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Me Cheikh Ahmadou Ndiaye avocat du journal «LES ECHOS»: "avec la jurisprudence Wade, l'Etat dot dédommager LS ECHOS»



Me Cheikh Ahmadou Ndiaye avocat du journal «LES ECHOS»: "avec la jurisprudence Wade, l'Etat dot dédommager LS ECHOS»
Avocat de «Les Echos», Me Cheikh Ahmadou Ndiaye a condamné sévèrement le saccage du journal par des jeunes qui se réclament du dahira Moustarchidines. Pour lavocat, la justice doit être ferme à leur égard dans la sanction. Sagissant de la responsabilité civile, celle des personnes concernées est certes incontestable, mais, pour Me Ndiaye, lEtat du Sénégal, garant de la protection des citoyens et de leurs biens, se doit de dédommager les organes de presse dans les cas despèce. Comme Abdoulaye Wade lavait fait avec Walf.
 
 
 
Les Échos : En tant quavocat de Les Echos, comment appréciez-vous lattaque perpétrée contre le journal «Les Échos» ?
Me Cheikh Ahmadou Ndiaye : Dabord, en tant que simple citoyen vivant dans un Etat de droit, où la liberté de la presse est garantie et consacrée par la constitution, je condamne ce qui sest passé, qui relève pour moi dun autre monde, dun autre siècle. Cest inacceptable ! Là, cest le citoyen qui parle, parce que dabord je suis militant défenseur des droits fondamentaux et je trouve quaujourdhui, dans un Etat de droit, la liberté de la presse doit être garantie. 
Maintenant, en tant quavocat du groupe, je trouve encore plus inacceptable, parce que ce qui sest passé relève dune infraction condamnée par les dispositions du Code pénal. Je ne sais pas comment le procureur va régler son dossier, mais je trouve dabord quil y a dommage à la propriété dautrui, violation de domicile, violence, voie de fait ; parce quils ont trouvé une personne et lont tenue en respect. Il y a donc un cumul dinfractions qui se superposent ; et bien sûr le délit dassociation de malfaiteurs. Et heureusement que cela sest passé le jour parce que ce dossier pourrait relever de la Chambre criminelle. Et donc, en tant quavocat de la maison, jen appelle aujourdhui à une fermeté pour condamner de telles pratiques. Et ce nest pas la première fois, parce que, rappelons-nous, les journaux LAs et 24H Chrono ont aussi été victimes de ce genre dacte, il y a quelques années et cela sest répété également à Walfadjri. Alors, je trouve que de telles pratiques doivent cesser. Pourquoi une prise à partie contre un organe de presse qui fait son travail ? Je pense que si un organe de presse sort une information, elle ouvre toujours ses portes pour que lintéressé puisse apporter un démenti ; il y a toujours un droit de réponse pour la personne concernée. Encore quici, linformation a été vérifiée et confirmée. Je trouve quand même déplorable quune certaine catégorie de Sénégalais puisse être considérée au-dessus de la loi. Parce que nul na le droit de se faire justice soi-même. Il existe des institutions, il existe une justice et personne ne peut revendiquer le droit de se faire justice quel que soit le motif, puisque nous vivons dans un Etat de droit. Et cest lEtat de droit qui organise la société et qui permet aux citoyens de vivre en harmonie, dans la paix et dans la tranquillité.
 
Les présumés auteurs sont tous entre les mains de la justice, juridiquement quest-ce quils encourent comme sanction ?
Juridiquement, ce quils encourent comme sanction, ce sont des peines demprisonnement. Mais, il faut attendre la qualification qui sera donnée par le procureur. Si la qualification est une qualification criminelle, ils peuvent encourir des peines dont la moins importante, cest 10 ans, si on ne tient pas compte de certaines circonstances. Donc une peine criminelle. Mais si ce sont des faits délictuels, les peines peuvent varier entre six mois jusqu’à 5 ans et plus. Donc ce sont des faits qui sont extrêmement graves et qui sont sévèrement punis par la loi. Aujourdhui, le Sénégal est à l’écoute de la justice. La liberté de la presse est garantie par la constitution. Toute personne qui se sent diffamée a le droit de saisir les juridictions et poursuivre lauteur dune telle diffamation, si les faits ne sont pas avérés et si celui qui a écrit de telles informations napporte pas la preuve. Autant une personne peut user de son droit de réponse autant une personne peut démentir autant une personne peut saisir même le Cored qui est un organe de régulation de l’éthique des journalistes.Mais aussi, la personne peut poursuivre le journaliste devant les juridictions lorsquelle estime avoir fait lobjet de diffamation. Mais nul ne peut aller trouver quelquun chez lui, dans son lieu de travail, se livrer à des actes de vandalisme, détruire son matériel et retourner chez lui tranquillement, sous nimporte quel prétexte.Cela ne peut pas se faire, cela ne peut être accepté ; et nous le condamnons. Aujourdhui, tout le Sénégal est à l’écoute de la justice, parce que si on ne fait pas preuve de fermeté à lencontre de telles pratiques, personne ne se sentira en sécurité. Je le répète, lEtat est garant de la sécurité des biens et des personnes, dans un Etat de droit.
 
