Au deuxième jour de ce marathon budgétaire pour l'année 2021, les parlementaires ont examiné le projet de budget du ministère de l’Agriculture. 80 orateurs ont pris la parole.
Il est rare de voir députés de la majorité et de l’opposition partager les mêmes avis lors des séances plénières, mais leurs interventions, lors du passage du ministre de l’Agriculture, hier, démontrent qu’ils sont capables de mettre leurs appartenances politiques de côté pour penser au bien des Sénégalais. Les parlementaires pensent que l’agriculture est la meilleure alternative pour une émergence totale du pays, mais et surtout une solution définitive à l’émigration irrégulière.
Amy Ndiaye Gniby : «l’agriculture est la meilleure alternative à offrir aux jeunes qui bravent la mer»
Prenant la parole, Amy Ndiaye Gniby a plaidé pour la cause des agents et techniciens du secteur agricole. «La relance de l’économie ne peut se faire sans l’agriculture et vous ne pourrez pas avoir les résultats escomptés si les agents ne sont pas à l’aise dans leur travail», estime t-elle avant d’exhorter le ministre de l’Agriculture à se pencher sur la question des indemnités de campagne, les indemnités de technicité, ceux de risque et les indemnités de logement des dits agents. «L’agriculture est le moteur de l’émergence de notre pays, la meilleur alternative à offrir aux jeunes qui bravent la mer», dit-elle.
Diop Sy : «le coton est géré par un seul réseau qui fait la pluie et le beau temps. Prenez les choses en main»
Diop Sy, quant à lui, mise sur la formation de jeunes agronomes pour permettre au secteur d’avoir des piliers de modernisation partout sur le territoire national. «Avant, les ingénieurs agronomes étaient une fierté pour le Sénégal. Il nous faut inciter les jeunes à embrasser ce métier pour que chaque localité ait au moins un ingénieur agronome», demande-t-il avant de se tourner vers la filière du coton. Pour Demba Diop Sy, l’Etat doit remédier aux maux qui gangrènent cette filière. «Voilà une filière très fermée. Il est géré par un seul réseau qui fait la pluie et le beau temps. Prenez les choses en main. Même pour avoir un échantillon du coton, c’est un problème», précise Diop Sy, qui plaide surtout pour une diversification des cultures pour tirer profit pleinement de notre secteur agricole.
Juliette Zenga : «notre accord d’exportation d’arachide avec la Chine ne nous profite pas»
Abordant le partenariat d’exportation avec la Chine, Juliette Zenga déclare : «bien qu’il nous rapporté 115 milliards dont 15 encaissés, cet accord ne nous profite pas. Les Chinois n’ont pas subventionné les intrants, ils attendent la fin de la récolte pour venir tirer profit de notre arachide au détriment de la Sonacos, cela doit cesser», s’insurge-t-elle. Pour la jeune députée socialiste, en réglant le problème de l’agriculture, nous réglons par la même occasion le problème de l’émigration clandestine.
Mamadou Lamine Diallo : «il faut rentabiliser le secteur agricole….mais vous êtes en train d’enrichir un groupe de rentiers de l'Apr»
Le leader de Tekki pense comme Juliette Zenga à propos de l’exportation de l’arachide vers la Chine. «Nous devons sortir de cette convention. Elle ne nous est pas profitable. Vous avez dit encaisser 15 milliards sur les 115 dus, vous devez alors savoir que ce n’est pas un bon indicateur de développement», renchérit M. Diallo qui souhaite que nos huileries soient protégées et soutenues. Mamadou Lamine Diallo pense que nous avons malheureusement deux problèmes qui freinent le développement de l’agriculture. «Vous êtes en train d'enrichir un groupe de rentiers parce qu’ils sont de l'Apr, dans l’acquisition d'engrais, alors que cela ne nous apporte rien. Le deuxième problème réside dans la détermination du prix de l’arachide. Il doit être fixé a priori», propose Mamadou Lamine Diallo. Selon ce dernier, «c’est une erreur coloniale de fixer le prix de l’arachide après récolte. Vous devez opérer cette révolution dans l’économie agricole sinon nous allons tourner en rond».
