Me Moussa Bocar Thiam ne décolère pas contre le magistrat Idrissa Diarra. Dans son communiqué-réplique à celui de l'Union des magistrats sénégalais (Ums), il accuse le magistrat d’être auteur de «traitements inhumains et dégradants». Mieux, il compte saisir la Chambre disciplinaire du Conseil supérieur de la magistrature et la Cour des droits de l’homme de la Cedeao pour dénoncer ces traitements contre de présumés innocents.
Après le communiqué de l’Union des magistrats sénégalais (Ums) qui a qualifié «d’acte irresponsable» la lettre plainte de Me Moussa Bocar Thiam adressée à l’Inspection générale de l’administration de la justice (Igaj) et mettant en cause le magistrat Idrissa Diarra, président du Collège des juges d’instruction du Pool judiciaire financier (Pjf), assorti d'une promesse de «sanctions exemplaires», contre l’avocat incriminé, la réplique de celui-ci n'a pas tardé. Dans un communiqué-réplique, Me Moussa Bocar Thiam accuse ouvertement le magistrat Idrissa Diarra d’être «auteur de traitements inhumains et dégradants». Très virulent, il estime qu’il n’appartient pas à l’Ums d’apprécier l’opportunité, la recevabilité ou le bien-fondé d’une dénonciation qui ne lui est pas adressée. Avant de révéler que l’Igaj effectuera son travail dans la limite de ses compétences encadrées. «Les Sénégalais attendaient la réaction de l’Ums dès le 8 novembre 2025 à la suite des propos injurieux du sieur Ousmane Sonko lors d’un rassemblement public accusant ‘’les magistrats de saborder le travail du Pool judiciaire et financier’’ et appelant l’État à ‘’nettoyer la justice dont certains s’opposent à sa personne’’, donc attaquant le Conseil constitutionnel, la Cour suprême et la Cour d’appel. Les magistrats Maham Diallo et Feu Samba Fall ont été injuriés par la même personne. L’Ums est restée muette, ratant l’occasion de rappeler à l’ordre quelqu’un qui jette un discrédit notoire sur l’institution judiciaire», charge Me Moussa Bocar Thiam.
Il maintient en prison un homme agonisant et la femme de Madiambal Diagne en chaise roulante et mourante
Poursuivant, Moussa Bocar Thiam n’a pas manqué de s’interroger sur l’attitude de l’Ums : «alors pourquoi diffamer un avocat qui s’indigne, comme tous les Sénégalais, en tant que défenseur invétéré des droits de l’homme, sur le traitement inhumain et dégradant de Farba Ngom risquant une mort subite en plein sommeil, selon des expertises commanditées par le magistrat incriminé ?». L’avocat de Farba Ngom d’ajouter : «pire encore, le magistrat Idrissa Diarra, dépeint de manière superfétatoire par l’Ums comme un magistrat irréprochable, maintient en prison un homme agonisant et même la femme du journaliste Madiambal Diagne en chaise roulante et mourante. Ces agissements intuitu personae du magistrat constituent un manquement aux devoirs de son état, à l’honneur, à la délicatesse ou à la dignité de ses fonctions, comme l’ont constaté les organisations de la société civile et même le Conseil national des droits de l’homme», fait remarquer Me Thiam.
Chambre disciplinaire du Conseil supérieur de la magistrature et Cour des droits de l’homme de la Cedeao
Loin de lâcher du lest, Moussa Bocar Thiam a décidé de porter les agissements du magistrats incriminé devant la Cour des droits de l’homme de la Cedeao. «Dès que je m’en ouvrirai à Monsieur le Bâtonnier de l’Ordre des avocats, je saisirai la chambre disciplinaire du Conseil supérieur de la magistrature et la Cour des droits de l’homme de la Cedeao pour dénoncer les traitements inhumains et dégradants infligés abusivement à des personnes présumées innocentes», informe Me Thiam qui précise, dans la foulée, qu’il ne s’adresse «ni au corps des magistrats, ni à l’Ums», encore moins à «l’institution judiciaire» animée, dit-il, par des femmes et des hommes pétris de qualité, de rigueur et d’humanisme. «Je voue un respect infini à ce corps et m’incline devant certains qui se sentent affectés par mes propos. La seule et unique personne décriée est le magistrat Idrissa Diarra et personne d’autre », martèle Moussa Bocar Thiam, non sans préciser que dans cette affaire, la solidarité de corps est inopérante. Aucun magistrat, dit-il, ne fait sien les agissements de Monsieur Idrissa Diarra.
M. CISS












