Une bataille âpre s’annonce entre la magistrature et le barreau. La sortie du bâtonnier Mbaye Guèye a, en effet, suscité le courroux des magistrats qui, à travers l’Union des magistrats sénégalais (Ums), ont réplique à l’aune de ses propos, en prenant la défense du procureur. L’Ums a fermement condamné les déclarations du bâtonnier Mbaye Guèye, avant de lui rappeler qu’ils n’accepteront aucune menace venant même d’un bâtonnier.
Va-t-on tout droit vers une bataille entre la magistrature et le barreau du Sénégal ? En tout cas, l’Union des magistrats sénégalais n’est pas restée de marbre, face à la sortie musclée du bâtonnier Mbaye Guèye, vendredi dernier, qui s’en était pris au procureur et qui avait également menacé de plainte devant les juridictions internationales. Au contraire, le juge Souleymane Teliko et ses camarades ont répondu avec vigueur par un communiqué. «Le 22 mai 2019, le Bâtonnier de l’Ordre des avocats a fait de graves déclarations à l’encontre des magistrats du Parquet qu’il accuse d’arrestations illégales», souligne dès l’entame Souleymane Teliko et Cie, dans leur communiqué. Ils ajoutent : «par ailleurs, il a fait des menaces de déballages et même de saisine d’organisme des Nations-Unies et a accusé le procureur de la République de Dakar d’avoir instruit la violation délibérée du Règlement n°5/CM/UEMOA dans l’affaire Khalifa Sall». Le débat campé, l’Ums tance le chef de l’Ordre : «l’Ums condamne avec la plus grande fermeté ces attaques personnelles en déphasage avec les règles les plus élémentaires de courtoisie et de respect qui doivent prévaloir entre avocats et magistrats et qui sont d’autant plus injustifiées qu’elles sont faites sur la base de considérations fondées sur une opinion personnelle du déroulement d’une procédure».
Les magistrats n’en ont pas fini avec le bâtonnier Mbaye Guèye, qui s’était offusqué du fait que le procureur veuille parfois procéder à l’arrestation d’un détenu dès sa sortie de la prison. «Aucune disposition légale n’interdit une arrestation devant la prison», lui rappellent les magistrats, défendant ainsi le chef du Parquet de Dakar. Mieux, selon le président de l’Ums et ses camarades, il peut y avoir des «divergences de vues» dans le «débat judiciaire», mais elles doivent «trouver leur solution à travers l’exercice des voies de recours», précisent-ils. Manifestement très en colère contre les menaces faites à leur endroit, les magistrats de marteler que l’Ums «juge inacceptable qu’une personne, fut-elle bâtonnier, puisse s’ériger en censeur des magistrats et brandir contre eux des menaces». Ce, avant d’en appeler «au sens de la retenue et de la responsabilité de tous». La bataille promet d’être rude.
Synthèse Alassane DRAME