Dernièrement, le monde sportif sénégalais a été secoué par des sanctions et suspensions. L’arène avait ouvert le bal avec ses arbitres, Sitor Ndour et compagnie. Cette semaine, le basket a répliqué avec la suspension de Baba Tandian pour 10 ans. Le secrétaire permanent de la commission de discipline de la Fédération sénégalaise de football, Ousmane Diouf, nous plonge dans les procédures de sanctions dans une structure sportive. Dans cet entretien, il a fait état de droit d’une structure de pouvoir sanctionner un de ses membres, mais il a soutenu qu’«on ne sanctionne pas pour le plaisir».
Les Échos : Qu’est-ce qui peut pousser une fédération ou un comité de gestion à sanctionner un de ses membres ?
Ousmane Diouf : Il y a deux régimes de sanctions : il y a les personnes physiques et les personnes morales. Généralement, ce sont les encadreurs ou techniciens qui disposent d’une licence qui sont les personnes physiques et ce sont les clubs ou écuries qui sont les personnes morales. C’est-à-dire une entité sportive assujettie aux règlements de la fédération ou du comité où elle est affiliée. Il peut arriver, à partir d’un code de discipline, qu’on ait fait une infraction. Après, il y a une commission qui statue et donne une sanction. Mais la sanction ne relève pas du bon vouloir de la commission de discipline. Ce sont des sanctions qui sont prévues pour des fautes prévues. On ne sanctionne pas pour le plaisir; il faut avoir une motivation valable. Dans le cas du football par exemple, il y a des sanctions qui sont liées à des lois de jeu. L’exemple est aussi valable dans les autres sports, parce qu’il y a forcément un règlement.
Dans le cas de Baba Tandian qui n’a pas de licence apparemment, peut-il être sanctionné ?
De façon générale, une sanction peut dépendre de la capacité de nuisance, mais aussi d’une manipulation de l’opinion ainsi que d’une propagande. Tandian, ce n’est pas n’importe qui. Quand il parle, c’est une voix autorisée. Il reste quand même quelqu’un, qui, obligatoirement pour des situations données, devrait avoir un devoir de réserve pour avoir servi à un haut niveau l’activité. Il devrait pouvoir être sanctionné. S’ils l’ont fait, c’est que quelque part, ils ont des raisons et des motifs.
Mais il n’a pas encore de licence ?
Il faut savoir que les notifications peuvent être variables. Il peut être notifié après réception ou par publicité. C’est-à-dire, dès que la décision est publiée, on la suppose notifiée.
Justement, le président de la Fsbb a fait savoir qu’il ne reconnaissait que l’ancien bureau
Là je donne une appréciation d’ordre général. Si le club dit que c’est son président, qui devrait dire le contraire ? Le club est une personnalité juridique, il a des droits. Si le club décide d’avoir Baba Tandian comme président, c’est qu’il le veut en tant que tel. Aussi Baba Tandian jouit de ses droits, rien ne l’empêche d’être président du club de son choix. La fédération n’a rien à voir dans cette affaire. Si la fédération y est, c’est qu’elle est allée au-delà de ce qui devait quand même être sa mission.
A la lutte, on a aussi vu à peu près le même scenario avec la suspension de Sitor Ndour et compagnie, comment analysez-vous cette situation ?
Un arbitre, c’est un technicien qui a sa licence. Il est assujetti à la réglementation. Il peut être suspendu dans des cas précis. Tous ceux qui ont une licence délivrée par la structure qui gère la lutte ont obligation d’obéissance ou de réserve…etc. à défaut, maintenant, la structure a le droit de sanctionner, parce que si elle ne le fait pas, elle n’est pas respectée et ça peut nuire à long terme. Les structures ont le droit de sanctionner pour une nuisance à long terme ou de façon précipitée. Il faut gérer ceux qui sont dans l’activité.
Vous ne trouvez pas que 10 ans de suspension, c’est quand même excessif ?
Quand vous suspendez quelqu’un, la procédure se termine à partir d’un moment. A la fin de la procédure, il est possible à la personne sanctionnée de faire une demande de grâce. Oui, 10 ans ça fait beaucoup, mais c’est certainement pour leur permettre de pouvoir demander grâce, s’assagir et dire que ce n’est plus la peine de nuire. C’est une façon de régler des comptes. Mais quelqu’un à qui vous donnez 2 ans, ça passe vite après, il peut revenir à la charge. C’est peut-être par expérience qu’ils ont choisi cette méthode afin de mettre une certaine accalmie et de laisser les gens travailler dans la sérénité.
Comment faites-vous dans le football, parce qu’on y voit rarement des sanctions de ce genre ?
Au football, on est très discipliné. Les gens qui gèrent le football savent que ce n’est pas qu’un simple jeu. C’est une affaire très sérieuse le football. Vous perdez une position de privilège, c’est comme si on vous creusait votre tombe. Donc on est obligé de bien gérer. Et puis les gens se connaissent depuis tellement longtemps qu’on a fini par être des amis, des camarades, une famille. On ne déborde pas dans le football.