Abdou Mbacké Dolly : «il y a certes le Covid-19 mais il y a surtout de l’incompétence… vous avez mis notre économie à terre»
Toujours égal à lui-même, Serigne Abdou Mbacké Bara Dolly n’y est pas allé par quatre chemins pour traiter le régime de Macky Sall d’incompétent. «L’économie est à terre ; nous reconnaissons que la pandémie a sa part de responsabilité, mais il faut aussi avoir l’honnêteté de dire que la principale cause de nos malheurs réside dans l’incompétence de nos gouvernants», dit-il avant de poursuivre : «vous nous avez assurés l’année dernière que nous aurions une autosuffisance en riz, or nous en sommes très loin. 2 millions de tonnes de riz sont importées chaque année», précise Serigne Abdou Mbacké. Pour lui, Moustapha Cissé Lo a vu juste : «il a raison ; les semences et les engrais sont gérés par un groupuscule qui sélectionne les partisans de Macky Sall et malheur à ceux qui ne partagent pas ses opinions».
Aida Mbodj : «Notre agriculture dépend malheureusement toujours de la pluie, les prix ne sont pas encadrés et les Chinois envahissement le marché»
L’ancien maire de Bambey abonde dans le même sens pour dire que l’agriculture est l’alternative pour lutter contre la pauvreté, relancer l’économie, mais aussi pour mettre fin à l’émigration clandestine. «Il nous faut retourner à la terre. L’agriculture doit être la solution pour l’emploi des jeunes, la création de richesses et l’autosuffisance alimentaire», explique Aida Mbodji. Mais elle trouve regrettable le manque de sécurité sociale que vivent les paysans. «Notre agriculture dépend malheureusement toujours de la pluie, les prix ne sont pas encadrés et s’y ajoute l’envahissement du marché par les Chinois», défend la parlementaire.
Marie Sow Ndiaye : «la situation est catastrophique…»
Marie Sow Ndiaye, quant à elle, appelle à la diversification des cultures. «L’agriculture ne se limite pas à l’arachide simplement. La riziculture est là avec ses innombrables maux au niveau de la vallée où 17 hectares ont été emblavés et 7 000 ont été détruits par les insectes et rats. La situation est plus que catastrophique», renseigne la députée libérale qui pense que l’agriculture sénégalaise souffre d’un problème de prévention et de subventions. «Vous les avez certes dotés de matériels mais ils sont inadaptés à la zone ; à la place des moissonneuse batteuses, il aurait été préférable qu’ils aient des moissonneuses à chenilles à cause de la boue». Néanmoins, elle estime que l’agriculture reste la meilleure réponse à ce phénomène de l’émigration clandestine. «Un problème ne se déplace pas, il se résout», dit- elle.
Serigne Cheikh Mbacké Dolly : «vous avez votre part de responsabilité dans l’émigration clandestine…»
Selon le président du groupe parlementaire Liberté et Démocratie, le secteur est miné à cause de beaucoup de facteurs. Serigne Cheikh Mbacké d’attaquer le régime. «Vous avez votre part de responsabilité dans le phénomène l’émigration clandestine parce que je connais 26 jeunes cultivateurs qui ont péri dans la mer en voulant aller chercher une activité plus rentable que l’agriculture. Libéralisez la vente de l’arachide pour permettre aux agriculteurs de vivre décemment avant qu’ils ne soient tentés d’aller braver la mer», lâche-t-il.
Awa Guèye : «l’idéal serait de bloquer pour un temps les exportations pour permettre la reconstitution du capital semencier»
L’ancienne 2e vice-présidente de l’Assemblée nationale, elle, a salué les réalisations du gouvernement dans le domaine de l’agriculture depuis l’arrivée du Président Sall au pouvoir. Awa Guèye salue les mesures prises pour la libéralisation du commerce de l’arachide et les dotations en matériels agricoles. «Nous apprécions également la taxe de 30 francs le kilogramme sur les exportations, mais l’idéal serait de bloquer pour un temps les exportations pour permettre la reconstitution du capital semencier, mais aussi permettre aux huiliers comme la Sonacos d’avoir de la matière première», défend-elle.
Awa Niang : «Tout député qui demande à avoir des semences ou du matériel agricole doit l’obtenir»
Pour sa part, Awa Niang a taclé Moustapha Lô en demandant au ministre d’attribuer aux députés demandeurs de semences et de matériels agricoles des quotas. «Nous sommes des représentants du peuple, certes, mais chacun de nous a sa vocation. Un député avait soulevé la question, mais moi je la remets sur la table. Tout député qui demande à avoir des semences ou du matériel agricole doit l’obtenir, car nous sommes d’abord des citoyens et nous le méritons amplement», clame-t-elle.