Ils se réclament du dahira Moustarchidines, est-ce quon peut dire que cest le responsable moral de cette organisation qui est civilement responsable ? Comment situez-vous les responsabilité?
 
Vous savez, la responsabilité morale nest pas la responsabilité civile. La responsabilité morale, cest quand vous vous réclamez dune autorité morale sur une personne ou sur plusieurs personnes. Cela est différent de la responsabilité civile. Parce que la responsabilité civile, elle est organisée par le code des obligations civiles et commerciales. Lorsquune personne commet une infraction, pénalement, elle est la seule responsable ; la responsabilité pénale, elle, est individuelle. Mais, il peut arriver quau-delà de cette responsabilité pénale, il y ait une responsabilité civile qui est organisée à l’égard dun tiers. Ce tiers peut être son employeur, lorsquil a commis une infraction dans le cadre de son service, cette personne peut être ses parents lorsquil sagit dun mineur, cette personne peut être également son représentant légal qui peut être son tuteur légal. Mais le simple fait dappartenir à un dahira, parce quun dahira, cest une association, dans une association vous êtes membres, mais lassociation nest pas garante des actes de ses membres. Donc sous ce rapport, je pense que se réclamer dun dahira, cest une chose, mais transférer la responsabilité civile au dahira, cest autre chose. Au regard des textes de la législation sénégalaise, on ne peut pas dire aujourdhui que le responsable moral du dahira est civilement responsable ; je ne le pense pas. Ces personnes qui ont agi, en leurs noms, même si elles se réclament du dahira, seront pénalement et civilement responsables. Maintenant, dans les faits, il peut arriver que lassociation puisse prendre en charge les condamnations civiles faites à lencontre de ses membres par solidarité, mais ce nest pas une obligation.
 
Et dans le cas d’espèce ?
 
 
 Dans le cas despèce, la victimeest un organe de presse qui est bien positionnée dans l’échiquier national.Le journal Les Échos est positionné comme lun des journaux les plus sérieux, et quand je dis Les Échos je parle de jotaay, le site et donc du groupe de presse avec Monsieur Cheikh Omar Ndaw que tout le monde connait pour son sérieux, sa rigueur et son talent. Mais, cela dit, lEtat doit garantir la protection de certaines corporations parmi lesquelles les journalistes qui sont les piliers de la démocratie. On a toujours lhabitude de dire que la presse, cest le quatrième pouvoir, mais aujourdhui, je pense que cet adage a évolué et certains disent même que la presse, cest le premier pouvoir. Cest pour montrer limportance de la presse dans le jeu démocratique. Et sous ce rapport, lEtat doit protéger la presse. A mon avis, ce nest même pas une responsabilité par négligence, mais une responsabilité objective.
 
Selon vous, que doit faire l’Etat ?
 
 
LEtat, dans le cas despèce, devrait dédommager la presse dans des situations pareilles. Je le dis, parce quil y a une jurisprudence. Ça sest passé dans certains organes de presse. A l’époque, lEtat du Sénégal, le Président Abdoulaye Wade, avait dédommagé un organe de presse qui avait été victime de tels faits. Et le montant du dédommagement a été conséquent ; cela a permis à cet organe de presse de se refaire et dacheter du matériel. Aujourdhui, les dégâts qui ont été engendrés par de tels faits, avant quil y ait une expertise, dépassent largement 300 millions de francs Cfa ; cela tout le monde le sait. Parce que quand vous détruisez des ordinateurs, vous détruisez des serveurs, vous faites perdre des données importantes à lentreprise, vous détruisez tout, tout saccager carrément, mais cest un dommage qui ne sera pas moins de 300 millions de francs avant que les experts ne donnent leur avis. Donc, à mon avis, lEtat doit soutenir des organes de presse qui sont victimes de tels faits. Je demande même plus, au-delà de la protection générale, je pensé que lEtat doit mettre à la disposition des organes de presse, dans le contexte actuel, des agents de sécurité, parce que la presse cest une institution, cest un levier de la démocratie et à ce titre, elle doit être protégée comme toute institution.
 
 
Alassane DRAME   
 
LES ECHOS


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