Devant le Tribunal correctionnel de Dakar, hier, la femme d'affaires Fatou Mbengue a réclamé 5 millions Cfa au commerçant Moussa Lo, qui reste lui devoir 580m2 de carreaux sur la commande de 1130m2 d'un montant de plus de 4 millions. Le commerçant qui comparaissait sous la prévention d'escroquerie sera édifié sur son sort le 16 janvier prochain.
Pour 580 mètres carrés de carreaux, la femme d'affaires Fatou Mbengue a traduit le commerçant Moussa Lo devant la barre. En effet, la plaignante devait carreler sa maison et celle de sa famille. C'est ainsi qu'elle a fait une commande de 1130 m2 de carreaux. Dans cette optique, Fatou Mbengue a remis un chèque de 4 millions 50 mille F au sieur Lo. Pour sa part, ce dernier lui a établi une facture faisant état d’une livraison au complet. Ce qui n'est pas le cas. Et après avoir récupéré l'argent, il a attendu que la dame aille en pèlerinage à La Mecque pour lui livrer les carreaux au compte-gouttes en son absence. Revenue de son Hajj, la plaignante a constaté que sa commande n'était pas satisfaite comme convenu. C'est là qu'elle a porté plainte pour le traduire devant les tribunaux pour escroquerie. Toutefois, face au juge du tribunal correctionnel de Dakar, où il comparaissait hier, Moussa Lo a soutenu mordicus avoir livré l'intégralité des carreaux à la plaignante. «C'est 1130 mètres carrés de carreaux que je lui devais. J'ai fait la totalité de la livraison des carreaux avant de lui remettre une facture après qu'elle m'a remis 4 millions 50 mille F», a laissé entendre ce prévenu, qui dit être tenancier d'une quincaillerie appelée «Keur Ya Fatou Carreaux» à Rufisque. Ce n'est pas ce qu'a dit la partie civile, Fatou Mbengue. «Il est venu auprès de moi et m'a sollicitée pour la livraison de carreaux pour ma maison en construction. J'avais fait une commande de 1130 m2 de carreaux. Il ne me les a pas apportés, ni donné de facture. Alors que je lui avais demandé de me donner le nom de sa société. Il ne m'a jamais donné de bordereau de livraison contrairement à Sen Carreaux auprès de qui j'avais l'habitude de me ravitailler. Et ma maison n'est jusque-là pas achevée. Le problème, c'est que la livraison est incomplète et il reste me devoir 580 mètres carrés de carreaux», a confirmé la victime. Et pourtant, le témoin Alioune Sarr, qui n'est autre que la personne qui a carrelé la maison de la dame, a conforté les déclarations du prévenu. «C'est moi qui avais fait le devis avant de la mettre en rapport avec Moussa Lo. J'ai procédé à la livraison à 4 reprises. La dame me doit jusqu'à présent plus de 600 mille F. Ce qu'elle dit n'est pas avéré parce que toute la maison est carrelée. C'est un immeuble R+1 et tout a été carrelé lorsqu'elle était à La Mecque», a révélé le témoin. Malgré ce témoignage, l'avocat de la partie civile a demandé que le commerçant soit retenu dans les liens de la prévention après avoir demandé au principal la somme de 5 millions à titre de dommages et intérêts. «Les 1130 m2 de carreaux correspondent au carrelage de 3 terrains de 500 mètres carrés, alors qu'ils étaient destinés à 2 villas. Il a fait usage de faux en lui donnant une facture faisant état de l’effectivité de la livraison au complet. Alors qu'il reste devoir à la dame 580 mètres carrés de carreaux. Au subsidiaire, nous demandons une expertise sur la nature des carreaux qui ont été choisis. Il lui a livré d'autres carreaux et non ceux qui ont été choisis par ma cliente», plaide le conseil avant que le procureur Ismaïla Diallo ne requiert une application de la loi contre le prévenu. Pour la défense de celui-ci, Me Ndiack Ba a laissé entendre que cette procédure est un dossier monté de toutes pièces qui n'est pas bon juridiquement. Demandant au tribunal de le renvoyer des fins de la poursuite sans peine, ni dépens, la robe noire a réclamé le montant de 5 millions pour le commerçant Moussa Lo pour procédure abusive et abus de pouvoir. Dans la même mouvance, Me Ousseynou Ngom dira : «la plaignante a confirmé son tâtonnement. Son dossier n'est pas solide et c'est pour cela qu'on a plaidé une expertise. C'est grave et inconcevable entre juristes. Il souhaite que le tribunal vienne à sa rescousse et c'est pour cela qu'il a plaidé l'expertise. Très sincèrement, les faits sont purement civils et le dossier devait être jugé au tribunal du commerce ou civil», peste Me Ngom. Délibéré au 16 janvier 2020.
Fatou D. DIONE