Ndèye Khady DIOUF
Il est rare de voir députés de la majorité et de l’opposition partager les mêmes avis lors des séances plénières, mais leurs interventions, lors du passage du ministre de l’Agriculture, hier, démontrent qu’ils sont capables de mettre leurs appartenances politiques de côté pour penser au bien des Sénégalais. Les parlementaires pensent que l’agriculture est la meilleure alternative pour une émergence totale du pays, mais et surtout une solution définitive à l’émigration irrégulière.
Amy Ndiaye Gniby : «l’agriculture est la meilleure alternative à offrir aux jeunes qui bravent la mer»
Prenant la parole, Amy Ndiaye Gniby a plaidé pour la cause des agents et techniciens du secteur agricole. «La relance de l’économie ne peut se faire sans l’agriculture et vous ne pourrez pas avoir les résultats escomptés si les agents ne sont pas à l’aise dans leur travail», estime t-elle avant d’exhorter le ministre de l’Agriculture à se pencher sur la question des indemnités de campagne, les indemnités de technicité, ceux de risque et les indemnités de logement des dits agents. «L’agriculture est le moteur de l’émergence de notre pays, la meilleur alternative à offrir aux jeunes qui bravent la mer», dit-elle.
Diop Sy : «le coton est géré par un seul réseau qui fait la pluie et le beau temps. Prenez les choses en main»
Diop Sy, quant à lui, mise sur la formation de jeunes agronomes pour permettre au secteur d’avoir des piliers de modernisation partout sur le territoire national. «Avant, les ingénieurs agronomes étaient une fierté pour le Sénégal. Il nous faut inciter les jeunes à embrasser ce métier pour que chaque localité ait au moins un ingénieur agronome», demande-t-il avant de se tourner vers la filière du coton. Pour Demba Diop Sy, l’Etat doit remédier aux maux qui gangrènent cette filière. «Voilà une filière très fermée. Il est géré par un seul réseau qui fait la pluie et le beau temps. Prenez les choses en main. Même pour avoir un échantillon du coton, c’est un problème», précise Diop Sy, qui plaide surtout pour une diversification des cultures pour tirer profit pleinement de notre secteur agricole.
Juliette Zenga : «notre accord d’exportation d’arachide avec la Chine ne nous profite pas»
Abordant le partenariat d’exportation avec la Chine, Juliette Zenga déclare : «bien qu’il nous rapporté 115 milliards dont 15 encaissés, cet accord ne nous profite pas. Les Chinois n’ont pas subventionné les intrants, ils attendent la fin de la récolte pour venir tirer profit de notre arachide au détriment de la Sonacos, cela doit cesser», s’insurge-t-elle. Pour la jeune députée socialiste, en réglant le problème de l’agriculture, nous réglons par la même occasion le problème de l’émigration clandestine.
Mamadou Lamine Diallo : «il faut rentabiliser le secteur agricole….mais vous êtes en train d’enrichir un groupe de rentiers de l'Apr»
Le leader de Tekki pense comme Juliette Zenga à propos de l’exportation de l’arachide vers la Chine. «Nous devons sortir de cette convention. Elle ne nous est pas profitable. Vous avez dit encaisser 15 milliards sur les 115 dus, vous devez alors savoir que ce n’est pas un bon indicateur de développement», renchérit M. Diallo qui souhaite que nos huileries soient protégées et soutenues. Mamadou Lamine Diallo pense que nous avons malheureusement deux problèmes qui freinent le développement de l’agriculture. «Vous êtes en train d'enrichir un groupe de rentiers parce qu’ils sont de l'Apr, dans l’acquisition d'engrais, alors que cela ne nous apporte rien. Le deuxième problème réside dans la détermination du prix de l’arachide. Il doit être fixé a priori», propose Mamadou Lamine Diallo. Selon ce dernier, «c’est une erreur coloniale de fixer le prix de l’arachide après récolte. Vous devez opérer cette révolution dans l’économie agricole sinon nous allons tourner en rond».
