Acteur majeur dans le cadre des travaux de la Commission cellulaire du dialogue que dirige le général Mamadou Niang, Déthié Faye ne met pas de gants quand il s’agit de défendre «son» équipe. Il révèle d’ailleurs, pour le regretter, que sa correspondance en date du 8 juin 2020 et le décret du chef de l’Etat sont toujours restés sans suite. Sept des huit commissions n’ont jusque-là pas fini le travail. Il s’est aussi prononcé sur les sujets brûlants de l’actualité de ces derniers jours avec le rapprochement d’une partie de l’opposition avec le chef de l’Etat. Ceux qui taxent les non-alignés d’inféodés au régime, il trouve que s’époumoner à leur répondre leur rendra une grandeur qu’ils n’ont pas. «Le temps de la caporalisation, du terrorisme verbal, du diktat et des luttes crypto-personnelles est révolu», lâche-t-il.
Les Echos : Le président de la République a mis en place un nouveau gouvernement. Certains parlent de complot sur le dos du peuple. C'est quoi votre point de vue?
Déthié Faye : Ça a été le remaniement de toutes les surprises. Que ce soit pour les sortants, les maintenus, les nouveaux, que les changements au niveau du Conseil économique, social et environnemental. Le plus important, c’est que j’invite le gouvernement à se mettre rapidement au travail, en accordant la priorité aux priorités. C’est cela qui est attendu par les populations, surtout au moment où beaucoup de jeunes sont obligés, pour garder espoir, de braver la mer pour rallier l’Europe. Certains sont libres de considérer qu’il s’agit de complot. Pour ma part, je respecte la souveraineté des partis politiques et pour cette raison, je m’abstiendrais de porter des accusations contre un leader qui a choisi, en fonction de la ligne de son parti, de prendre une décision.
Avec tout ce qui se passe, c'est quoi l’avenir du dialogue politique?
Je ne saurais le dire ! Ce que je peux simplement rappeler, c’est que depuis le 8 juin 2020, suite à l’allégement des restrictions liées au couvre-feu et à l’état d’urgence, j’avais saisi au nom du pôle des non-alignés le président du Comité de pilotage du dialogue national, pour l’inviter à convoquer le bureau ou la conférence des présidents afin que nous puissions examiner les modalités de reprise des travaux des commissions. A ce jour, je n’ai pas reçu de réponse. Il faut aussi rappeler que le 12 août, le président de la République avait saisi le même président du Comité de pilotage pour inviter la commission politique à déposer ses travaux avant le 31 août. Ce qui a été fait ! Mais aussi en même temps, il prenait un décret prorogeant de trois mois les travaux des commissions, hormis la commission politique. Donc, on s’attendait à ce que le travail se poursuive. Mais à ce jour, aucune des sept commissions n’a été convoquée pour poursuivre le travail. Maintenant, quelles en sont les raisons ? A ce stade, il n’y a que le président du Comité de pilotage ou le président de la République qui peuvent édifier le peuple sénégalais sur ce blocage regrettable. On ne comprend pas pourquoi, à ce jour, ces blocages sont maintenus.
L'actualité, c'est aussi la perte de plusieurs de nos compatriotes en mer avec le phénomène des pirogues. Qu'avez-vous à dire aux tenants du pouvoir ?
Le phénomène de l’émigration clandestine est et doit être une préoccupation majeure de l’ensemble du peuple sénégalais, mais particulièrement du gouvernement et du président de la République. Aujourd’hui, les jeunes perdent de plus en plus d’espoir à pouvoir trouver les moyens d’existence, de survie et de soutien à leurs familles. Pour cette raison, l’Europe semble être pour beaucoup d’entre eux le seul moyen pour trouver raison à son existence. Quand un pays en arrive à ce niveau, le gouvernement devrait accorder la priorité aux priorités. Cette question de migration clandestine est une question prioritaire pour la survie de notre jeunesse. Il faut écouter les jeunes. Comprendre et cerner les problèmes particulièrement difficiles auxquels ils sont confrontés pour pouvoir ensemble, de façon inclusive, envisager des pistes de solutions. Si on veut se limiter simplement à intercepter les pirogues, condamner ceux qui sont chargés de convoyer, on ne fera que perdre du temps, mais cela ne constitue pas une solution. Il faut que la question soit examinée de fond en comble et en profondeur pour des solutions durables.
Beaucoup d’opposants dont Malick Gackou sont annoncés du côté du pouvoir. Pensez-vous que c'est une bonne leçon pour les jeunes ?
