Khalifa Sall devra prendre son mal en patience avant de recouvrer la liberté. En effet, si le chef de l’Etat avait servi comme prétexte l’épuisement de la procédure pour gracier Khalifa Sall, il a changé de fusil d’épaule. Cette grâce dépend désormais de sa «volonté» ou de son «désir».
Lors du lancement du dialogue national au palais de la République, le Président Macky Sall, interpellé par Soham El Wardini sur une grâce présidentielle pour Khalifa, avait rétorqué qu’il ne pouvait intervenir à ce stade de la procédure. Lorsque la procédure sera épuisée, avait-il dit, il aura la latitude d’accorder sa grâce ou toute autre mesure que lui confère la Constitution. Depuis cette date (28 mai 2019), beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. En effet, toutes les voies de recours ont été épuisées dans cette affaire relative à la Caisse d’avance de la Ville de Dakar, qui maintient son ancien maire en détention depuis plus de deux ans. Et, la grâce très attendue – notamment lors de la Tabaski - n’est toujours pas intervenue. Le chef de l’Etat s’est-il dédit ? Tout porte à le croire ! Dans un entretien accordé à nos confrères de Rfi, en marge du sommet du G7 à Biarritz auquel il prend part, le Président Macky Sall estime désormais que cette grâce présidentielle ne dépend plus de la fin de cette procédure judiciaire, mais de sa «volonté» ou de son «désir».
Macky Sall : «le jour où j’en aurai la volonté ou le désir, je le ferai»
A la question du journaliste sur la libération de Khalifa Sall, Macky Sall rétorque : «la grâce est un pouvoir constitutionnel du président de la République. Ça ne dépend que de lui, et de lui tout seul, et de son appréciation. Donc je ne peux pas discuter de ce que dit la presse par rapport à la grâce. Le jour où j’en aurai la volonté ou le désir, je le ferai, comme j’ai eu à le faire. Annuellement, plus de cent personnes, voire un millier de personnes en moyenne bénéficient de la grâce. Justement, nous voulons revoir notre système pénal pour réduire le nombre de personnes en prison dans ce cadre-là», a indiqué le chef de l’Etat, qui précise que la décrispation ne saurait être réduite à une dimension de grâce.
«Parler d’un scandale de 10 milliards, c’est une aberration»
Outre la grâce présidentielle, le Président Sall a été aussi interpellé sur la corruption avec l’enquête de la Bbc sur le scandale à 10 milliards qui met au banc des accusés son frère Aliou Sall. «Ce reportage de la Bbc a créé de l’émoi. Et sur cette base, j’ai moi-même saisi la justice pour qu’elle fasse les investigations, que ceux qui ont des évidences de corruption puissent le montrer. Donc la justice va certainement finaliser ce dossier. Mais une chose est claire, c’est que parler de 10 milliards, un scandale de 10 milliards, déjà c’est une aberration. C’est à la justice, à la justice seule d’enquêter s’il y a eu tentative de corruption ou pas», fait remarquer le chef de l’Etat.
Évasion fiscale et fraude fiscale
Le chef de l’Etat est revenu dans cet entretien sur ses attentes au sommet du G7. A cet effet, il espère que ses préoccupations relatives notamment à la lutte contre l’évasion fiscale et la fraude fiscale qui, dit-il, ruinent les pays africains, seront prises en compte. «Si nous voulons une société plus équitable, il faut absolument que les richesses paient des taxes là où elles sont produites. Or nous savons que c’est un combat de longue haleine de l’Afrique pour amener à changer la donne sur notamment aujourd’hui les facilités fiscales qui sont le fait des grandes multinationales», souligne le Président Macky Sall, qui révèle dans la foulée que ces multinationales sont dans les secteurs du pétrole, du gaz, des mines et des télécoms. «Ce sont toutes les multinationales qui ont des stratégies en fait de congé fiscal et qui bénéficient très souvent de législations anciennes. Il faut amener les partenaires, si vraiment les gens veulent lutter contre les inégalités, à faire en sorte que les règles changent», martèle M. Sall. Revenant sur la cause de ces inégalités, le Président Macky Sall a pointé du doigt l’esclavage et la colonisation. «Cette colonisation, même si elle a été arrêtée vers les années 1960, même 1970 pour certains pays, il a subsisté un système pour lequel les Africains sont toujours partis handicapés. D’abord, la détérioration des termes de l’échange, c’est-à-dire que les productions sont des productions brutes, sont des matières premières, qui sont mal cotées. Et la transformation se fait ailleurs, dans des pays développés. Ce qui fait qu’on exporte les emplois en réalité, et nous, nous achetons les produits manufacturés au prix fort. Donc, il ne faut pas s’étonner que l’Afrique envoie des émigrés», fait remarquer le chef de l’Etat, qui estime que ce phénomène doit être analysé de façon objective.
