Le procès qui oppose Yaya Birame Wane et le Cndes contre la chambre de commerce de Dakar a enfin eu lieu hier. Et c’est une vérité de Lapalisse de dire que c’était chaud hier entre les avocats des deux parties à propos de l’absence du président de la Chambre de commerce de Dakar, Abdoulaye Sow, poursuivi avec les membres du bureau actuel, pour manœuvres frauduleuses, escroquerie au service, faux et usage de faux, illégitimité… Mieux, même le Président Macky Sall a été cité lors du procès. Les prévenus Abdel Kader Ndiaye, Mbargou Badiane, Abdoulaye Sow sauront dans quelle sauce ils seront mangés le 24 novembre prochain.
Ça a chauffé hier au tribunal lors du procès opposant Yaya Birame Wane à la chambre de commerce de Dakar. Dès l’ouverture des débats, Me El Hadji Diouf a ouvert les hostilités en regrettant la «conduite peu honorable du président de la Chambre de commerce de de Dakar, Abdoulaye Sow, qui refuse de se présenter devant la barre». Selon lui, cette absence traduit le mépris de Abdoulaye Sow pour la justice de son pays. Ce que le tonitruant avocat explique par «l’immaturité et le niveau très faible de Abdoulaye Sow». Leur client traîné dans la boue, les conseils de Abdoulaye Sow ont porté la réplique avec fermeté en rappelant à Me El Hadj Diouf qu’il n’a pas la police de l’audience. Des échanges épiques entre avocats. Il aura fallu que le rappel à l’ordre du juge pour que les avocats se calment.
Le calme revenu, l’un des prévenus interrogé, a expliqué qu’en réalité, ils administrent la chambre, mais qu’ils ne la gèrent pas. «Deux fonctions différentes puisqu’il y a différence entre administrer et gérer. Nous n’avons pas pouvoir de signature et nous ne gérons de comptes bancaires», lâche-t-il. Des explications alambiquées qui ont poussé le président de la Cour à lui demander : «Donc en tant qu’élu, quel est votre rôle au sein de la chambre ?».
Acculé, le prévenu Abdel Kader Ndiaye a voulu poser une question au juge. Niet catégorique de ce dernier qui lui jette à la figure : «je ne suis pas là pour répondre à des questions, mais poser des questions, prendre note et en tirer les conséquences. C’est vous qui êtes interpellé, et le Tribunal répondra à ces interpellations par une décision».
A propos des accusations d’illégitimité, de faux et usage de faux, Abdel Kader Ndiaye a révélé que c’est le président Macky Sall qui avait, dans son bureau, à l’époque, convoqué les deux parties, Feu Lamine Niang et Ibrahima Lô, pour trancher. Il a coupé la poire en deux en décidant de laisser Lamine Niang continuer son mandat, et de faire nommer son protagoniste au Conseil économique, social et environnemental. Conséquence : les tensions ont été apaisées.
Yaya Birame Wane déchire tout
Une entente cordiale que la partie civile Yaya Birame Wane, a récusé. Selon lui, ce sont par des manœuvres frauduleuses que s’est tenue l’assemblée générale qualifiée d’élection, d’autant plus que sur les neufs sous-sections qui composent le bureau de la Chambre de commerce, trois (03) ont été annulées par la Cour d’appel, et deux (02) par la Cour suprême «parce que le constat a été fait que des personnes qui n’en avaient pas droit ont voté ; et on a même fait voter des morts». Pour lui, les prévenus «ont menti en saisissant le gouverneur de Dakar, en saisissant aussi le ministre du Commerce pour leur dire que c’était le président de la République qui avait cautionné l’organisation de ces élections, sans tenir compte des arrêts rendus et par l’assemblée des chambres réunies de la Cour d’appel et de la Cour suprême. Lui emboitant le pas, son avocat Me El Hadji Diouf lancera : «pour vous le Tribunal n’est pas important, dès l’instant qu’il y a entente dans le bureau du chef de l’Etat, les décisions rendues par le Tribunal ne sont plus importantes». Très en verve, l’avocat poursuivra pour se demander «comment celui (Ndlr : Abdoulaye Sow) dont l’élection au niveau de sa sous-section a été annulée, peut-il se retrouver président de la Chambre de commerce de Dakar » ?
Délibéré le 24 novembre prochain.
Alassane DRAME