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L'ANCIEN RECTEUR DE L'UCAD ABDOU SALAM SALL DEBALLE: "l'histoire de mon salaire de 8 millons"

Ancien recteur de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Abdou Salam Sall suit de près l’actualité sénégalaise. Dans un entretien qu’il a accordé à Wathi, celui qui a dirigé l’Ucad pendant 7 ans a fait des révélations croustillantes.




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Ancien syndicaliste, ancien recteur de l’Université Cheikh Anta Diop où il est Professeur, Abdou Salam Sall parle avec autorité de l’enseignement supérieur. Dans un entretien accordé à Wathi, Abdou Salam Sall est revenu sur ses premières heures en tant que recteur. «Quand je suis arrivé à l’Université de Dakar, la première chose que l’on m’a annoncée était mon salaire mensuel de huit millions de francs Cfa» dit-il. Il n’était pas au bout de ses surprises. «Aussi, à mon étonnement, l’on m’a demandé mes coordonnées bancaires, car, dans toute ma carrière, jamais une telle demande ne m’a été faite. En fait, il s’agissait du placement de la moitié des bénéfices provenant de l’argent de la fonction de service dans le compte du recteur». 
Or, déclare Abdou Salam Sall, cet argent appartient au rectorat et non au recteur. «Pour vous donner une idée du volume de cette somme, du mois de juillet au mois de décembre 2003 (6 mois), 100 millions de francs Cfa sont passés dans un compte ouvert à cet effet». Aussi, indique-t-il : «si les leaders de l’enseignement supérieur n’ont pas une haute probité morale et éthique, tout effort entrepris sera vain». Abdou Salam Sall de révéler : «pourtant en ce moment-là, je construisais et je n’avais pas suffisamment de ciment».
Autre point évoqué par Abdou Salam Sall, c’est la réforme Licence Master Doctorat (LMD) qui a fait couler beaucoup d’encre. «Quand on a créé la réforme LMD, on a créé beaucoup de filières, mais les collègues les mettaient dans la formation payante, pour une université publique. Il faut que l’on revoie les choses», dit-il. L’ancien recteur a aussi abordé la bancarisation des étudiants qui doit être accompagnée. «(…) Il faut mettre en place un dispositif de crédit aux étudiants. Beaucoup d’étudiants échouent à Dakar par absence de moyens. Les gens échouent ici et réussissent en France ou aux Usa. 9 fois sur 10, c’est à cause des conditions sociales», dit-il. Et d’ajouter : «si c’était une petite minorité à qui on donnait des bourses, aujourd’hui, avec l’explosion des effectifs, il est impossible de donner des bourses à tout le monde. D’ailleurs, on ne donne pas des bourses à tout le monde, on donne des aides. 75.000 francs par an, c’est 7500 par mois, on ne peut rien faire avec. Il faut être sérieux».
 
 
Question du pétrole : il fallait appeler l’Université
 
Parlant de l’actualité du moment avec le débat sur le pétrole, Abdou Salam conseille aux autorités de se rapprocher des universitaires. «Aujourd’hui, on parle de pétrole, on aurait dû appeler l’Université. Il y a beaucoup de collègues à l’université qui ont fait pétrochimie en Algérie alors qu’il n’y avait pas de débouchés au Sénégal dans le secteur du pétrole. Ils ont fait la thèse et sont ici au département de chimie et on les ignore», peste-t-il. Et d’ajouter : «je suis passé voir un ami et dans sa maison, tout est en énergie solaire, tout fonctionne en énergie solaire chez lui. Mais quand on veut travailler sur ces questions, on l’ignore, alors que la personne est même invitée aux Etats Unis pour faire des présentations».
 
 
 
«Le Sénégal ne m’utilise pas, c’est d’autres pays qui m’utilisent…»
 
 
 Pour son cas aussi, il dénonce le fait que le Sénégal ne l’utilise pas à sa juste valeur. «J’ai inspiré et mis en place toutes les réformes qui se font dans l’enseignement supérieur au Sénégal mais le Sénégal ne m’utilise pas, c’est d’autres pays qui m’utilisent, mais c’est tant mieux. En s’ignorant mutuellement, en se combattant les uns les autres, je regrette, on n’avancera pas», déclare Abdou Salam Sall.
 
 
Samba THIAM   
 
 
      
 


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