Alioune Badara Cissé, Me Djibril War, Moustapha Cissé Lô… les frustrations s’accentuent au sein du parti au pouvoir. À quelques mois de la présidentielle de 2019, le parti de Macky Sall semble entrer dans une spirale de violences et de conflits internes. Dernière en date, l’attaque de Farba Ngom contre Moustapha Cissé Lô, suivie par une contre-attaque foudroyante du 1er vice-président de l’Assemblée nationale et président du parlement de la Cedeao.
La guerre intra-apéristes est engagée. Un danger pour le Président Macky Sall, le seul maitre à bord du bateau marron, qui doit siffler le plus rapidement possible la fin de la récréation. Et pour cause, alors qu’on n’a pas fini d’évoquer le «cas» Alioune Badara Cissé, qui a été attaqué de toutes parts par ses frères de parti, c’est au tour de deux autres lieutenants de Macky Sall de se faire face dans ce qu’il convient d’appeler «le processus d’autodestruction» du parti présidentiel.
Hier le 1er vice-président de l’Assemblée nationale Moustapha Cissé Lô s’est violemment attaqué à son camarade de parti, Farba Ngom. Le maire d’Agnam, qui s’en était pris au président du Parlement de la Cedeao, après la dernière sortie de celui-ci sur la Tfm, faisant état de ses frustrations dans son compagnonnage avec le président de la République, risque de ne plus jamais le faire.
«Il est incompréhensible de faire un patrimoine de plusieurs milliards en si peu de temps»
Et c’est au Président Macky Sall que Moustapha Cissé s’adresse d’abord. «J’ai de quoi financer ma campagne. Je ne lui demande rien, si ce n’est de me foutre la paix», dit-il. Et d’ajouter, à l’endroit de ceux qui s’excitent «comme le griot Farba Ngom». Au député-maire d’Agnam, Cissé Lô demande de régler ses propres problèmes. «Farba Ngom doit apporter des réponses aux gens qui l’accusent de détenir plusieurs milliards, alors que personne ne lui connaît une entreprise qui lui permettrait de faire une telle richesse. En 2009, ce même Farba Ngom avait décidé de vendre sa Mercedes qui était en panne, parce qu’il n’avait pas de quoi aller en campagne, selon ses mots. Il est incompréhensible de faire un patrimoine de plusieurs milliards en si peu de temps», révèle Moustapha Cissé Lô. Le 1er vice-président de l’Assemblée nationale, qui en connaît apparemment un bon bout, d’ajouter : «Il n’a qu’à expliquer quel genre de courtage il fait et qui lui vaut de pouvoir recevoir des commissions de 1,5 milliard. C’est ce qu’il doit faire et non s’attaquer à moi. Parce que je ne suis pas son égal».
«L’Assemblée a négocié pour me dédommager»
Revenant sur les accusations de son camarade de parti, qui soutenait récemment que l’Assemblée nationale lui avait versé l’argent qu’elle lui devait, Moustapha Cissé Lô accuse Farba Ngom de gros menteur avant de donner sa part de vérité sur la question. «Quand il dit que l’Assemblée nationale m’a payé l’argent qu’elle me doit, c’est un grossier mensonge. Et s’il est aussi bien informé qu’il veut le faire croire, il n’a qu’à dire combien l’Assemblée me doit et combien elle m’a remis. Ce qui s’est passé, c’est que j’ai demandé mon dû à l’Assemblée nationale. Ne pouvant payer la somme, l’Assemblée a négocié pour me dédommager», explique l’ancien responsable de l’Apr à Touba, disant que cet argent peut être considéré comme un don du Président Macky Sall à son endroit.
«Si Farba Ngom persiste dans ses attaques à mon endroit, je dirai autre chose de plus grave»
Les précisions faites, Cissé Lô revient à la charge. Et c’est pour dire que Farba Ngom passe son temps dans des magouilles. «Il été arrêté en France avec une fortune. C’est sur cela qu’il doit rendre compte au peuple. Maintenant, s’il compte persister dans l’indiscipline, l’incorrection ou l’irrespect, il n’a qu’à ne pas m’impliquer», peste Cissé Lô. Qui ajoute : «Je ne suis pas son égal, nous n’avons pas les mêmes trajectoires, nous n’avons pas les mêmes visées et nous n’avons pas les mêmes origines. Donc, s’il a besoin de chanter les louanges de quelqu’un, il n’a qu’à le faire et éviter de s’attaquer à moi». Mais déjà, il avertit le Président Macky Sall : «Si Farba Ngom persiste dans ses attaques à mon endroit, je dirai autre chose de plus grave».
Sidy Djimby NDAO
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