En moins de 3 tours d’horloge, les députés ont examiné et voté hier, le projet de budget du ministère de l’Environnement et du Développement durable (Edd). Mais surprise. Excepté Léopold Yancouba Coly, les parlementaires du Sud ont, royalement, ignoré la question de la coupe de bois, alors qu’elle tue plus que la rébellion en Casamance depuis quelques années.
Incroyable mais vrai ! Alors que les crimes issus de la coupe et le trafic illicite de bois font flores, au point de nécessiter de la part du gouvernement des dispositions drastiques, les députés de la région naturelle de Casamance ne se sont pas prononcés, hier, à l’Assemblée nationale, sur ces questions. Pourtant, le rapport de la commission technique insiste bien sur la nécessité de prendre des mesures adéquates contre de tels agissements. Aimé Assine (Oussouye), Boubacar Villembo Biaye (Sédhiou), Abdoulaye Bosco et Mariama Corréa (Goudomp) et Yaya Kandé (Kolda), ont avalé leur langue. Tous, à l’exception de Léopold Yancouba Coly (Bignona), maire de Tobor, ont occulté cette question. «On ne doit pas interdire la coupe de bois. Les populations se nourrissent de la forêt. C’est leur richesse», a interpellé ce dernier le ministre de l’Environnement et du Développement durable. Qui, dans ses réponses, lui signifiera qu’une telle disposition n’est pas à l’ordre du jour. Tout au plus, c’est l’organisation de cette activité qui est souhaitée dans les localités où ces pratiques sont monnaie courante. Autre point saillant sur lequel est revenu le ministre, c’est le changement climatique. Mais, Cheikh Bamba Dièye lui avait déjà emboité le pas. D’après le député non-inscrit, la situation est catastrophique à Saint-Louis. Où, dit-il, 100.000 personnes sont menacées par le changement climatique.
Dr Thierno Dieng annonce une marche à Dakar, le 22 décembre prochain, contre le péril plastique
«A cause de l’ouverture de la brèche due au changement climatique, la Langue de Barbarie risque de disparaître», a déclaré Cheikh Bamba Dièye. «On ne pourra faire que des digues de protection», a rétorqué, impuissant, le ministre. Parlant de l’érosion marine, le ministre de l’Environnement a annoncé que dans 50 ans, si l’on ne fait pas attention, il y aura plus de déchets plastiques que de poissons en mer. «L’érosion est la conséquence directe du réchauffement climatique», a-t-il ajouté. Ainsi, pour pallier toutes ces situations, Dr Mame Thierno Dieng annonce une marche à Dakar, le 22 décembre prochain, contre le «péril plastique». Interpellé, par ailleurs, sur la non-application de la loi interdisant les sachets plastiques, le ministre dira que la «volonté de l’État était de trouver une solution définitive à ce problème par l’adoption d’une loi. Seulement, il a reconnu que les modalités de mise en application et les mesures d’accompagnement ont fait défaut».
Albino MANTANE