C’est un Ousmane Sonko plus qu’en colère qui s’est adressé à ses supporters à Rufisque après «la violente attaque dont des militants de Pastef ont fait l’objet à Saint-Louis». Pour le leader de Pastef, qui accuse nommément Barthélemy Dias qu’il taxe d’incorrect, si les autorités étatiques ne font rien, Pastef prendra ses responsabilités. Assurant que Barthélemy Dias et sa coalition ne battront plus campagne dans ce pays, la tête de liste de Pastef-Les Patriotes a donné rendez-vous à ses militants à Dakar aujourd’hui. Il promet de faire sa caravane à Baobab et qu’il fera sa déclaration devant chez Barthélemy Dias.
«Pour un parti au pouvoir, Pastef a été plus qu’un parti responsable», c’est par ce cri de cœur que Ousmane Sonko ouvert sa déclaration à Rufisque, hier, lors de sa caravane de campagne électorale. «Déjà nous avons été attaqués à Dakar le premier jour de la campagne. Quelque temps après, nous avons été attaqués à Koungheul, une attaque qui a coûté à Malick Gakou une fracture du bras. Aujourd’hui, à Saint-Louis, Pastef a été une nouvelle fois attaqué avec des machettes, des coupe-coupe, des grenades lacrymogènes, des couteaux et nous déplorons plusieurs blessés», a dénoncé Ousmane Sonko, disant que ceci est de la responsabilité de l’Etat.
Pour lui, si les choses se passent ainsi, c’est parce que ce pays a changé, parce que, dit-il, en tant que Premier ministre du Sénégal, il a le pouvoir de donner des ordres au ministre de l’Intérieur ou au ministre de la Justice. «Parce qu’il faut savoir que le ministre de la Justice, c’est une autorité politique, ce n’est pas une autorité judiciaire. Que personne ne vienne vous dire que le ministre de la Justice est indépendant et qu’on ne peut pas lui faire faire des choses. En tant que Premier ministre, si je demande au ministre de la Justice de poursuivre quelqu’un, il a l’obligation d’appeler le Procureur général, qui, à son tour, appelle le procureur pour convoquer la personne que j’ai indiquée. Il faut que ce soit clair, tous ces ministres sont sous mon autorité. C’est moi qui les ai consultés et ai proposé leurs noms au président de la République qui a validé ce qui est aujourd’hui le gouvernement du Sénégal. Pourtant, depuis le début de la campagne, je n’ai pas appelé le ministre de l’Intérieur ou celui de la Justice en en tant que Premier ministre. Cela prouve que le pays a changé», a-t-il fait savoir.
«C’est la faillite de l’Etat…»
Assurant cependant qu’il les a appelés en tant que candidat à plusieurs reprises, Ousmane Sonko dira : «c’est avant le début de la campagne que j’ai appelé le ministre de l’Intérieur pour lui dire que, selon des informations sûres, Barthélemy Dias a acheté des armes, des fusils à pompe, des coupe-coupe, des grenades lacrymogènes et tout cela n’a qu’un seul objectif : attaquer des convois de Pastef». Sonko de poursuivre : «je lui ai demandé, en ma qualité de candidat tête de liste, de prendre ses responsabilités pour régler cela. Quand on a été attaqué, je les ai appelés pour encore leur demander de prendre leurs responsabilités. On a été attaqué à trois reprises, il y a eu zéro arrestation. C’est la faillite de l’Etat et je le dis en tant que candidat. A Saint Louis, parce que Barthélemy Dias et son convoi se sont fait huer par des militants, ils ont décidé de les agresser. Les vidéos sont là pour en attester : c’est Assane Diouf qui les a attaqués pour les insulter avant que leurs gros bras n’attaquent ces gens sans défense à coup de machettes», condamne-t-il.
«Barthélemy Dias est indiscipliné (…) son père est indiscipliné»
Haussant le ton, Sonko de dire que dans ce pays, depuis 15 ans, c’est un seul acteur politique qui est à l’origine de toutes les sources de violence. «Il s’agit de Barthélemy Dias qui est le plus indiscipliné parce que n’ayant pas reçu d’éducation. Mais que voulez-vous, si c’est son père qui est indiscipliné, il ne peut que suivre ses pas. Dans ce pays, depuis 15 ans, un seul acteur politique est à l’origine de toutes les sources de violence. Mais c’est fini pour eux, ils ne battront plus campagne dans ce pays, c’est fini. Ce n’est pas parce que nous sommes au pouvoir que nous allons nous transformer en des faiblards. Nous n’accepterons plus qu’un militant de Pastef soit poignardé ou gazé injustement comme ça. Vouloir éviter une justice des vainqueurs risque de nous mener à une justice contre les vainqueurs. Nos militants ont été convoqués parce qu’ils auraient mis le feu au siège de Taxawu, pourtant il n’y a aucun élément pour le prouver. Au même moment, quand nos militants sont attaqués, personne n’est arrêté», dénonce-t-il encore.
Poursuivant, Ousmane Sonko a interpellé le président de la République. Au chef de l’Etat, le patron de Pastef dit «vouloir montrer que ce pays a changé jusqu’à ce qu’on poignarde nos militants, je ne l’accepterai pour personne, même pas pour lui le président de la République. Je vous donne tous rendez-vous demain (ndlr, aujourd’hui) à Dakar. Nous allons faire notre caravane à Baobab et je ferai ma déclaration devant chez Barthélemy Dias. S’il fait le con, on va le taper sur le terrain et dimanche on va enchainer dans les urnes. Je l’ai dit au ministre de l’Intérieur, s’il ne fait pas son travail pour mettre la main sur ceux qui ont poignardé nos militants, nous allons régler notre problème à notre manière», prévient-il.
Sidy Djimby NDAO