La récente critique acerbe de Juan Branco, ancien avocat d’Ousmane Sonko et figure emblématique de la lutte contre le régime de Macky Sall, a fait grand bruit au Sénégal. Dans un discours tranchant, Branco accuse les nouvelles autorités sénégalaises de trahir les idéaux de souveraineté et d’indépendance qu’elles avaient promis de défendre. Cette sortie inattendue soulève des interrogations sur les motivations de l’avocat français, qui semble opérer un repositionnement stratégique dans un contexte où ses ambitions politiques en France, notamment pour la présidentielle de 2027, deviennent de plus en plus évidentes. En dénonçant le rapprochement supposé entre le nouveau régime sénégalais et les cercles d’influence français, Branco prend ses distances avec un pouvoir qu’il avait jusque-là soutenu. Ce revirement met en lumière les attentes colossales placées sur les épaules d’Ousmane Sonko et de Bassirou Diomaye Faye, tout en ouvrant la voie à des analyses sur les jeux d’intérêts politiques à Paris. Mais ce repositionnement est-il motivé par une réelle déception ou par une stratégie calculée visant à séduire l’électorat français ?
La récente sortie de Juan Branco, critiquant avec virulence les nouvelles autorités sénégalaises dirigées par Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye, a suscité une onde de choc. Celui qui avait été perçu comme un proche allié de Sonko, au point de devenir l’un des symboles de sa lutte contre le régime de Macky Sall, a choisi un ton particulièrement accusateur. Mais derrière ces critiques se dessine une stratégie politique calculée, probablement en lien avec ses ambitions pour la présidentielle française de 2027.
Un contexte de repositionnement politique
En s’attaquant aux nouvelles autorités sénégalaises, Juan Branco semble vouloir se détacher de l’image d’un avocat militant engagé uniquement aux côtés de Sonko. Sa critique intervient dans un contexte où le régime actuel peine à répondre aux attentes populaires, notamment sur les questions de souveraineté et de rupture avec la Françafrique.
Branco ne pouvait ignorer que ses propos résonneraient au-delà du Sénégal. S’il envisage une candidature à l’élection présidentielle française, comme certains le supposent, il doit impérativement élargir son champ d’influence. Pour un candidat, le soutien des cercles politiques parisiens – à gauche comme à droite – reste une nécessité. Or, les nouvelles autorités sénégalaises ne jouissent pas d’une grande popularité dans ces milieux, où leur posture souverainiste est perçue comme un défi à l’ordre établi.
En s’attaquant frontalement à Sonko et son équipe, Branco envoie un signal clair : malgré ses liens passés avec eux, il ne peut être accusé de servir leurs intérêts.
Un discours tranchant mais stratégique
Dans ses propos, Juan Branco accuse les nouvelles autorités sénégalaises de trahir leurs engagements. Il leur reproche notamment d’avoir renoué avec des pratiques qu’ils s’étaient engagés à combattre : accueillir des représentants de la Françafrique lors d’événements symboliques comme la commémoration du massacre de Thiaroye, tout en marginalisant les militants qui avaient soutenu leur lutte pour le pouvoir.
Ce discours, bien que frontal, peut être interprété comme un gage politique. Branco semble vouloir rassurer ses potentiels soutiens en France : il ne s’alignera pas aveuglément sur le régime sénégalais, même s’il a défendu Sonko par le passé.
Et l’on pourrait bien se demander s’il s’agit d’une critique sincère ou opportuniste. En effet, si la stratégie de Branco semble évidente, la sincérité de ses critiques peut aussi être questionnée. Branco, connu pour son éloquence et sa capacité à manier les mots avec force, joue ici sur deux tableaux. D’un côté, il se présente comme un défenseur intransigeant de la souveraineté africaine, dénonçant toute compromission avec les anciennes puissances coloniales. De l’autre, il profite de cette prise de position pour se repositionner politiquement et séduire un électorat français, sensible aux questions d’indépendance et de justice.
Un signal pour le Sénégal ?
Les critiques de Branco, bien qu’intéressées, mettent en lumière une réalité que les nouvelles autorités sénégalaises ne peuvent ignorer : les attentes, tant au Sénégal qu’à l’international, sont immenses. Toute perception de compromission ou d’échec à incarner le changement peut vite transformer les alliés d’hier en adversaires d’aujourd’hui.
Pour Sonko et Bassirou Diomaye Faye, cette attaque est un rappel que leur position sera scrutée de près. Les promesses de rupture et de souveraineté, qui les ont portés au pouvoir, ne peuvent être sacrifiées sans conséquence.
Juan Branco, par cette sortie critique, ne se contente pas d’exprimer une déception vis-à-vis des nouvelles autorités sénégalaises. Il semble également chercher à construire une nouvelle image politique, en phase avec ses ambitions personnelles. Ce positionnement soulève toutefois une question essentielle : le Sénégal saura-t-il surmonter ces critiques et concrétiser ses promesses de souveraineté, ou finira-t-il par renforcer le scepticisme de ses alliés ?
Sidy Djimby NDAO