Pris dans des affrontements entre détenus et surveillants, l'établissement carcéral de Camp pénal a été secoué hier mercredi. Le ministre de la Justice, Ousmane Diagne, s'est rendu sur les lieux afin d'évaluer la situation désormais "sous contrôle". Toutefois, des blessés graves ont été enregistrés, selon les vidéos sur les réseaux sociaux. Les détenus ont refusé la fouille de la chambre 8 provoquant un déferlement de violence dans les geôles du Camp pénal. Une enquête a été ouverte.
Les choses ont dégénéré hier à la maison d’arrêt du Camp pénal. Une mutinerie était au menu des gardes pénitentiaires. Jadis calme, la maison d’arrêt a été plongée dans une violence inouïe toute la matinée. Tout est parti d’une fouille surprise des gardes pénitentiaires. Comme cela se fait dans toutes les prisons du monde, les préposés à la sécurité avec le matériel nécessaire, c’est-à-dire matraque, menottes et pistolets bien chargés se sont pointés devant les grilles des chambres ciblées. Selon nos sources, les matons voulaient nettoyer de fond en comble la chambre 8 pour saisir les téléphones, les produits prohibés comme le chanvre indien et autres. Dès que les prisonniers ont aperçu les matons, ils ont tout de suite refusé que ces derniers accèdent dans les chambres. Des sources très au fait de ce qui se passe dans cette maison d’arrêt soulignent que les choses se sont envenimées à la vitesse de l'éclair. La situation devenant lourde, les prisonniers forcent les portes et arrivent à les défoncer par on ne sait quel moyen. La cour, qui sert de lieu de promenade, se transforme en champ de bataille. Surexcités, les détenus regroupent les matelas et autres habits de fortune formant des tas un peu partout dans la cour avant d’y mettre le feu. La fumée noire se mélangeant aux tirs de gaz lacrymogène change l’atmosphère paisible de ce lieu. Même les voisins de la maison d’arrêt s’interrogent sur le comment du pourquoi de cette fumée et des tirs de grenades lacrymogènes.
De graves blessures enregistrées, des agents cités comme les nouveaux tortionnaires des détenus
Comme une traînée de poudre l’information fait le tour du web avec des images insoutenables des chambres des détenus de la maison d’arrêt de Camp pénal bondées de monde, dans une atmosphère irrespirable. «Les gardes ont largué des bombes lacrymogènes dans nos chambres et ils ont coupé le courant et l’eau. Nous suffoquons ; parmi nous il y a des détenus qui souffrent d’asthme», commente un détenu qui filmait la scène. Dans une autre vidéo, on voit un détenu avec une grave blessure à la tête qui confie que c’est une balle qui l’a frôlé. D’autres images montrent des détenus touchés par des balles à blanc en sang et tombant dans les vapes. « Les agents F., D.ne et G. sont les nouveaux qui sont dans cette prison et ils nous fatiguent avec des méthodes inhumaines. Ces gens nous fatiguent. Ils se défoulent sur nous avec une méchanceté qui ne dit pas son nom», argumente un détenu.
Vers les coups de 18h la situation s’apaise avec le passage du Garde des Sceaux, ministre de la Justice qui s’est déplacé sur les lieux pour s’enquérir de la situation.
Du côté de l’administration pénitentiaire, c’est le silence radio. Nos tentatives de joindre une voix autorisée ont été vaines. Nos sources renseignent qu’une enquête a été ouverte afin de déterminer les différentes responsabilités dans cette mutinerie sanglante.
Samba THIAM













