Le Collectif des cadres du Parti des libéraux et démocrates (Pld – And Suqali) accuse l’exécutif de manipuler les chiffres de l’endettement après le changement d’année de base des comptes nationaux. Les camarades de Omar Sarr et Cie dénoncent un « tour de passe-passe » du Premier ministre Ousmane Sonko sur la «dette cachée » et alerte sur une situation financière jugée « explosive».
Les cadres du Parti des libéraux et démocrates (Pld-And Suqali) sont montés au créneau ce mardi 25 novembre 2025. Dans un communiqué au ton particulièrement offensif, les cadres libéraux s’étonnent qu’aucune communication officielle n’ait été organisée par le gouvernement sur le changement d’année de base des comptes nationaux. Selon eux, cette absence serait révélatrice d’un malaise : «comme si le gouvernement éprouvait de la honte à avouer cette défaite à la fois technique et politique», écrivent-ils.
Au cœur de la polémique, les chiffres recalculés de la dette. Les cadres libéraux rappellent que le Premier ministre avait publiquement avancé un taux d’endettement de 132%, nourrissant l’accusation d’une prétendue «dette cachée». Les données issues du rebasing, fondées sur les propres chiffres de l’État, ramènent pourtant ce taux à environ 85% en 2022.
Mais pour le Pld, même ce dernier chiffre est «sujet à caution». Le rapport de l’ANSD mentionne en effet qu’il a été calculé selon la formule «dettes publiques/Pib», alors que le critère de convergence de l’Uemoa, «dette de l’administration publique/Pib», serait, selon eux, la seule référence pertinente. En d’autres termes, en appliquant la bonne formule communautaire, «le taux d’endettement serait largement inférieur aux 85% indiqués», accuse le Collectif.
Les cadres y voient un prolongement direct des manipulations qu’ils attribuent au Premier ministre, l’accusant d’avoir bâti un « récit » politique fondé sur une dette gonflée artificiellement.
Le Pld-And Suqali réclame ainsi la publication complète des taux d’endettement réels — pour 2022, mais aussi pour fin 2023, fin 2024 et pour chaque trimestre de l’année 2025 — afin de dissiper toute ambiguïté.
Les cadres affirment avoir auparavant demandé au gouvernement de divulguer rapidement les résultats du rebasing, une opération lancée sous le magistère du président Macky Sall et recommandée tous les cinq ans par l’Union Africaine et les Nations-Unies. À les en croire, le Premier ministre aurait « manœuvré pour bloquer cette publication » afin de maintenir vivante sa thèse de la « dette cachée ».
Pour le Collectif, les conséquences sont désormais visibles : « le crédit international du Sénégal a été fortement entamé et notre État se trouve désormais au bord de la faillite financière », écrivent-ils.
Sidy Djimby NDAO












