La Coordination des associations de presse a tenu un rassemblement, hier, devant les locaux de la 7TV en réponse à l'agression barbare subie par notre consœur Maimouna Ndour Faye. Seulement, la mobilisation n'a pas été une réussite ; d'ailleurs, cela a été largement déploré par les différents intervenants. Des acteurs politiques en passant par les différentes associations de presse, tous ont déploré avec la dernière énergie cette énième agression contre la presse.
"La liberté d'expression poignardée, mais la presse restera debout", "le monstre ne menace plus, il attente à la vie des journalistes", lisait-on sur les pancartes des membres de la Cap. A l'entame du rassemblement devant la télé "qui nous ressemble et qui nous rassemble", les journalistes de la 7TV ont, pour leur part, magnifié la solidarité dont la presse a fait preuve tout en dénonçant l'agression de leur Directrice générale. "C'est une tentative de meurtre à l'endroit de notre Directrice générale, donc la presse dit être unie, sinon il y aura d'autres cas. Les auteurs de cet acte n'ont pas atteint leur objectif, qui était de faire taire Maimouna Ndour Faye et faire taire la presse sénégalaise. Elle reviendra encore plus forte et nous serons à ses côtés", fait savoir Pape Matar Fall.
"Un gardien a vu l'agresseur"
Dans sa prise de parole, Daouda Diouf de la RFM, voisin de Maimouna Ndour Faye, est revenu sur l'agression. "Je suis écœuré. Je suis un voisin de Maimouna Ndour Faye et ce n'est pas des agresseurs mais un agresseur. Un gardien l'a vu, mais il ne pouvait le poursuivre car n'étant pas armé", dit-il. Notre confrère, visiblement dégoûté par la tournure de la situation, pèse bien ses mots. "Ce n'est pas une agression, mais on a voulu tuer une dame. Il a fallu qu'une dame crie pour que l'agresseur prenne la fuite. Il ne faut pas se voiler la face, ce sont des politiques et il faut que ça cesse. Ce qu'ils veulent, c'est la pensée unique, sinon on vous agresse", dit-il. Dans la foulée, il n'a pas manqué de dénoncer une absence de solidarité dans la presse. "Nous devons rester uniquement et nous devons aussi respecter nos décisions. La fois passée, on a décidé de boycotter Moussa Bocar Thiam et quelques jours après, je le vois à la télévision", a-t-il déclaré. Dans ce sens, il invite les journalistes à prendre ce combat à bras le corps, s'il le faut même "organiser des journées sans presse" pour dire "assez" à cette violence.
Un plan d'action dans les jours à venir...
Ibrahima Lissa Faye rappelle d'abord qu'il revient aux pouvoirs publics d'assurer la sécurité des journalistes et techniciens des médias, des entreprises de presse. Le boss de Pressafrik fait savoir qu'il y avait une réelle volonté d'éliminer "une dame qui s'est battue pour la presse, donc on doit lui rendre hommage. Comme mes confrères l'ont dit, il faut se dire la vérité, la mobilisation doit être plus grande que ça. Personne n'est à l'abri. Il y a trop d'intérêt en jeu et trop de mesquinerie. Je m'en fous de toutes les autres considérations, ce qui m'importe c'est que la ligne éditoriale de mon journal ne dévie pas. En tout cas j'ai pris mes dispositions, si une personne tente de m'agresser, il sera à terre avant de m'atteindre". Ce faisant, il annonce qu'un plan d'action sera élaboré par la Cap d'ici le début de la semaine prochaine.
On veut une enquête rapide et efficace..."
Bamba Kassé, le secrétaire général du Synpics, a quant à lui "pointé du doigt l'État du Sénégal qui est garant de la sécurité. On a besoin de savoir qui a fait ça. J'ai honte quand Absa Hann de Seneweb a fait savoir qu'il n'y avait pas d'évolution dans sa plainte contre les forces de l'ordre qui l'ont violentée. Alors que nous avons le matricule, la plaque de la voiture et le numéro de la chasuble, mais rien n'avance. Ce n'est pas normal dans un pays démocratique". Le Sg du Synpics, comme les autres orateurs, a aussi déploré la faible mobilisation. "Tant que nous ne sommes pas unis nous n'irons nulle part et le cas de Maimouna va se répéter. On demande une enquête rapide et efficace pour savoir ce qui s'est passé", dit-il.
Diatou Cissé n'a pas tari d'éloges à l'endroit de celle qu'elle a mise en rapport avec feu Jean Meissa Diop. Elle déclare même toute sa fierté d'être un des mentors de MNF. "L'heure est suffisamment grave pour que je vienne m'asseoir à côté de mes jeunes frères. Ce qui arrive à Maimouna Ndour Faye, c'est une menace grave. Je ne sais pas si c'est contre la presse, parce qu'on ne connait pas encore les mobiles de cette agression que rien ne peut justifier. C'est aussi la sécurité du journaliste qui a été touchée", dit-elle. Prenant la balle au rebond, Ibrahima Diédhiou de la Rts a tenu à clarifier que ce n'est pas le fait qu'il travaille dans une chaîne publique qu'il est avec le pouvoir. "Quand j'ai entendu l'info, je me suis mis dans la peau de Maimouna. Que les gens sachent que les journalistes n'ont pas de parti pris. On va se battre ensemble pour que ces agresseurs soient arrêtés. Les journalistes ne sont contre quelque pouvoir que ce soit. Il faut que les gens comprennent que les journalistes sont neutres", dit-il. Pour Abdoulaye Thiam, le président de l'Association nationale de la presse sportive, Maimouna Ndour Faye est la seule patronne de presse d'une chaîne privée qui a envoyé 5 reporters à la récente Coupe d'Afrique des nations ; "c'est pour témoigner sur sa partition dans le développement de la presse sénégalaise. Depuis un moment nous avons noté des agressions. Il faut que l'impunité cesse dans ce pays. Il y a eu tellement d'impunité dans ce pays", souligne le président de l'Anps.
Rosalie Ndiaye de l'Association des femmes de médias, elle, s'indigne de l'acte perpétrée contre MNF. "Ce que Maï a vécu est cruelle. Comment une personne sensée peut donner des coups de couteau à une femme. Le seul tort de Maimouna, c'est de bien faire son travail".
Récemment victime de la barbarie policière, Absa Hann a lancé un message aux professionnels de la presse à se mobiliser davantage. "Nous lançons un appel aux confrères et consœurs, car le combat, c'est pour nous. Aujourd'hui, c'est Maimouna mais demain ce sera qui ? Pour que cela cesse, nous allons parler de la sécurité de la presse dans les plans d'action que nous allons élaborer. Ce combat qui nous interpelle tous", soutient-elle.
Samba THIAM










