Le Malien d’origine Boubacar Niangadou, inculpé en 2017 pour des actes de terrorisme, est toujours sous mandat, même s’il a obtenu le non-lieu pour des accusations ayant trait au terrorisme. Il doit cependant répondre du chef de blanchiment de capitaux. Pour pousser le parquet à enrôler son dossier, il a commencé une grève de la faim depuis hier. Il en a fait part à ses proches par une lettre : «J’entame une grève de la faim jusqu’à ce que justice me soit rendue».
Inculpé en 2017 pour plusieurs chefs de prévention graves ayant trait au terrorisme, notamment l’association de malfaiteurs, apologie du terrorisme et blanchiment de capitaux, Boubacar Niangadou encourait une peine maximale prévue par la loi pour ce genre de crimes. Mais, au final, au terme de l’instruction menée par le Doyen de juges d’instruction, il a obtenu le non-lieu partiel. Le magistrat instructeur n’a trouvé des charges suffisantes que sur le chef de blanchiment de capitaux. Depuis lors, il attend de comparaître. Mais, le parquet n’a pas enrôlé l’affaire pour le moment. Las de patienter, celui qui jadis avait été accusé de faire partie d’un réseau terroriste et d’être en relation avec les auteurs de l’attentat de Grand Bassam en Côte d’Ivoire qui avait fait 15 morts, crie toujours son innocence, même pour le chef de blanchiment de capitaux. Impatient de comparaître donc, il a décidé d’observer une grève de la faim, histoire de tordre le bras au parquet pour l’enrôlement de son dossier. Il l’a fait savoir par une lettre qu’il a remise à ses proches. «Je croupis en prison depuis bientôt 3 ans sans raison aucune et sans être jugé. Je réclame justice. Je veux être jugé pour que la vérité éclate. Je veux pouvoir voir mes enfants et profiter de ma famille. J’entame une grève de la faim jusqu’à ce que justice me soit rendue», a martelé Boubacar Niangadou. Auparavant, le Malien s’est présenté comme un commerçant qui vit au Sénégal depuis 15 ans avec ses deux femmes et ses enfants.
S’agissant de la procédure qui lui a valu une inculpation, Boubacar Niangadou explique : «le 24 février 2017, j’ai été arrêté par la police, car j’étais cité dans une affaire de terrorisme avec 4 autres personnes. Après deux ans d’instruction, deux personnes furent libérées pour avoir bénéficié d’un non-lieu. Les enquêtes ont aussi montré que je n’avais aucun lien avec une quelconque entreprise terroriste».
Rappelons, par ailleurs, que Boubacar Niangadou a été inculpé pour blanchiment de capitaux parce qu’il a été «épinglée» par la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif) qui a découvert que plus de 3 milliards de nos francs ont transité sur son compte bancaire logé à la Bicis. Mais, pour sa défense, il explique que c’est de l’argent que lui transfèrent des proches qui sont au Mali ou ailleurs et qu’il remet à leurs parents ici au Sénégal.
Alassane DRAME