La dernière décision de Macky Sall de supprimer le poste de Premier ministre de l’ordonnancement gouvernemental n’a pas fini de faire des malheureux. Preuve que cette affaire risque de lui retomber dessus, pour ce mois d’août, dit-on, beaucoup de chargés de mission (aussi bien du cabinet du Président que de l’ex-Primature) n’ont pas reçu leurs salaires. Les victimes, qui pensent qu’elles ont été utilisées avant d’être jetées comme un chiffon, parlent de «trahison». Et menacent.
Sauf solution miracle du président de la République pour éviter la jonction de toutes les forces mécontentes (dans ses rangs à cause de ses décisions), Macky Sall est parti pour connaître une des plus grandes frondes de son histoire. Hormis les jeunesses républicaines de Pikine, qui avaient entamé une grève de la faim, il nous revient qu’une fronde est en train de se préparer du côté de ses alliés et autres qui occupaient des fonctions de chargés de mission dans son cabinet et à la Primature. Avec la suppression en effet du poste de Premier ministre, intervenu au lendemain de la présidentielle de février dernier, une bonne partie de cette clientèle politique, qui avait été recrutée, pensait qu’elle allait être redéployée au niveau du secrétariat du gouvernement ou dans des structures étatiques plus juteuses, mais que nenni. Ils sont tous laissés à eux-mêmes, errant comme des âmes en peine.
Certaines sources révèlent même que pour ce mois d’août, personne n’a reçu son salaire. Comme ce qui a été fait avec les lignes téléphoniques, leurs salaires ont été coupés sans être informés au préalable de cette mesure des autorités étatiques.
La Directrice des ressources humaines s’en lave les mains
La Directrice des ressources humaines, Mme Diatta, que nous avons jointe au téléphone, dit ne pouvoir confirmer ou infirmer cette information, parce que ne disposant pas du fichier du ministère des Finances, le seul à pouvoir répondre à cette question. «Nous à la Primature, nous sommes des utilisateurs, nous ne sommes pas des payeurs», dit-elle, avant d’ajouter : «ce sont les Finances qui s’occupent du paiement des salaires. Nous sommes donc au même niveau d’information que les autres ; il faut vous rapprocher des Finances pour avoir des informations claires et précises. Les chargés de mission, c’était des chargés de mission du Premier ministre. Est-ce qu’ils ont été payés ce mois oui ou non ? je ne saurai vous dire, parce que je n’ai pas le fichier des Finances. Il n’y a que les Finances qui sont habilitées à répondre à cette question», a laissé entendre Mme Diatta au téléphone.
Les chargés de mission parlent de trahison
En tout cas, cette décision a mis les chargés de mission concernés dans tous leurs états. Ils vont même jusqu’à assimiler cette attitude des autorités à de la trahison. «On a le sentiment d’avoir été utilisé et jeté comme des chiffons. Maintenant qu’ils ont eu leur second mandat, ils ne veulent plus de nous. Ils nous rejettent comme si nous étions des malpropres. C’est écoeurant. Pour ce mois-ci, beaucoup d’entre nous n’ont pas reçu leurs salaires, alors que c’était notre principale source de revenus. Je ne parle pas des gens qui ont contracté des prêts auprès des banques de la place. «Ils devaient au moins par respect informer les uns et les autres, qu’il a été mis fin à leurs contrats et que, pour ce mois-ci, il n’y aura pas de salaires pour leur permettre de prendre leurs dispositions. Mais rien !»
Le nombre de conseillers a diminué de manière drastique
Mais il semble que tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. Un ex-chargé de mission de l’ex-Primature qui a eu la chance d’être maintenu comme conseiller au niveau du secrétariat du gouvernement, dit avoir en tout cas reçu son salaire du mois d’août. «Peut être qu’il y a eu d’autres dont le contrat n’a pas été renouvelé. Ce que je sais, c’est qu’il y avait beaucoup de conseillers au niveau de la Primature. Quand la Primature a été supprimée, ça a beaucoup diminué. Beaucoup ont été donc exclus. Ils ont gardé une poignée. C’est une poignée qui est restée conseiller et j’en fais partie. Pour les autres, je crois qu’on les a gommés, mais je n’en ai pas la certitude parce que je n’ai pas vu les documents. Ce que je sais est que le nombre de conseillers a beaucoup diminué ; Ça a été diminué de manière drastique parce que le Président veut réduire les dépenses publiques. Et il y avait beaucoup de gens qui ne servaient à rien», a dit notre source. Qui révèle : «ils ont éliminé beaucoup de gens. Au départ, on parlait d’une centaine de conseillers, maintenant, il ne reste qu’une dizaine. Il y avait une centaine de conseillers et, là, ils sont passés à dix. Je pense que c’est à saluer. On m’aurait viré, je n’aurais rien dit. C’est dramatique, mais c’est cela aussi la loi de la politique».
Madou MBODJ