.
Ziguinchor crie sa rage
Les jeunes de la Casamance, de façon conjointe, ont animé des conférences de presse pour dénoncer les dérivent de la Bad et de l’Armp qui veulent tordre la main à l’entreprise sénégalaise Ecotra qui a gagné le marché sur appel d’offres, récupérer le marché pour donner la construction à la société CRSG. «La RN4 constitue un danger permanent avec des dos de chameau. L’Etat a décidé de la réhabiliter. Une aubaine pour la population de la Casamance. Malheureusement, nous sommes désagréablement surpris. La première surprise, après avoir lancé l’appel d’offres pour les deux marchés, sur 18 entreprises, toutes les 17 sont des entreprises internationales. Il n’y avait qu’Ecotra comme locale et elle a gagné le marché. Ageroute a écrit pour notifier à la Banque africaine de développement et l’informer. Malheureusement, la Bad a eu à faire des requêtes avec des allégations fallacieuses portées par des arguments aussi légers qu’une couche de bambin. C’est des allégations qui ne pèsent même pas un gramme. Ecotra a saisi la justice sénégalaise qui a tranché en sa faveur car toutes les requêtes émises, c’est du faux et cette entreprise est capable de gagner le marché, est capable d’exécuter le marché», soutient Madia Diop Sané, coordonnateur de Vision Citoyenne.
«Rien n’est bon dans le travail des Chinois. Ils ne nous respectent pas»
Il poursuit : «malheureux que nous sommes, les Chinois sont là. Ils ont pris le marché. Ce qui est paradoxal et ce qui semble être à la limite une injure pour nous Sénégalais, nous avons contracté une dette auprès de la Bad que nous allons payer. Ce n’est pas à la banque de nous dire qui doit gagner le marché. A plus forte raison, qu’une entreprise sénégalaise gagne le marché et que la Bad veuille l’attribuer aux Chinois. Le travail des Chinois est là : allez à Kafountine, Abéné, le stade Aline Sitoé Diatta où les toits se sont envolés pour aller en Chine. Rien n’est bon dans le travail des Chinois en Afrique. Ils ne nous respectent pas. Ils détruisent l’économie africaine. C’est l’entreprise sénégalaise qui a gagné le marché à hauteur de 12 milliards et on voudrait l’attribuer aux Chinois qui a proposé près de 17 milliards», dénonce l’activiste. «Qu’est-ce que les Chinois ont proposé ? S’il y a eu des dessous de table, il faut nous le dire. La jeunesse casamançaise est engagée et de par nos réseaux, nous avons parlé à nos amis des autres régions parce que nous avons un concept nous activistes pour dire que ‘’domu reew mooy tabax reewam’’. Il ne faut pas qu’on continue à tuer nos entreprises. Nous allons nous battre pour que les Chinois ne puissent pas faire ce travail, parce qu’ils ne nous amènent que de la pacotille. Nous lançons un appel solennel au président de la République : vous devez être le premier à soutenir les entreprises sénégalaises. Nous réclamons immédiatement leur départ de la Casamance et sans conditions. Sinon, le travail ne sera pas fait, sinon ils emmèneront des forces de l’ordre pour sillonner les routes. Nous avons contacté tous les villages concernés pour empêcher les Chinois de travailler».
Même son de cloche à Oussouye
C’est Koubilisso Diabone qui a parlé au nom des jeunes : «nous demandons que cette entreprise chinoise quitte les lieux. Nous disons non à l’arrachement des mains d’Ecotra de ce chantier. Notre peur, c’est est-ce que les entreprises étrangères installées se soucieront des jeunes d’ici ? Malheureusement non. Ils préfèrent emmener leurs propres compatriotes, gagner leur bénéfice qu’ils ramènent chez eux. C’est ce que nous dénonçons. Nous disons non aux Chinois, comme nos compatriotes de Ziguinchor et Bignona. Nous plaidons pour la promotion et la valorisation des entreprises sénégalaises et nous demandons au chef de l’Etat de s’inscrire dans cette logique».
Les jeunes se sont levés partout en Casamance et plus précisément dans les deux régions concernées par ce projet, Sédhiou et Ziguinchor, pour dire non aux Chinois et demander à l’Etat de prendre ses responsabilités pour rétablir Ecotra dans ses droits. Sans quoi, ils contraindront les Chinois à quitter ce projet. Car tous les jeunes se sont mobilisés et s’investiront pour le rétablissement d’Ecotra.
Les populations voulaient aller arrêter de force les Chinois à Mpack
À Mpack, la rébellion a failli dégénérer. En effet, les populations voulaient aller arrêter de force les Chinois qui étaient sur le site de la boucle de Kalounay en scandant : “allons brûler leurs machines”. Il a fallu l’intervention du commissaire de Ziguinchor qui a appelé un des organisateurs pour calmer la situation. Dans tous leurs états, les populations voulaient tout simplement aller brûler les machines de l’entreprise chinoise CRSG. Comme quoi, il faut régler le problème sans quoi ça peut dégénérer d’un moment à l’autre.
Baye Modou SARR
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