Vous comprendrez que je ne puisse pas me prononcer sur des rumeurs. Chaque leader est libre de faire ce qu’il veut. Je n’ai pas à juger. On peut servir son pays quel que soit le camp où on se trouve. On peut desservir aussi son pays quel que soit le camp où l’on se trouve. Ce qui est important, c’est d’avoir une ligne qui fasse qu’en tout lieu et toute circonstance, vous ne défendiez que les intérêts du peuple sénégalais. C’est cela qui est difficile, mais c’est cela qui est la ligne. Mais en général, ce à quoi nous assistons, ce sont souvent des positions de combats crypto-personnels qui, le plus souvent, n’ont rien à voir avec les intérêts du peuple sénégalais. Mais, en tout état de cause, ce sont des rumeurs qui peut-être existent, mais je ne saurais me baser sur des rumeurs pour faire des jugements ou des appréciations sur des responsables de partis politiques.
Selon nos informations, Famara Ibrahima Sagna a même quitté son bureau. C'est quoi la vérité dans tout ça ?
Bon, je ne peux pas le confirmer parce que depuis la dernière réunion de la conférence des présidents, je ne suis pas retourné au niveau du siège du Comité de pilotage pour savoir s’il y a toujours une équipe qui est là-bas. A vrai dire, je ne sais vraiment pas ce qui se passe au niveau du quartier général du Comité de pilotage.
A ce jour, combien de commissions ont déposé leurs travaux ?
A ma connaissance, une seule: la commission politique.
Et qu’attendez-vous du président de la République ?
Ce que nous attendons du président de la République, c’est que tous les consensus obtenus soient mis en œuvre, par l’adoption de lois et règlements qui donnent corps à ces consensus. Pour l’Assemblée nationale, il est attendu d’elle qu’elle accompagne le président de la République et les acteurs politiques en votant les projets de lois sur les consensus obtenus, car ces accords permettront à notre pays d’adopter des règles consensuelles pour la consolidation de notre démocratie.
Certains disent qu’il est impossible de tenir les élections à la date du 28 mars 2021. Partagez-vous leur avis ?
En tout cas, la Commission politique a fait tout ce qu’elle devait faire en adoptant depuis le 6 février 2020 les termes de référence de l’audit du fichier et de l’évaluation du processus électoral. Si des lenteurs liées aux discussions avec les partenaires techniques et financiers devaient conduire à l’impossibilité de tenir les élections locales avant le 28 mars 2021, la responsabilité sera imputée aux autorités en charge de la question.
Et que répondez-vous à ceux qui vous accusent d’être inféodés au pouvoir ?
La lutte politique va avec des attaques et des contre-attaques, mais nous évitons autant que possible de tomber dans des débats de caniveau. Les affirmations gratuites n’ont jamais fait l’honneur de leurs auteurs. S’époumoner à leur répondre leur rendra une grandeur qu’ils n’ont pas. Ceux qui s’attendent à ce que les positions du pôle des non-alignés épousent celles d’une autre entité se trompent d’interlocuteur. Le temps de la caporalisation, du terrorisme verbal, du diktat et des luttes crypto-personnelles est révolu. Nous déterminons nos positions en fonction des intérêts exclusifs du peuple sénégalais.
Madou MBODJ
Les Echos : Le président de la République a mis en place un nouveau gouvernement. Certains parlent de complot sur le dos du peuple. C'est quoi votre point de vue?
Déthié Faye : Ça a été le remaniement de toutes les surprises. Que ce soit pour les sortants, les maintenus, les nouveaux, que les changements au niveau du Conseil économique, social et environnemental. Le plus important, c’est que j’invite le gouvernement à se mettre rapidement au travail, en accordant la priorité aux priorités. C’est cela qui est attendu par les populations, surtout au moment où beaucoup de jeunes sont obligés, pour garder espoir, de braver la mer pour rallier l’Europe. Certains sont libres de considérer qu’il s’agit de complot. Pour ma part, je respecte la souveraineté des partis politiques et pour cette raison, je m’abstiendrais de porter des accusations contre un leader qui a choisi, en fonction de la ligne de son parti, de prendre une décision.
Avec tout ce qui se passe, c'est quoi l’avenir du dialogue politique?
Je ne saurais le dire ! Ce que je peux simplement rappeler, c’est que depuis le 8 juin 2020, suite à l’allégement des restrictions liées au couvre-feu et à l’état d’urgence, j’avais saisi au nom du pôle des non-alignés le président du Comité de pilotage du dialogue national, pour l’inviter à convoquer le bureau ou la conférence des présidents afin que nous puissions examiner les modalités de reprise des travaux des commissions. A ce jour, je n’ai pas reçu de réponse. Il faut aussi rappeler que le 12 août, le président de la République avait saisi le même président du Comité de pilotage pour inviter la commission politique à déposer ses travaux avant le 31 août. Ce qui a été fait ! Mais aussi en même temps, il prenait un décret prorogeant de trois mois les travaux des commissions, hormis la commission politique. Donc, on s’attendait à ce que le travail se poursuive. Mais à ce jour, aucune des sept commissions n’a été convoquée pour poursuivre le travail. Maintenant, quelles en sont les raisons ? A ce stade, il n’y a que le président du Comité de pilotage ou le président de la République qui peuvent édifier le peuple sénégalais sur ce blocage regrettable. On ne comprend pas pourquoi, à ce jour, ces blocages sont maintenus.
