Me Abdoulaye Wade est en colère ! A travers un communiqué au vitriol publié hier, il a massacré Me Madické Niang. Il lui reproche d’avoir manipulé l’auteur et les signataires de la lettre que lui a adressée un groupe de députés et conseillers locaux. Soulignant l’inélégance de son ancien proche collaborateur, Wade note avec force qu’il n’attendait pas ce coup de poignard dans le dos de lui. Mais, pour lui, Me Niang risque de finir comme tous ses anciens compagnons qui l’ont quitté de cette manière. C’est pourquoi il demande aux libéraux de ne même pas prononcer son nom, à plus forte raison de l’insulter ou de lui faire du mal. Quant à Macky Sall, Me Wade souligne que le Pds qui n’a aucun «plan B» va lui imposer son choix.
«Me Madické Niang a décidé de se mettre en face du parti et en face de son secrétaire général que je suis», c’est par cette phrase choc que Me Wade a ouvert son communiqué. Poursuivant, il souligne l’inélégance du patron du groupe parlementaire des libéraux. «Je regrette seulement qu’il n’ait pas choisi une forme plus élégante d’exprimer ce qui est un libre choix et un droit que personne ne lui conteste, en venant me voir et, dans un tête-à-tête où Allah serait notre seul témoin, m’annoncer courageusement sa décision d’aller tenter sa chance ailleurs», dit Wade, qui se sent trahi. «Compte tenu des relations que nous avions, j’étais en droit de penser qu’il n’aurait jamais choisi la forme du coup de poignard dans le dos. Et surtout d’aller susciter une lettre que certains responsables dont le nom figure au bas de la lettre, d’après leurs déclarations, n’ont pas signée, même s’il y a eu conversation téléphonique».
«Je doute fort que Madické réussisse là où tous les autres, jusqu’ici, ont lamentablement échoué»
Ne décolérant pas contre son désormais ex-homme de confiance, Me Wade est convaincu qu’en traçant son chemin en marge du Pds, il n’ira pas plus loin que ceux qui l’ont précédé dans cette voie. «Ce ne sera pas la première fois qu’un ou de hauts responsables du parti choisissent de nous lâcher en plein combat. Je doute fort que Madické réussisse là où tous les autres, jusqu’ici, ont lamentablement échoué», martèle le pape du Sopi. Visiblement irrité, il accuse nommément son ancien ministre des Affaires étrangères d’avoir manipulé l’auteur de la lettre et trompé ses autres signataires. Dès lors, il demande à ces derniers de ne pas faire un pas de plus, au risque de porter atteinte à l’unité du Pds et de tomber dans le piège de Macky Sall. «Je déclare à ceux qui ont signé que, jusqu’à preuve du contraire, je les considère comme étant de bonne foi, à l’exception de Thiombane, militant marginal au Sénégal comme il le fut à l’Ujtl à Paris, maillon faible qui a été utilisé délibérément par Maître Madické Niang, à l’insu des signataires. Je demande à ceux dont la signature a été usurpée, et à ceux qui se sont trompés de bonne foi, de ne rien faire de plus qui risque de créer une fissure dans notre grand parti, ce que souhaite Macky Sall, de poursuivre la campagne de parrainage et d’attendre mon retour au pays».
«Je demande aux militants de ne pas dire du mal de lui, de ne pas l’insulter, de ne même pas parler de lui»
Très remonté contre Me Madické Niang, Abdoulaye Wade met cependant en garde les responsables et militants libéraux, à propos d’éventuelles attaques contre lui. «En tout cas, je demande aux militants de ne pas dire du mal de lui, de ne pas l’insulter, de ne même pas parler de lui», note-t-il. S’agissant de ce qui l’oppose personnellement à son ex-collaborateur, le patron du Pds s’en remet à Dieu. «En ce qui concerne le différend qui m’oppose à lui, je le laisse entre les mains d’Allah qui voit tout jusqu’au fond des cœurs et dont le Tribunal est au-dessus de tous les tribunaux de la terre», conclut le libéral en chef.
«Il n’y aura pas de plan B. Nous contraindrons Macky à respecter le choix de notre parti»
Décidé à faire face au chef de l’Etat et au pouvoir qui font tout pour empêcher la candidature de Karim Wade, choisi par le Pds, Me Wade se veut clair. «Je veux effacer tout doute dans l’esprit des militants. Le Congrès, librement et démocratiquement, avait choisi son candidat et m’avait chargé de le soutenir. Devant les exigences de Macky Sall qui nous somme de changer de candidat, le parti a toujours répondu ferment ‘’Non. Macky doit respecter notre choix’’. Nous en sommes là. Il n’y aura pas de plan B. Nous contraindrons Macky à respecter le choix de notre parti», clame-t-il. Et «si certains, pour des raisons qui leur sont propres, décident de se plier devant la volonté de Macky Sall», Wade leur demande juste d’avoir «le courage d’assumer clairement leur choix», sans tenter de «jeter le trouble» dans les rangs du parti.
Convaincu que «cette manœuvre» qu’il met sur le dos de Me Madické Niang et qui vise à choisir un autre candidat libéral «ne passera pas», Wade invite les responsables et militants du Pds «à maintenir le cap tracé sans équivoque par le Congrès, de resserrer les rangs» au sein du Pds. Le Pds qu’il qualifie de «grand parti, dernier espoir des Sénégalais pour redresser notre pays, relever les défis et avancer…».
Mbaye THIANDOUM