Sauf organisation des élections à date, pour espérer faire baisser la tension relative à l’organisation de ces joutes, le Président Macky Sall a fini de grossir les rangs de ceux qui le soupçonnent de manœuvres tendant à se maintenir au pouvoir.
Dans un communiqué, le Comité ad hoc de facilitation (Alioune Tine - AfrikaJom Center, Professeur Babacar Guèye - Cosce, Ababacar Fall – Gradec…) s’est réuni samedi 3 février 2024, à la suite du discours à la nation du président de la République annulant le décret portant convocation du corps électoral pour l’élection présidentielle du 25 février 2024. Ses membres expriment leurs «vives préoccupations par rapport à ce coup d’arrêt unilatéral et brusque du processus électoral». Ils «condamnent également le report de l’élection présidentielle prévue pour le dimanche 25 février 2024 et dénoncent les traitements et brimades de certains candidats à leur arrivée à la Rts pour l’enregistrement de leurs messages conformément au planning du Cnra ».
Au chapitre des résolutions issues de cette réunion, le Comité de facilitation, dit «regretter également l’absence de dialogue avec les acteurs avant l’annulation des opérations électorales et ses implications matérielles aussi bien pour l’Etat, les acteurs politiques/candidats que la société civile et les Partenaires». Ils invitent le président de la République à une concertation rapide avec les parties prenantes au processus et les forces vives de la Nation pour une solution à cette crise institutionnelle en tenant compte du respect des dispositions de la Constitution par rapport à la durée du mandat du président de la République.
Le Comité de facilitation constate qu’il «s’agit d’une ouverture dramatique à l’instabilité institutionnelle que le Sénégal ne saurait s’offrir dans un contexte sous-régional très préoccupant» à la veille de l’ouverture officielle de la campagne électorale où les Organes de gestion des élections (Oge) ont pris toutes les «dispositions pour l’organisation matérielle du scrutin présidentiel du 25 février 2024, ainsi que la présence et le déploiement des observateurs nationaux et missions d’observations internationale (Union Européenne, Union Africaine, Cedeao…)».
Pour Birahim Seck, les arguments avancés par le président de la République ne sont ni solides ni recevables. «Votre main a lourdement pesé sur le poignard qui a été utilisé contre la Démocratie et l'Etat de droit. Aucun artifice ne devrait être utilisé pour prolonger l'actuel mandat présidentiel», a écrit le coordonnateur du Forum civil dans un post sur X (anciennement Twitter).
Hamidou Dème, lui, affirme que c’est une première au Sénégal. «La décision de reporter les élections ne peut être rattachée ni justifiée par les dispositions constitutionnelles ou les dispositions légales», a déclaré l’ancien procureur. Avant d’ajouter : «les faits de soupçon de corruption des membres du Conseil constitutionnel ou la double nationalité d’une des candidats qui doit briguer l’élection présidentielle, ne peuvent être des arguments pour reporter un scrutin. C’est une décision qui est manifestement illégale n’étant justifiée ni par la loi ni les faits. Et c’est pourquoi je réitère que c’est un coup d’État institutionnel», a laissé entendre le président du parti Etic (Ensemble pour le travail, l’intégrité et la citoyenneté).
Baye Modou SARR