«Les gens font la migration, parce qu’ils veulent sauver leur vie, sauver leur famille»
A la question de savoir si c’est à cause de ces inégalités que les Africains risquent leur vie pour rejoindre l’Europe, le Président Sall a répondu par l’affirmative. «Oui», a-t-il rétorqué. Cependant, il reconnait aussi l’existence d’inégalités à l’intérieur des pays africains. «Dans nos pays, il y a aussi des inégalités entre riches et pauvres, entre citadins et ruraux. Donc, il appartient d’une part aux États africains de prendre en charge ces équilibres et de lutter contre les inégalités qui sont grandes parfois entre les campagnes et les villes», préconise-t-il. Pour apporter une réponse à ces flux migratoires, le chef de l’Etat plaide pour une vision commune, après avoir identifié la cause. «L’une des causes, c’est l’insécurité. Il est clair qu’aujourd’hui dans le Sahel, là où les gens ne sont pas en sécurité, où ils risquent de perdre leur vie, les gens font la migration, parce qu’ils veulent sauver leur vie, sauver leur famille. Il y a également la pauvreté. Cette pauvreté, nous devons être les premiers acteurs de lutte contre elle, et même aller au-delà de cette lutte, mais créer de la richesse et essayer de la répartir le plus équitablement possible», a relevé Macky Sall.
Moussa CISS avec Rfi
Lors du lancement du dialogue national au palais de la République, le Président Macky Sall, interpellé par Soham El Wardini sur une grâce présidentielle pour Khalifa, avait rétorqué qu’il ne pouvait intervenir à ce stade de la procédure. Lorsque la procédure sera épuisée, avait-il dit, il aura la latitude d’accorder sa grâce ou toute autre mesure que lui confère la Constitution. Depuis cette date (28 mai 2019), beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. En effet, toutes les voies de recours ont été épuisées dans cette affaire relative à la Caisse d’avance de la Ville de Dakar, qui maintient son ancien maire en détention depuis plus de deux ans. Et, la grâce très attendue – notamment lors de la Tabaski - n’est toujours pas intervenue. Le chef de l’Etat s’est-il dédit ? Tout porte à le croire ! Dans un entretien accordé à nos confrères de Rfi, en marge du sommet du G7 à Biarritz auquel il prend part, le Président Macky Sall estime désormais que cette grâce présidentielle ne dépend plus de la fin de cette procédure judiciaire, mais de sa «volonté» ou de son «désir».
Macky Sall : «le jour où j’en aurai la volonté ou le désir, je le ferai»
A la question du journaliste sur la libération de Khalifa Sall, Macky Sall rétorque : «la grâce est un pouvoir constitutionnel du président de la République. Ça ne dépend que de lui, et de lui tout seul, et de son appréciation. Donc je ne peux pas discuter de ce que dit la presse par rapport à la grâce. Le jour où j’en aurai la volonté ou le désir, je le ferai, comme j’ai eu à le faire. Annuellement, plus de cent personnes, voire un millier de personnes en moyenne bénéficient de la grâce. Justement, nous voulons revoir notre système pénal pour réduire le nombre de personnes en prison dans ce cadre-là», a indiqué le chef de l’Etat, qui précise que la décrispation ne saurait être réduite à une dimension de grâce.
