Guy Marius Sagna reprend le combat : l’objet cette fois-ci : la loi d’habilitation que l’Assemblée va voter aujourd’hui. Même s’il est totalement pour la lutter contre le coronavirus, il est contre la «coronisation» de l'Assemblée nationale, de nos libertés et de la démocratie. Pour lui, la menace que constitue le coronavirus n’est pas une raison pour donner toutes les libertés imaginables au président de la République. «Ce projet de loi d'habilitation du président de la République est à rejeter et à amender, en le confinant au seul article 69 de la Constitution et en enlevant de ce projet les pleins pouvoirs qu'il donne au président de la République sans citer l'article 52 de la Constitution».
Selon lui, si le projet de loi passe, «il consacrera l'omnipotence législative du président de la République pendant 3 mois». D’où son invite aux députés à refuser le poisson d'avril qui se prépare sur le dos du citoyen. «Donner 1000 milliards au Président sans contrôle dans un Sénégal marqué par un système ultra-partisan, ultra-politicien, marqué par le détournement régulier des aides, des semences destinées aux populations, des deniers publics...serait une grave erreur politique, économique, sociale, sanitaire». Guy Marius de rappeler que l'article 69 invoqué restreint les libertés, mais ne les suspend pas.
Pour Guy Marius Sagna, le Sénégal n'est pas dans un État d'urgence politique qui nécessitent les pleins pouvoirs à accorder au président de la République. «Le fonctionnement régulier des pouvoirs publics n'est pas menacé. La situation actuelle est celle de l'état d'urgence sanitaire qui exige un État social et non une éclipse démocratique. D'ailleurs, où sont les ministres de l'hygiène publique, de la solidarité nationale qu'on devrait plus sentir que les policiers ? Il ne faut pas confiner l'Assemblée nationale, nos libertés, la démocratie. C'est le coronavirus qu'il faut confiner».
Madou MBODJ