Traduit hier devant le juge correctionnel de Dakar pour des faits de faux, d'usage de faux en écriture privée, d'escroquerie à jugement et de tentative d'escroquerie, le directeur de l'Iseg, Mamadou Diop, réclame la somme de 100 millions à son épouse qui, ayant enclenché les poursuites contre lui, lui demande 500 millions à titre de préjudice.
La bataille judiciaire entre Mamadou Diop dit Diop Iseg et sa seconde épouse Aïssatou Seydi, se poursuit toujours. Ainsi, pour des faits de faux, d'usage de faux en écriture privée, d'escroquerie à jugement et de tentative d'escroquerie, Aïssatou Seydi a traduit hier son mari devant le juge de la 3eme chambre correctionnelle de Dakar. En effet, la dame reproche à son époux d'avoir confectionné un faux document dans lequel il lui avait donné mandat d'acquérir un immeuble à 140 millions et qu'elle aurait par la suite détourné l'argent.
Mamadou Diop : «elle m’a trahi»
Cependant, devant la barre, Mamadou Diop a réfuté ces faits articulés dans la citation directe que lui a servie sa femme. «Mon école est un Gie et elle a été créé depuis 96. Elle appartient à ma mère et à moi. C’est elle que j'avais nommée Directrice générale de l'Iseg», dit-il. Et d'ajouter : «j'ai économisé pour acheter deux immeubles. L'un a été entièrement payé en cash à 220 millions et l'autre à 140 millions», dit-il. Avant d'accuser son épouse : «c'est quand je suis allé en prison qu'elle a usé de subterfuges pour mettre à son nom le second immeuble que j'ai acquis en 1995, alors que je ne la connaissais même pas. C'est elle qui avait les chèques libellés au nom de Mamadou Ba, ancien Directeur de la Sicap. Elle a détruit tous les documents lorsque j'étais en prison. Et en complicité avec son cousin direct, Ismaïla Sonko, ils ont mis un système pour me combattre. Elle a quitté la maison et emporté tous les bagages et même mon passeport. J'ai trouvé le document présumé faux sur lequel les participants ont émargé dans un sachet. J'avais une confiance aveugle en elle. De ce fait, je lui avais remis tous mes documents. Et elle a fait tout disparaître en les brûlant quand j'étais dans les liens de la détention. Ma femme a payé tous les immeubles avec les chèques de l'Iseg. Elle m'a trahi. Elle n'avait pas les moyens d'acheter cet immeuble. Nous avons une fille. Elle a fait un faux pour s'approprier de ma maison qu'elle occupe à Sacré-Cœur.
Aïssatou Seydi : «il est parti en exil et m'a laissée. C'est moi qui ai fructifié l'école»
Pour sa part, la partie civile Aïssatou Seydi a clairement confié au tribunal n'avoir jamais assisté à une assemblée générale tenue à cette date et à l'issue de laquelle on lui avait demandé d'acheter un immeuble pour le compte de l'Iseg. «Ma signature a été imitée sur le procès-verbal de ladite assemblée générale. Je n'ai jamais signé et il n'y a jamais eu de conseil d'administration. Sur ledit Pv, il est allégué qu'il m'a chargée d'aller acheter des immeubles à coups de millions et que j'ai eu à détourner les sommes. Ce qui n'est pas vrai, d'autant que cette réunion n'a jamais eu lieu», a expliqué la dame. Aissatou Seydi de poursuivre : «il est parti en exil et m'a laissée. C'est moi qui ai fructifié l'école. J'ai amené des millions à l'Iseg. Il était Directeur général et moi la Directrice. Il a un problème et il me dénigre. À nos jours, j'ai mis 1 milliard à l'Iseg».
Déterminée à récupérer ce lot objet de leur litige, elle précise que l'immeuble est un don, lorsque le juge l'a acculée à propos de l'achat.
Aïssatou Seydi réclame 500 millions à Mamadou Diop
Les avocats de Aïssatou Seydi ont réclamé à titre de dédommagement la somme de 500 millions à Mamadou Diop. Me Bamba Cissé: «j'ai été très triste de constater que c'est un couple en train de voler en éclats à barre. Ce procès est un drame social. De ce couple est issu un enfant de sexe féminin qui observe ses parents se battre à la barre. M. Diop n'a pas fait preuve de grandeur dans cette affaire. Il y a des couples qui divorcent et l'époux laisse à l'épouse une maison, une voiture ou de l'argent ; c'est parce qu'ils ont eu à partager des choses dans la vie. L'enjeu de ce projet, c'est qu'il court derrière une maison alors qu'il roule sur des milliards» a fait observer la robe noire. Celui-ci de poursuivre sur le faux. «Le faux est constant. Il a posé un acte pour obtenir un jugement frauduleux. Ceci a poussé le premier président de la Cour d'appel, Aly Ciré Ba, à signer le paiement de la consignation de la somme de 140 millions F Cfa».
Me Sawaré : «Il faut la condamner à payer 100 millions à Mamadou Diop. Elle a donné beaucoup d'argent à Wally Seck alors que c'est l'argent de l'Iseg»
Le procureur après avoir demandé l'application de la loi, l'avocat de la défense, Me Alioune Sawaré, de souligner : «elle est à cours d'argent et ce qu'elle veut, c'est enlever la prénotation, obtenir la mainlevée qui a été faite sur l'immeuble puis la vendre et disparaître. Elle a abandonné la maison et elle est partie avec les documents de mon client et la somme de 50 millions. C'est Diop qui l'a créée. Elle a établi le Pv et elle-même le sait. Il faut la condamner à payer 100 millions à Mamadou Diop. Elle a donné beaucoup d'argent à Wally Seck alors que c'est l'argent de l'Iseg», a révélé le conseil. Me Moussa Sarr de marteler : «s'il y a victime dans cette affaire, c'est mon client. Alors qu'il a créé Iseg depuis 1996, il s'appelait Junior entreprise. C'est elle qui poursuit et dit à mon client d'apporter l'original. On renverse la charge de la preuve. Mais on est où ?». Délibéré le 23 juin prochain.
Fatou D. DIONE