Abdou Mbacké Dolly : «il y a certes le Covid-19 mais il y a surtout de l’incompétence… vous avez mis notre économie à terre»
Toujours égal à lui-même, Serigne Abdou Mbacké Bara Dolly n’y est pas allé par quatre chemins pour traiter le régime de Macky Sall d’incompétent. «L’économie est à terre ; nous reconnaissons que la pandémie a sa part de responsabilité, mais il faut aussi avoir l’honnêteté de dire que la principale cause de nos malheurs réside dans l’incompétence de nos gouvernants», dit-il avant de poursuivre : «vous nous avez assurés l’année dernière que nous aurions une autosuffisance en riz, or nous en sommes très loin. 2 millions de tonnes de riz sont importées chaque année», précise Serigne Abdou Mbacké. Pour lui, Moustapha Cissé Lo a vu juste : «il a raison ; les semences et les engrais sont gérés par un groupuscule qui sélectionne les partisans de Macky Sall et malheur à ceux qui ne partagent pas ses opinions».
Aida Mbodj : «Notre agriculture dépend malheureusement toujours de la pluie, les prix ne sont pas encadrés et les Chinois envahissement le marché»
L’ancien maire de Bambey abonde dans le même sens pour dire que l’agriculture est l’alternative pour lutter contre la pauvreté, relancer l’économie, mais aussi pour mettre fin à l’émigration clandestine. «Il nous faut retourner à la terre. L’agriculture doit être la solution pour l’emploi des jeunes, la création de richesses et l’autosuffisance alimentaire», explique Aida Mbodji. Mais elle trouve regrettable le manque de sécurité sociale que vivent les paysans. «Notre agriculture dépend malheureusement toujours de la pluie, les prix ne sont pas encadrés et s’y ajoute l’envahissement du marché par les Chinois», défend la parlementaire.
Marie Sow Ndiaye : «la situation est catastrophique…»
Marie Sow Ndiaye, quant à elle, appelle à la diversification des cultures. «L’agriculture ne se limite pas à l’arachide simplement. La riziculture est là avec ses innombrables maux au niveau de la vallée où 17 hectares ont été emblavés et 7 000 ont été détruits par les insectes et rats. La situation est plus que catastrophique», renseigne la députée libérale qui pense que l’agriculture sénégalaise souffre d’un problème de prévention et de subventions. «Vous les avez certes dotés de matériels mais ils sont inadaptés à la zone ; à la place des moissonneuse batteuses, il aurait été préférable qu’ils aient des moissonneuses à chenilles à cause de la boue». Néanmoins, elle estime que l’agriculture reste la meilleure réponse à ce phénomène de l’émigration clandestine. «Un problème ne se déplace pas, il se résout», dit- elle.
Serigne Cheikh Mbacké Dolly : «vous avez votre part de responsabilité dans l’émigration clandestine…»
Selon le président du groupe parlementaire Liberté et Démocratie, le secteur est miné à cause de beaucoup de facteurs. Serigne Cheikh Mbacké d’attaquer le régime. «Vous avez votre part de responsabilité dans le phénomène l’émigration clandestine parce que je connais 26 jeunes cultivateurs qui ont péri dans la mer en voulant aller chercher une activité plus rentable que l’agriculture. Libéralisez la vente de l’arachide pour permettre aux agriculteurs de vivre décemment avant qu’ils ne soient tentés d’aller braver la mer», lâche-t-il.
Awa Guèye : «l’idéal serait de bloquer pour un temps les exportations pour permettre la reconstitution du capital semencier»
L’ancienne 2e vice-présidente de l’Assemblée nationale, elle, a salué les réalisations du gouvernement dans le domaine de l’agriculture depuis l’arrivée du Président Sall au pouvoir. Awa Guèye salue les mesures prises pour la libéralisation du commerce de l’arachide et les dotations en matériels agricoles. «Nous apprécions également la taxe de 30 francs le kilogramme sur les exportations, mais l’idéal serait de bloquer pour un temps les exportations pour permettre la reconstitution du capital semencier, mais aussi permettre aux huiliers comme la Sonacos d’avoir de la matière première», défend-elle.
Awa Niang : «Tout député qui demande à avoir des semences ou du matériel agricole doit l’obtenir»
Pour sa part, Awa Niang a taclé Moustapha Lô en demandant au ministre d’attribuer aux députés demandeurs de semences et de matériels agricoles des quotas. «Nous sommes des représentants du peuple, certes, mais chacun de nous a sa vocation. Un député avait soulevé la question, mais moi je la remets sur la table. Tout député qui demande à avoir des semences ou du matériel agricole doit l’obtenir, car nous sommes d’abord des citoyens et nous le méritons amplement», clame-t-elle.
Ndèye Khady DIOUF