Après l’annonce de la dette fiscale des Ics, des organisations membres du secteur privé s’investissent pour la nationalisation des Ics, aux mains des Indiens depuis plusieurs années. En conférence de presse, ces organisations ont nommément cité Karim Wade et le Président Macky Sall, en son temps Premier ministre, d’être des acteurs clés dans la mise à mort des Ics.
«Les Ics ont été ainsi affaiblies. Le capital ramené à zéro». Ces propos sont d'anciens employés de Senchim, filiale des Industries chimiques du Sénégal. Cet agent à la retraite a fait cette révélation à l’occasion d’une conférence de presse animée hier par le Conseil national des dirigeants d'entreprises du Sénégal Sn Cndes (Innovation-Croissance) et le groupe secteur privé et développement (Gspd) ont décidé de prévenir pour sauver ce fleuron de l’économie sénégalaise. Face à la presse, il fait savoir que les Ics, contrôlées aujourd’hui par les Indiens, ont été achetées à partir de montages avec des sociétés offshores créées dans les paradis fiscaux, à Chypre.
Et pour comprendre le processus de la mise en vente et les tentatives de sabotage, il relate le film de la liquidation en sourdine des Ics. «Tout est parti de Jérôme Godard qui a dit venir au Sénégal pour régler le problème des Ics alors que les Ics n’ont jamais eu de problème. Jérôme est un ami de Karim Wade. Ils avaient un projet très précis, c’est d’accaparer le fleuron de notre économie, tout ce qui est production d’engrais et production phytosanitaire. Il a annoncé l’achat de 300 tonnes de DSP qui est un mélange de sédiment et de phosphate… Je me suis dit qu’il y avait anguille sous roche. Heureusement, Jérôme Godard n’a jamais réussi à vendre ce DSP. Je signale qu’à l’époque, en 2006, Macky Sall était Premier ministre. Ils sont donc au courant de cette affaire. C’est eux qui l’ont protégé. C’est le régime libéral qui est à l’origine de la déchéance des Ics», indexe-t-il sans hésiter.
Incapable de vendre les tonnes de DSP, poursuit-il, «Jérôme Godard a bloqué les comptes des Ics établis à Paris et à New York arguant que nous leur avons fourni de l’engrais, un produit non formel. Ce blocage a duré huit mois. Le résultat a été la mise à terre des Ics. Les Indiens en ont profité avec des manipulations de comptes, de détournement de recettes de bateaux d’acide phosphorique pour enfoncer les Ics dans le trou. C’est à cette étape que les Indiens ont tout dévoré», regrette-t-il. Avant de demander au régime du tandem Diomaye-Sonko à s’investir davantage pour récupérer ce fleuron des mains des Indiens.
Présentant la situation actuelle des Ics, il indique que depuis 2014, les Ics sont sous le contrôle du groupe indien Indorama. Le capital est ainsi réparti : Indorama 78%, gouvernement du Sénégal 15%, IFFCO 6.78%, gouvernement de l'Inde 0.22%. «Sur le plan financier, les Ics n'apportent rien au Sénégal. Les Ics ne paient ni impôts sur le revenu, ni Tva, ni droits de douane, ni redevance minière. Les Ics doivent 200 milliards au Sénégal», révèle cet ancien employé qui a brandi un document.
Selon les membres du Conseil national des dirigeants d'entreprises du Sénégal Sn Cndes (Innovation-Croissance) et du groupe secteur privé et développement (Gspd), l’acide phosphorique produit à Darou est acheté par le partenaire traditionnel et client des Ics. Sur le plan agricole, les Ics ne servent à rien.
Face à cette situation alarmante, ces organisations membres du secteur privé invitent l’Etat à récupérer les Ics pour le bonheur de l’économie nationale. Selon eux, cet objectif peut être atteint sans bourse délier, ni contentieux. Pour eux, le renouvellement de la convention Etat Sénégal/Ics doit être reconsidéré. «Si l'Etat du Sénégal récupère le contrôle des Ics en redevenant l'actionnaire majoritaire, il pourra ouvrir le capital au secteur privé national», assurent-ils.
Baye Modou SARR













