Quand dans la fraicheur dominicale des studios de l’émission Le Grand Jury, il évoquait des questions qui ne concernent pas directement l’État français, l’ambassadeur de la République française au Sénégal ne s’attendait certainement pas à ce qu’on lui porte la réplique. Hier, au-delà du régime, un leader de l’opposition, président mouvement Agir, Thierno Bocoum, a tenu à remonter les bretelles à Philippe Lalliot.
Dans un pays d’une sous-région où sévit «le sentiment anti-français», il vaut mieux parler peu pour les diplomates. Le contraire peut se payer cash. Cela, l’ambassadeur de la République française au Sénégal l’a appris à ses dépens. En effet, invité à l’émission Le Grand Jury de la Rfm, Philippe Lalliot s’est permis de parler des questions nationales comme s’il était dans son propre pays. Une sortie qui a fini par soulever l’ire de certains nationaux à l’image de Frapp France Dégage, mais aussi de l’Etat, à travers le ministre Oumar Youm. Mais hier, une voix à laquelle personne ne s’attendait, s’y est mêlée. Il s’agit du président mouvement Agir. Dans sa note publiée hier, Thierno Bocoum estime qu’en se prononçant sur la mise en circulation du Ter, l’ambassadeur de France au Sénégal a bien choisi sa brèche pour défendre les entreprises françaises. «Il s’est prononcé sur une question qui a suscité de vives critiques contre le gouvernement sénégalais. Des critiques qui tournent autour de l’opportunité d’un tel projet et du non-respect des engagements quant aux coûts et aux délais de livraison», note l’ancien député.
Mais cela, croit-il savoir, ne donne aucun droit au diplomate français de s’en mêler. «Mais de quoi se mêle l’ambassadeur de la France au Sénégal ?», questionne-t-il. Thierno Bocoum assure que Philippe Lalliot ne doit en aucune manière s’immiscer dans l’exécution d’un contrat entre l’État sénégalais et un privé, fut-il une entreprise française.
Ainsi, dit-il, «il est temps d’arrêter cette forme de diplomatie qui remet en cause le principe sacro-saint de la non-ingérence dans les affaires internes d’un État. Cette forme de diplomatie qui permet à un ambassadeur de se comporter dans un État souverain comme s'il était en territoire conquis est inacceptable».
Sur ce point, Thierno Bocoum dit être en phase avec le gouvernement sénégalais suite au rappel à l’ordre et aux remontrances émis par le ministre des infrastructures à l’ambassadeur de France au Sénégal et au directeur de Senac SA. «Toutefois, nous continuerons à réclamer à notre État plus de transparence et de vérité dans ce dossier», a dit Thierno Bocoum.
Sidy Djimby NDAO