Selon l’économiste Ndongo Samba Sylla, la dette du Sénégal est impayable et ne peut être soutenable pour la population. En effet, même s’il estime que la restructuration est un choix politique, il fait remarquer que le Sénégal est dans une situation plus préoccupante que la plupart des pays qui ont déjà fait défaut.
A l’occasion de l’atelier pour les jeunes chercheurs du 23 au 25 novembre au Musée des civilisations noires organisé par International development economics associates (Ideas) et qui jette un regard sur les «Approches hétérodoxes de la monnaie, de la finance et du développement économique», l’économiste Ndongo Samba Sylla a introduit un thème sur : «Un regard hétérodoxe sur les crises d’endettement en Afrique». Une occasion de relancer le débat sans fin sur la dette du Sénégal. Et, c’est pour affirmer, avec conviction, que cette dette est impayable. « Pour moi, cette dette est impayable. La seule manière de payer cette dette, c’est de s’endetter à nouveau à des taux d’intérêt prohibés», a soutenu l’économiste. A la question de savoir si le Sénégal doit restructurer sa dette conformément à la volonté du Fmi, il estime que c’est un choix politique à faire. Cependant, ce qui est sûr, dit-il, c’est que le Sénégal est dans une situation beaucoup plus préoccupante que la plupart des pays qui ont déjà fait défaut. «Il est clair que le niveau d’endettement du Sénégal ne peut-être soutenable pour les populations. Et, les recettes du pétrole n’y changeront rien. Entre 2026 et 2028, ce qu’on attend des recettes du pétrole s’élève à 229 milliards francs Cfa. Cela n’a rien à voir avec le service de la dette. En effet, rien que entre 2026-2028, c’est 14.870 milliards qui vont être payés et, c’est le principal. Le Sénégal ne peut pas le faire», ajoute M. Sylla.
Une dette illégale, jamais validée par le parlement qu’on décide de régulariser et de payer…
Abordant la dette cachée, il n’a pas manqué de relever les controverses autour de cette dette, selon qu’on soit du pouvoir ou de l’opposition. «On parle de la dette cachée de 7000 milliards de dollars. Le gouvernement confirme qu’il y a dette cachée et l’opposition défend le contraire. Mais ce qui est extraordinaire, c’est la Loi de finances rectificative (Lfr) où on écrit : suivant les recommandations du Fmi, nous allons régulariser la dette auprès du système bancaire domestique pour un montant 2500 milliards francs Cfa. On dit que la dette est illégale, n’a été jamais validée par le Parlement et vous décidez de régulariser et de payer cette dette illégale. L’opposition qui dit qu’il n’y a pas de dette cachée et qui a des représentants à l’Assemblée nationale, n’a jamais dit : nous refusons de prendre une dette pour payer une dette qui n’existe pas», fait remarquer l’économiste.
Se débarrasser du Fmi, de la Banque mondiale et de l’Uemoa
En outre, Ndongo Samba Sylla est d’avis que nos pays doivent se déconnecter des institutions de Bretton Woods. A l’en croire, les politiques du Fmi et de la Banque mondiale ne permettront à aucun pays du Sud de se développer. « Ces institutions ne sont pas là pour le développement. Il faut créer des institutions nouvelles, multilatérales pour les rendre obsolètes », ajoute l’économiste. Le même constat pour l’Uemoa qui, dit-il, est une prédation néocoloniale dont il faut se débarrasser. En effet, il est persuadé que les règles de l’Uemoa maintiennent les pays membres dans la pauvreté. Tant que les pays restent dans l'Uemoa, ils ne vont pas s’en sortir », tranche Dr Sylla.
M. CISS












