La question de la dette dite cachée est un débat sans fin. A l’ouverture du marathon budgétaire, la présidente du groupe parlementaire Takku-Wallu, loin d’être convaincue par cette dette, a démontré l’impossibilité de dissimuler une dette ; eu égard aux normes Gfsn 2014 en vigueur pour calculer le ratio de la dette. Même la dette bancaire, dit-elle, ne peut être cachée à cause de la traçabilité. Pour sa part Anta Babacar Ngom appelle à la restructuration, persuadée que le redressement ne sera crédible tant que la question de la question de la dette ne sera traitée.
Le marathon s'est ouvert ce samedi avec les considérations générales sur le projet de loi de finances initiale pour l’année 2026. A l’occasion, les Sénégalais ont eu droit à un débat houleux sur la dette.
A cet effet, la présidente du groupe parlementaire Takku-Wallu, Aïssata Tall Sall, n’est toujours pas convaincue de la dette dite cachée. «Mal nommer les choses, c’est ajouter aux malheurs du monde ! […] Nous n’avons pas su nommer les choses pour ce qui concerne la dette», s’indigne d’emblée l’ancien ministre, avant de poursuivre : «Que signifie dette cachée ? Qu’est ce qui compose la dette cachée ?», s’interroge Me Aissata Tall Sall qui embraye : «comment on cache une dette ? Quel est le stratagème, quel est le subterfuge par lequel la dette se cache ?».
«Sortez les rapports cachés, nous en terminerons avec ce débat»
De l’avis de Me Tall, si le débat persiste, c’est parce que le gouvernement cache des documents. «Donnez les documents et on débattra à armes égales. Sortez les rapports cachés, le rapport de Mazars et nous en terminerons avec ce débat», tranche la présidente de «Osez l’avenir».
Anta Babacar Ngom peint une situation des finances publiques d’une gravité exceptionnelle
Pour sa part, Anta Babacar Ngom a peint un tableau sombre de la situation des finances publiques. «Il s'agit d'une crise de liquidités très sérieuse qui pourrait nous mener droit vers la défaillance», explique la députée. Poursuivant, Anta Babacar Ngom a pris le contre-pied du gouvernement qui estime que le budget de fonctionnement a baissé. A l’en croire, le budget ou les dépenses de fonctionnement concernant les biens et services et les transferts courants ont effectivement baissé de 14,5%, soit 285 milliards. Cependant, si on considère, ce qui fait réellement fonctionner l'administration au quotidien, c'est-à-dire la masse salariale qui a augmenté de 3,2% ; les intérêts et les commissions qui ont explosé à hauteur de 27,7% ; en sus des biens et services et les transferts courants, force est de constater, dit-elle, que les charges de fonctionnement ont bel et bien augmenté de 25,3 milliards. La députée de proposer une restructuration de la dette pour affronter cette crise de liquidités préoccupante.
Les graves interrogations de Thierno Alassane Sall
«Dire que Sénégal vit des moments difficiles serait une tautologie», indique d’emblée Thierno Alassane Sall, qui révèle que ces difficultés sont ressenties par toutes les couches de la société et dans tous les secteurs d’activité. Il affirme que le Sénégal s’endette à hauteur de 49% pour financer ses dépenses. Thierno Alassane Sall n’a pas manqué de soulever un certain nombre d’interrogations. «Est-ce qu’on a eu en octobre un défaut de paiement sur deux créances sur le Sukuk de la Bis en 2022 et est-ce qu’en avril, on a eu défaut ou risque de défaut de paiement comblé par les ivoiriens ? Dans le contexte actuel, est-il normal qu’on puisse pousser l’endettement du pays en voulant acquérir urbi et orbi 9 airbus max ?», lance Thierno Alassane Sall.
Ayib Daffé : «ils veulent continuer à semer la confusion dans la tête des Sénégalais»
Le président du groupe parlementaire Pastef a porté la réplique à ses collègues de l’opposition. «On parle de dette contingente, de rapport caché sans aucune argumentation, juste de la littérature. Ce qu’ils veulent, c’est de continuer à mettre la confusion dans la tête des Sénégalais», déclare le député qui invite le ministre à ne pas perdre de temps dans des explications qu’il a faites pendant toute l’année. « On ne peut pas perdre notre temps à expliquer à des gens qui ne veulent pas comprendre, alors qu’ils ont mis le pays au quatrième sous-sol et veulent nous maintenir dans un débat marécageux. Nous ne l'accepterons pas, il faut qu’on avance », ajoute Ayib.
Fama Ba remet sur la table le débat sur les caisses noires
Pour sa part, la députée de la majorité Fama Ba fait remarquer que la masse salariale ne doit pas dépasser 35% des recettes fiscales. S’agissant de la lutte contre la corruption, la promotion de la bonne gouvernance, l’équité et la transparence, la députée de s’interroger à nouveau : «où en êtes-vous avec les caisses noires pour redéfinir ces fonds spéciaux pour une meilleure visibilité du peuple sur ces fonds qui appartiennent au peuple ?», s’interroge Mme Ba.
M. CISS













