Certains députés, notamment de la majorité, ont dénoncé l’absence d’infrastructures dans leurs localités. Ce qui met à rude épreuve l’équité territoriale prônée par le chef de l’Etat dans la prise en charge des politiques publiques.
Le débat d’orientation budgétaire a été l’occasion pour certains députés de transcender leur appartenance politique pour s’ériger en défenseurs de leurs localités zappées des investissements planifiés dans le cadre du Document de programmation budgétaire et économique pluriannuelle (Dpbep) 2022-2024. C’est le cas de l’ancien maire de Pikine Pape Sagna Mbaye, qui a réclamé un document de programmation budgétaire économique pluriannuelle pour la banlieue dakaroise. A l’en croire, seule une décision sous-tendue à une volonté politique permettra à la banlieue d’être un… bon lieu. D’autant plus que, dit-il, 80% de la population de Dakar habite la banlieue. S’y ajoutent l’absence d’infrastructures à la banlieue, la pauvreté, la déchéance scolaire. Revenant sur l’absence d’infrastructures à Pikine, Pape Sagna Mbaye pointe du doigt les quartiers irréguliers dans cette localité. En effet, seulement 13% des quartiers de Pikine sont réguliers.
Ndiagne Diop s’en prend au ministre Oumar Guèye
De son côté, le maire de Bambilor, Ndiagne Diop, s’en est pris, sans le citer, au ministre Oumar Guèye. Il se désole de constater que les investissements du gouvernement sont concentrés dans les communes où les maires sont ministres. Or, il fait remarquer que l’équité territoriale telle que spécifiée par le chef de l’Etat doit être une réalité dans toutes les localités. Poursuivant, il a dénoncé les abris provisoires qui sont dans la commune de Bambilor. A l’en croire, sur 13 cités que compte la commune, aucun établissement scolaire public n’a été réalisé dans cette localité. Le peu d’investissement dans ce secteur, dit-il, a été réalisé avec les maigres moyens de la commune.
Djimo Souaré : «le mal est chronique à Tamba, ces doses de calmant ne passent plus, on s’attend à des actes concrets»
L’absence d’université à Tamba a courroucé les députés de ces localités, en l’occurrence Sidy Traoré et Djimo Souaré. Même s’ils estiment que le gouvernement a beaucoup fait à travers le pays, la région de Tamba demeure un désert au point de vue des investissements. Après l’obtention du Bac, révèle Sidy Traoré, beaucoup de jeunes abandonnent les études. A Koumpentoum, le problème d’eau demeure toujours, dit-il, en dépit des assurances données par le président de la République lors de sa tournée économique dans cette localité. Revenant sur l’absence d’université à Tamba, Djimo Souaré se désole de constater que le mal est chronique à Tamba et refuse, dans la foulée, de se faire administrer une dose de paracétamol pour lui donner de faux espoirs quant aux solutions à apporter aux doléances de leurs localités. «Ces doses de calmant ne passent plus, on s’attend à des actes concrets», indique le député de la majorité qui annonce une marche de la population de Tamba le 3 juillet prochain pour réclamer l’université de Tamba. Il appelle les pouvoirs publics à rectifier le tir pour le Sénégal oriental. «Il faut faire attention à l’équité territoriale. Elle ne sera une réalité que quand on aura pris en compte les préoccupations de la région de Tamba qui fait 1/3 du territoire national», tranche-t-il.
Toussaint Manga : «les collègues (médecins) qui acceptent d’aller dans les régions méritent d’être soutenus, d’être décorés»
«Nous savons tous qu’il y a un manque criard de gynécologues dans le pays. D’ailleurs, à Kolda, il a fallu que des gens s’y mettent pour qu’un médecin accepte d’aller là-bas. Il se trouve qu’il y a un valeureux médecin du nom de Mamadou Demba Ndour qui est à Matam depuis 6 ans et qui fait un excellent travail en consultant 60 à 80 patients par jour. Et souvent, la nuit, il la passe à l’hôpital pour gérer des cas d’urgence. Ce valeureux médecin qui a préféré aller à Matam fait l’objet d’un acharnement aujourd’hui, pour une simple raison : il a osé dire au président de la République de ne pas se fier à ceux qui lui disent que tout va bien, car le secteur de la santé connaît de véritables problèmes liés à l’infrastructure, au personnel et d’équilibre entre les trois départements de la zone», narre le député libéral, Toussaint Manga. Une sortie qui, à l’en croire, a fait mal au directeur de l’hôpital qui s’acharne sur le jeune médecin. Et si on n’y prend garde, dit-il, il risque de quitter Matam pour revenir à Dakar. Ce qui va pousser le gouvernement à chercher un gynécologue pour le remplacer. «Les collègues qui acceptent d’aller dans les régions méritent d’être décorés, d’être soutenus. Ils ne méritent certainement pas des attaques parce qu’ils ont eu le courage de dire la vérité au chef de l’Etat», martèle Toussaint Manga qui invite le ministre de la Santé à s’impliquer pour faire cesser tout cela.
Les députés de la diaspora se cotisent pour acheter une ambulance
Les députés de la diaspora ont depuis longtemps plaidé pour une ambulance à mettre à la disposition de l’Aibd pour transporter leurs défunts une fois rapatriés. Cependant, suite à cette doléance, plusieurs fois répétée et qui tarde à être inscrite dans le budget de l’Etat, Mame Diarra Fam révèle que les députés de la diaspora ont décidé de se cotiser pour acquérir cette ambulance. Toutefois, elle sollicite le soutien du ministre des Finances et du Budget pour le dédouanement de l’ambulance une fois réceptionnée. Elle a également abordé la question de la retraite des députés qui a été aussi soulevée à plusieurs reprises en plénière. «Lorsqu’on croise d’anciens parlementaires, on a honte», fulmine Mame Diarra Fam qui invite le gouvernement à revoir le statut et la retraite du député.
Moussa CISS