L'actualité, c'est aussi la perte de plusieurs de nos compatriotes en mer avec le phénomène des pirogues. Qu'avez-vous à dire aux tenants du pouvoir ?
Le phénomène de l’émigration clandestine est et doit être une préoccupation majeure de l’ensemble du peuple sénégalais, mais particulièrement du gouvernement et du président de la République. Aujourd’hui, les jeunes perdent de plus en plus d’espoir à pouvoir trouver les moyens d’existence, de survie et de soutien à leurs familles. Pour cette raison, l’Europe semble être pour beaucoup d’entre eux le seul moyen pour trouver raison à son existence. Quand un pays en arrive à ce niveau, le gouvernement devrait accorder la priorité aux priorités. Cette question de migration clandestine est une question prioritaire pour la survie de notre jeunesse. Il faut écouter les jeunes. Comprendre et cerner les problèmes particulièrement difficiles auxquels ils sont confrontés pour pouvoir ensemble, de façon inclusive, envisager des pistes de solutions. Si on veut se limiter simplement à intercepter les pirogues, condamner ceux qui sont chargés de convoyer, on ne fera que perdre du temps, mais cela ne constitue pas une solution. Il faut que la question soit examinée de fond en comble et en profondeur pour des solutions durables.
Beaucoup d’opposants dont Malick Gackou sont annoncés du côté du pouvoir. Pensez-vous que c'est une bonne leçon pour les jeunes ?
Vous comprendrez que je ne puisse pas me prononcer sur des rumeurs. Chaque leader est libre de faire ce qu’il veut. Je n’ai pas à juger. On peut servir son pays quel que soit le camp où on se trouve. On peut desservir aussi son pays quel que soit le camp où l’on se trouve. Ce qui est important, c’est d’avoir une ligne qui fasse qu’en tout lieu et toute circonstance, vous ne défendiez que les intérêts du peuple sénégalais. C’est cela qui est difficile, mais c’est cela qui est la ligne. Mais en général, ce à quoi nous assistons, ce sont souvent des positions de combats crypto-personnels qui, le plus souvent, n’ont rien à voir avec les intérêts du peuple sénégalais. Mais, en tout état de cause, ce sont des rumeurs qui peut-être existent, mais je ne saurais me baser sur des rumeurs pour faire des jugements ou des appréciations sur des responsables de partis politiques.
Selon nos informations, Famara Ibrahima Sagna a même quitté son bureau. C'est quoi la vérité dans tout ça ?
Bon, je ne peux pas le confirmer parce que depuis la dernière réunion de la conférence des présidents, je ne suis pas retourné au niveau du siège du Comité de pilotage pour savoir s’il y a toujours une équipe qui est là-bas. A vrai dire, je ne sais vraiment pas ce qui se passe au niveau du quartier général du Comité de pilotage.
A ce jour, combien de commissions ont déposé leurs travaux ?
A ma connaissance, une seule: la commission politique.
Et qu’attendez-vous du président de la République ?
Ce que nous attendons du président de la République, c’est que tous les consensus obtenus soient mis en œuvre, par l’adoption de lois et règlements qui donnent corps à ces consensus. Pour l’Assemblée nationale, il est attendu d’elle qu’elle accompagne le président de la République et les acteurs politiques en votant les projets de lois sur les consensus obtenus, car ces accords permettront à notre pays d’adopter des règles consensuelles pour la consolidation de notre démocratie.
Certains disent qu’il est impossible de tenir les élections à la date du 28 mars 2021. Partagez-vous leur avis ?
En tout cas, la Commission politique a fait tout ce qu’elle devait faire en adoptant depuis le 6 février 2020 les termes de référence de l’audit du fichier et de l’évaluation du processus électoral. Si des lenteurs liées aux discussions avec les partenaires techniques et financiers devaient conduire à l’impossibilité de tenir les élections locales avant le 28 mars 2021, la responsabilité sera imputée aux autorités en charge de la question.
Et que répondez-vous à ceux qui vous accusent d’être inféodés au pouvoir ?
La lutte politique va avec des attaques et des contre-attaques, mais nous évitons autant que possible de tomber dans des débats de caniveau. Les affirmations gratuites n’ont jamais fait l’honneur de leurs auteurs. S’époumoner à leur répondre leur rendra une grandeur qu’ils n’ont pas. Ceux qui s’attendent à ce que les positions du pôle des non-alignés épousent celles d’une autre entité se trompent d’interlocuteur. Le temps de la caporalisation, du terrorisme verbal, du diktat et des luttes crypto-personnelles est révolu. Nous déterminons nos positions en fonction des intérêts exclusifs du peuple sénégalais.
Madou MBODJ