Le ministre de la Justice assume entièrement l’initiation de poursuites contre le journaliste Adama Gaye. Pour lui, il est hors de question de laisser quelqu’un, fut-il journaliste, «passer son temps à insulter le président de la République». Ce qui est d’autant plus grave, pour lui, que laisser prospérer de tels actes serait exposer nos institutions à la banalisation et le pays à la déstabilisation.
Le ministre de la Justice s’approprie sans hésiter la paternité de la décision de poursuivre le journaliste Adama Gaye. Mieux, Me Malick Sall crie sur tous les toits assumer sa décision qui, note-t-il, entre dans le cadre de sa mission de gardien des Institutions. «C’est à moi qu’on a confié les institutions de la République. Je ne peux pas rester les bras croisés et j’assume ma totale responsabilité dans cette affaire. Le parquet est saisi, une information judiciaire est ouverte», soutient-il. Et Me Malick Sall, qui présidait ce 30 juillet 2019 un forum sur le dialogue entre juges et juridictions de fond, organisé par la Cour suprême, d’ajouter pour mieux justifier son action : «je ne peux pas, personnellement, voir un individu, par ses écrits, par ses déclarations, passer son temps à insulter le président de la République qui incarne l’institution la plus haute de notre pays». Le garde des Sceaux est d’autant plus décidé à barrer la route à Adama Gaye et ceux qui, comme lui, s’attaquent aux institutions ou à ceux qui les incarnent, que, pour lui, laisser faire, c’est exposer nos institutions et les fondements de la nation à la banalisation et compromettre la stabilité nationale. «La justice ne permettra plus à quiconque, quel que soit son statut, de fouler aux pieds, par ses paroles ou par ses activités, les fondamentaux de la République, de fouler aux pieds les institutions, parce que des institutions faibles, banalisées, ouvrent la voie à la déstabilisation du pays», dit-il. Après cette mise au point, le patron de la justice ne veut plus se mêler du débat sur ce dossier. «Vous n’entendrez plus, le garde des Sceaux que je suis, se prononcer sur cette affaire-là», prévient-il.
Adama Gaye a été cueilli chez lui très tôt lundi dernier. Il lui a été reproché, dans un premier temps, de publier des écrits qui portent atteinte au bonnes mœurs. Au cours de l’enquête de police, il lui a été collé également le délit d’offense au chef de l’Etat. En effet, dans ses publications sur sa page Facebook, le journaliste s’est montré très acerbe et indécent envers le chef de l’Etat.
Mbaye THIANDOUM