Le ministre des Infrastructures a été assailli de doléances à son passage à l’Assemblée nationale lors de l’examen de son budget. Ces préoccupations sont d’ordre infrastructurel de toutes sortes notamment dans les régions de Sédhiou et de Kédougou qui sont des déserts en infrastructures.
Avec un budget de 716 milliards 129,5 millions en crédits de paiements, dont 98% réservés aux infrastructures, le ministère des Infrastructures représente un intérêt particulier et suscite l’excitation des députés. Pour la première fois, depuis le début du marathon budgétaire, les débats ont atteint un nombre record d’intervenants (plus de 110 députés). Chacun y va des préoccupations de sa localité. Des doléances qui laissent entrevoir des disparités énormes entre la capitale et l’intérieur du pays où le gap infrastructurel est criard. En effet, l’absence de programmes de désenclavement dans certaines zones agricoles, l’absence d’infrastructures routières, ferroviaires, sanitaires, éducatives, administratives, entre autres, ainsi que les chantiers à l’arrêt ont constitué un large éventail de questionnements des députés pendant plus de sept tours d’horloge.
Pas un mètre de bitume à Médina Yoro Foulah et à Fongolimbi
Dans son intervention, le député Diaraye Ba se désole de constater que Médina Yoro Foulah (Myf), depuis son érection en département en 2008, ne dispose toujours pas d’un seul mètre de goudron. «Aucune route bitumée ne relie Myf aux autres communes de la localité. Les enfants ne voient le goudron qu’à la télé», lance le député qui fait remarquer, dans la foulée, que les populations sont stressées durant l’hivernage. A l’en croire, pour rallier Kolda, il faut débourser 2000 francs par personne pour la traversée en pirogue sur moins de quatre km.
Salémata avec un taux d’électrification de 6% est sans eau potable
A Kédougou, notamment à Fongolimbi et Ndindifélio, le député Abdoulaye partage la même doléance. Dans son cri de cœur, il a joint des images chaotiques de l’état des sentiers battus de la localité à la parole pour solliciter l’érection d’une route dans cette localité qui n'en bénéficie pas depuis les indépendances. L’état défectueux de ces pistes cause, dit-il, beaucoup d’accidents de la circulation. Et, dans cette zone de production de mangues, de fonio, les populations n’arrivent pas à valoriser le potentiel de cette localité à cause de l’enclavement. Le député Mamadou Lamine Souaré estime aussi que le département de Salémata fait partie des localités oubliées du pays depuis 60 ans. Il en veut pour preuve le taux d’électrification qui, dit-il, est de 6%. Pire, dans tout le département, il n’y a pas une seule goutte d’eau potable. «Ne serait-ce que pour les chefs de services affectés dans cette localité, l’Etat doit relever l’accès à l’eau potable dans cette zone. C’est une priorité», plaide M. Sow.
Sédhiou, une injustice à corriger
Pour sa part, le député Ndèye Fatou Mané se désole de constater que 80% des infrastructures à Sédhiou soient à l’arrêt. En effet, pour un budget de 716 milliards du ministère des Infrastructures, elle juge inconcevable que le Sud profond n’ait été cité dans aucun projet majeur. «C’est une injustice à corriger», indique Mme Mané qui réclame un projet spécial de désenclavement du Pakao. Me Abdoulaye Tall a plaidé pour le bitumage du tronçon Sandiara-Ndiaganiao. En effet, il informe que les motards qui accompagnent le convoi du chef de l’Etat ne roulent que sur du bitume. Ce qui lui fait dire que la construction de cette route est une question de dignité et de respectabilité. De l’avis de Samba Dang, les régions de Sédhiou, Kaffrine et Kédougou sont des déserts en infrastructures.
Un programme spécial pour les villes centenaires et plus
Pour sa part, Mamadou Lamine Thiam est revenu sur l’état de délabrement avancé des infrastructures administratives à Kébémer. Dans cette ville centenaire, il révèle que la résidence du préfet a été abandonnée à cause de la vétusté, le marché, l’école et l’hôpital croulent sous le poids de la vieillesse des bâtisses. Pour confirmer l’absence d’infrastructures, le doyen Alla Kane révèle qu’il revoit le même décor quand il se rend à Diourbel comme il y a 75 ans lorsqu’il quittait cette localité pour rejoindre le collège moderne de Thiès après son entrée en sixième. «Rien n’a changé. C’est parce que ceux qui étaient là n’ont rien fait», indique-t-il, avant d’attirer l’attention du ministre sur la qualité des infrastructures à construire.
Mbaye Dione plaide pour la relance du Psd qui règle tous les problème d’enclavement
Le député Mbaye Dione plaide pour la relance du Programme spécial de désenclavement (Psd). «C’est un programme très ambitieux qui couvre 80% des besoins du monde rural. C’est 2700 km de route bitumée, 300 km de revêtement, 150 km de voirie urbaine, 50 mille emplois, 50 Pme mobilisées pour un financement de 453 milliards hors taxe. Tout a été signé», rappelle le secrétaire général de l’Afp. A l’en croire, on peut douter du montage financier, mais on ne peut douter de la pertinence du projet. «Je vous invite à relancer ce projet qui règle définitivement le problème de l'enclavement», explique le député..
Ismaila Diallo est revenu sur la visite du ministre des Infrastructures à Birkilane et c’est pour se féliciter de la décision prise de relever le chef de chantier coupable de n’avoir pas livré l’infrastructure dans les délais impartis. Samba Dang s’est aussi inscrit dans cette dynamique. « Hier, vous avez posé un acte historique qui rentre dans le cadre du Jub-Jubal-Jubanti complètement différent de ce qui se faisait », se félicite le député.
M. CISS