«Parler d’un scandale de 10 milliards, c’est une aberration»
Outre la grâce présidentielle, le Président Sall a été aussi interpellé sur la corruption avec l’enquête de la Bbc sur le scandale à 10 milliards qui met au banc des accusés son frère Aliou Sall. «Ce reportage de la Bbc a créé de l’émoi. Et sur cette base, j’ai moi-même saisi la justice pour qu’elle fasse les investigations, que ceux qui ont des évidences de corruption puissent le montrer. Donc la justice va certainement finaliser ce dossier. Mais une chose est claire, c’est que parler de 10 milliards, un scandale de 10 milliards, déjà c’est une aberration. C’est à la justice, à la justice seule d’enquêter s’il y a eu tentative de corruption ou pas», fait remarquer le chef de l’Etat.
Évasion fiscale et fraude fiscale
Le chef de l’Etat est revenu dans cet entretien sur ses attentes au sommet du G7. A cet effet, il espère que ses préoccupations relatives notamment à la lutte contre l’évasion fiscale et la fraude fiscale qui, dit-il, ruinent les pays africains, seront prises en compte. «Si nous voulons une société plus équitable, il faut absolument que les richesses paient des taxes là où elles sont produites. Or nous savons que c’est un combat de longue haleine de l’Afrique pour amener à changer la donne sur notamment aujourd’hui les facilités fiscales qui sont le fait des grandes multinationales», souligne le Président Macky Sall, qui révèle dans la foulée que ces multinationales sont dans les secteurs du pétrole, du gaz, des mines et des télécoms. «Ce sont toutes les multinationales qui ont des stratégies en fait de congé fiscal et qui bénéficient très souvent de législations anciennes. Il faut amener les partenaires, si vraiment les gens veulent lutter contre les inégalités, à faire en sorte que les règles changent», martèle M. Sall. Revenant sur la cause de ces inégalités, le Président Macky Sall a pointé du doigt l’esclavage et la colonisation. «Cette colonisation, même si elle a été arrêtée vers les années 1960, même 1970 pour certains pays, il a subsisté un système pour lequel les Africains sont toujours partis handicapés. D’abord, la détérioration des termes de l’échange, c’est-à-dire que les productions sont des productions brutes, sont des matières premières, qui sont mal cotées. Et la transformation se fait ailleurs, dans des pays développés. Ce qui fait qu’on exporte les emplois en réalité, et nous, nous achetons les produits manufacturés au prix fort. Donc, il ne faut pas s’étonner que l’Afrique envoie des émigrés», fait remarquer le chef de l’Etat, qui estime que ce phénomène doit être analysé de façon objective.
«Les gens font la migration, parce qu’ils veulent sauver leur vie, sauver leur famille»
A la question de savoir si c’est à cause de ces inégalités que les Africains risquent leur vie pour rejoindre l’Europe, le Président Sall a répondu par l’affirmative. «Oui», a-t-il rétorqué. Cependant, il reconnait aussi l’existence d’inégalités à l’intérieur des pays africains. «Dans nos pays, il y a aussi des inégalités entre riches et pauvres, entre citadins et ruraux. Donc, il appartient d’une part aux États africains de prendre en charge ces équilibres et de lutter contre les inégalités qui sont grandes parfois entre les campagnes et les villes», préconise-t-il. Pour apporter une réponse à ces flux migratoires, le chef de l’Etat plaide pour une vision commune, après avoir identifié la cause. «L’une des causes, c’est l’insécurité. Il est clair qu’aujourd’hui dans le Sahel, là où les gens ne sont pas en sécurité, où ils risquent de perdre leur vie, les gens font la migration, parce qu’ils veulent sauver leur vie, sauver leur famille. Il y a également la pauvreté. Cette pauvreté, nous devons être les premiers acteurs de lutte contre elle, et même aller au-delà de cette lutte, mais créer de la richesse et essayer de la répartir le plus équitablement possible», a relevé Macky Sall.
Moussa CISS avec Rfi