L’avis d’arrestation lancé par la commissaire de police de Thiaroye Khadidiatou Sall contre le présumé meurtrier du portefaix guinéen Mamadou Alimou Diallo a fait mouche. Après six mois de cavale, le sanguinaire caïd Abdou Lakhat Mb, alias Baye Abdou Lakhat, a été en effet pris, lundi 26 août dernier, dans les mailles du filet des limiers du commissariat spécial de Touba. Qui effectuaient une patrouille de sécurisation dans leur secteur de compétence.
Le recherché meurtrier présumé du portefaix guinéen Mamadou Alimou Diallo, est tombé à Touba. Cette arrestation a été rendue possible grâce à une synergie d’actions des unités de police, consécutive à un avis lancé par la redoutable patronne du commissariat de police de Thiaroye, Khadidiatou Sall. Abdou Lakhat Mb, alias Baye Abdou Lakhat, avait en effet mortellement poignardé Diallo dans la région du cœur, avant d’entrer en cavale. Lui et sa bande étaient pris dans une violente dispute autour du prix d’un sac de patates volé (voir notre édition du vendredi 22 mars 2019).
L’activité-écran de portefaix du sanguinaire caïd Baye Lakhat et ses redoutables «lieutenants»
Le crime crapuleux remonte à la nuit du mercredi 20 au jeudi 21 mars dernier, vers 01h du matin, dans les dédales mal éclairés du populeux marché de Thiaroye gare. Mais, auparavant, le Guinéen et la bande à Baye Abdou Lakhat étaient chargés de décharger un camion de marchandises. Diallo est très connu dans le secteur et exerce à plein temps le métier de portefaix. Tandis que le caïd Lakhat et son gang s’y adonnent, temporairement ou occasionnellement, histoire de se refaire une santé financière. Les membres du gang se nomment Moussa C. Salif S. et Daouda Nd. En d’autres circonstances, ils abandonnent leur activité-écran de porteur de bagages, renfilent leur sinistre manteau de brigands craints et planifient des attaques suivies de vol à main armée. Ils sont loin d’être des enfants de chœur et opèrent en véritable bande organisée, dans la grande banlieue dakaroise.
Les gangsters et le Guinéen déchargent un camion, dérobent un sac de patates et décident de l’écouler
Après chaque raid, Baye Abdou Lakhat et ses hommes se retrouvent dans une chambre, qui leur sert de refuge à Guinaw-rails, où ils procèdent ensuite au partage de leur butin. Une pièce qui leur sert aussi de lieu de planification des coups, mais également de repos du «guerrier». Ainsi, le camion de marchandises déchargé, le portefaix Diallo et ses collègues du jour dérobent un sac de patates, le planquent en lieu sûr et guettent les heures creuses de la nuit pour aller le revendre à un client habituel. Tous se donnent alors rendez-vous avec le client en question dans un recoin du marché pour effectuer les transactions commerciales.
…ils butent sur le prix du butin et engagent une violente dispute
Diallo et ses acolytes d’infortune se concertent alors et engagent un marchandage serré avec le potentiel acquéreur. Ils butent cependant sur le prix de vente et échangent des piques acerbes. Membre très influent du gang, Salif, portefaix le jour à Rufisque, s’emploie à calmer ses compères et propose 5000 F pour le sac de patates volé. Les autres éléments de la bande ruent dans les brancards et trouvent la somme modique. Ils soupçonnent un deal entre Salif et le client. D’autant que le sac de patates est devenu une denrée rare, très prisée, et se vend maintenant dans une fourchette entre 12.000 F et 15.000 F sur le marché. Une prise de bec éclate entre eux. Les esprits s’échauffent et les nerfs deviennent tendus. Le portefaix guinéen s’en mêle et martèle son refus catégorique de céder le sac de patates volé au vil prix de 5000 F.
Diallo exige 12.000 à 15.000 le sac de patates, Baye Lakhat peste contre sa boulimie, le tue et planque son cadavre
L’aube pointe le bout du nez. Diallo et ses acolytes peinent à harmoniser et trouver un prix de vente consensuel du sac de patates. Baye Abdou Lakhat et son gang redoutent d’être surpris sur les lieux par des usagers du marché et décident d’user de la méthode forte pour faire plier le ressortissant guinéen. Ils le traitent de tout et profèrent des menaces. Mais sans succès. Ils se ruent sur lui et commencent à le rouer de coups. Lakhat-le-caïd profite de la mauvaise posture du portefaix guinéen, dégaine son couteau et lui plante un violent coup dans la partie du cœur. Diallo hurle de douleur, s’écroule, se vide de son sang et décède. Ses bourreaux paniquent, craignent d’être démasqués et décident de planquer le corps sans vie. Ils portent le cadavre du Guinéen jusqu’au centre commercial et l’abandonnent dans un endroit discret. Ils reprennent ensuite le sac de patates et décident d’aller le planquer, le temps de trouver un autre acquéreur.
Des gens découvrent le corps, appréhendent Salif et tentent de le conduire à la police, ses acolytes le font libérer par les armes
Mais, en quittant la scène du crime, ils croisent des passants et les premiers clients du marché, qui découvrent le corps sans vie de Diallo. Ces derniers suspectent les jeunes garçons et crient à la vindicte populaire. Ils rattrapent un des éléments du gang nommé Salif et tentent de le conduire au commissariat de police de Thiaroye. Baye Abdou Lakhat et ses deux «lieutenants» Moussa et Daouda craignent d’être balancés à la police par leur camarade Salif. Alors, ils décident de rebrousser chemin et sonnent la riposte contre la foule en furie. Armés de machettes et de couteaux, ils bénéficient du renfort d’autres membres du gang et parviennent à libérer leur acolyte Salif des griffes de la foule.
Salif, Moussa et Daouda écroués pour association de malfaiteurs, meurtre, complicité de meurtre et recel de meurtrier
Alertée, la commissaire de police Khadidiatou Sall dépêche ses hommes qui, après une enquête rondement menée, appréhendent Salif, Moussa et Daouda. Qui seront déférés au parquet, puis placés sous mandat de dépôt pour association de malfaiteurs, meurtre, complicité de meurtre et recel de meurtrier.
Baye Abdou Lakhat, le meurtrier présumé, a rejoint hier sa bande en prison
Le cerveau de la bande apprend l’arrestation de ses éléments, prend la fuite et se terre à Touba. Ainsi, depuis lors, il était dans la ligne de mire de la patronne de la police de Thiaroye, qui a réussi à mettre fin, lundi dernier, à la longue cavale du présumé meurtrier du portefaix guinéen. Ceci, grâce à la collaboration de ses collègues du commissariat spécial de Touba. Une délégation judiciaire du juge d’instruction du palais de justice de Pikine/Guédiawaye avait été servie aux limiers de Thiaroye, aux fins de recherches et d’interpellation du caïd Baye Lakhat.
Vieux Père NDIAYE