A l’image de la communauté internationale, la communauté musulmane a tenu à rendre un hommage au souverain pontife, le Pape François qui a rendu l’âme hier à l’âge de 89 ans (1936-2025). C’est le Khalife de Bambilor qui, dans un communiqué, dit parler au nom de la communauté musulmane du Sénégal. Thierno Amadou Tidiane Bâ invite les chefs religieux, les décideurs politiques, les intellectuels… à puiser dans son héritage une nouvelle force pour repenser un monde plus solidaire, plus spirituel, plus juste.
« Que Dieu t’accueille en sa lumière. Et que la fraternité que tu as semée germe dans nos cœurs ». Telles sont les prières formulées par le Khalife de Bambilor à la suite du rappel à Dieu du Pape François. Thierno Amadou Tidiane Bâ s’invite au chœur de témoignages du monde entier au souverain pontife de 89 ans (1936-2025). Il a adressé ses témoignages et condoléances au Collège des cardinaux qui chapeaute la conférence épiscopale du Sénégal ainsi que toute la communauté catholique du Sénégal. « Cher Pape, cher Ami, tu as accompli ta mission de manière impériale. Tu as aimé sans calcul, parlé sans juger, prié pour l’humanité entière. Ton souffle demeure. Ton silence désormais habite nos consciences. Et ton nom, aux côtés de ceux qui ont aimé la paix plus que leur propre renommée, brillera à jamais » témoigne le religieux.
Le Khalife a profité de cette tribune pour s’adresser à la jeunesse du monde. Thierno Amadou Tidiane Bâ invite cette frange de la société qui semble perdre ses repères à s’adosser sur les œuvres du pape pour corriger ses tares. « Je m’adresse à la jeunesse du monde : regardez l’exemple de cet homme, sa douceur face à la violence, sa parole face au tumulte, sa foi face à l’indifférence. Il a montré que l’autorité morale pouvait guider les peuples sans jamais blesser, que la grandeur spirituelle était compatible avec la simplicité humaine. À nous de porter ce flambeau. Son legs doit aujourd’hui devenir une école : une école de paix, de retenue, d’écoute et de dialogue sincère ». Il poursuit pour dire : « ce que le Pape François a commencé par la foi et l’humilité, à nous de le continuer par la conviction et l’action. Les responsables religieux, les décideurs politiques, les intellectuels, et tous les peuples doivent puiser dans son héritage une nouvelle force pour repenser un monde plus solidaire, plus spirituel, plus juste » lit-on dans le communiqué que le Khalife a rendu public.
Thierno Amadou Tidiane Bâ, à l’entame de son propos, regrette la disparition du Pape. Un décès qu’il peine à concevoir vu l’affection qu’il porte au souverain pontife. « Je garde un souvenir inoubliable de notre rencontre au Vatican en octobre 2022. Ce jour-là, il ne s’agissait pas simplement d’une audience. C’était un moment de fraternité sincère, un appel silencieux à faire ensemble l’histoire de la paix. Son regard, sa poignée de main, ses paroles, ont confirmé ce que j’avais toujours perçu chez lui : une volonté ferme de bâtir des ponts là où d’autres élevaient des murs », ainsi, il précise : « c’est avec le cœur lourd mais la foi intacte que je m’adresse, en ce lundi sacré de Pâques, à la communauté catholique du Sénégal et du monde, ainsi qu’au Saint-Siège, pour présenter mes condoléances les plus profondes, suite au rappel à Dieu de Sa Sainteté le Pape François, un homme d’exception, un frère en humanité, un artisan de paix. La nouvelle de son rappel à Dieu ce lundi de Pâques m’a touché au plus profond de mon être, et elle a bouleversé plus d’une âme. Depuis l’annonce, d’innombrables messages me sont parvenus de toutes les régions du Sénégal et du monde — de fidèles musulmans, chrétiens, et d’autres confessions — pour me faire part de leur chagrin et de leur volonté de partager cette peine avec nos frères et sœurs catholiques. Ce deuil est un deuil partagé. Il dépasse les murs du Vatican et touche les cœurs des croyants sincères du monde entier ».
Dans son témoignage, le Khalife de Bambilor fait savoir que ce n’est pas seulement la communauté catholique a perdu mais la communauté internationale car il a toujours été au service des opprimés, des pauvres et surtout prêchait pour la paix. « . Il fut, pour notre époque troublée, un phare de conscience, une voix de paix, un témoin vivant de la miséricorde et du dialogue. Son humilité, son engagement en faveur des pauvres, des exilés, des peuples blessés par la guerre et la haine, resteront à jamais gravés dans l’histoire des hommes justes » a conclu le Khalife.
Baye Modou SARR