Après l'épisode des rappels à l'ordre, le procureur du tribunal correctionnel de Dakar a requis hier, jeudi, 4 décembre 2025, la peine de 3 ans de prison ferme contre Ibrahima Dramé, qui dit être l'auteur des messages de mort envoyés à ses victimes. Ce dernier a été jugé pour avoir menacé le général Moussa Fall et deux autres gradés de la Gendarmerie nationale. Il est poursuivi pour menaces de mort, outrage à agent, atteinte à la sûreté de l'Etat.
Après 22 mois passés en détention provisoire à la suite de son arrestation le 24 février 2024 par la Section de recherches, l'ancien commandant de gendarmerie Ibrahima Dramé a finalement été jugé hier, jeudi 4 décembre 2025, devant le tribunal correctionnel de Dakar, dans cette procédure qui l'opposait au général Moussa Fall et à deux autres gradés de la Gendarmerie nationale, à savoir Abdou Mbengue et Cheikh Faye. C'est avec une très grande agitation que Ibrahima Dramé s'est présenté à la barre pour répondre des faits de menaces de mort, outrage à agent, atteinte à la sûreté de l'Etat. Il est ainsi accusé d'avoir proféré des menaces contre le général Moussa Fall et autres gradés de la Gendarmerie nationale.
L'ancien gendarme domicilié aux Parcelles Assainies, interrogé, a pleinement assumé être l'auteur des messages incriminés dans lesquels ils menaçait ses supérieurs. Quand le juge lui a demandé l'objectif visé lorsqu'il envoyait ces messages au général Fall, il répond : "Moussa Fall m'a fait condamner par un tribunal qui n'était pas habilité à le faire. Seule la Cour d'appel est habilitée à me juger. Il m'a fait radier de la gendarmerie par un conseil d'enquête irrégulier avec 5 membres. Mais, ils ont fermé les yeux sur ça et ils ont désigné un commandant moins ancien que moi parce qu'il est tout simplement un ami de Moussa Fall. Je suis l'auteur et j'assume pour Moussa Fall. Mais je ne l'ai jamais menacé. Je lui ai envoyé ce message en lui disant que je connaissais sa famille, pour avoir habité avec celle-ci à la caserne de Faidherbe où ma cousine a travaillé chez lui comme aide-ménagère. C’était une manière de lui dire qu'il ne devait pas poser ces actes contre moi, mais ce n’étaient pas des menaces".
Pour le cas du colonel Abdou Mbengue concernant toujours les menaces, il ajoute : "c'est mon ancien. Le message que je lui ai envoyé n'avait rien d'exceptionnel. Je lui ai envoyé ce message pour le remercier et lui dire que je retournais en Casamance pour faire la chasse. Ce n'est pas une menace. Je lui ai dit que la vie ne s'arrêtait pas seulement à la gendarmerie, mais que je pouvais faire autre chose. Il était le seul à m'envoyer 100.000 F lorsque j'étais en prison. Et c'est pour ça que je le remerciais". Très surpris, le président lui a fait savoir qu'il avait une "façon particulière pour remercier les gens".
S’agissant du colonel Cheikh Faye, le prévenu s’explique : "je lui en ai voulu parce que c'est lui qui a exécuté un ordre illégal en m'extirpant de la salle d'examen, où je me trouvais, pour m'arrêter. C'est une manière de lui dire que je n'étais pas content de lui. Il était mon binôme à l'école".
Les colonels Abdou Mbengue et Cheikh Faye se désistent
Contrairement au général Moussa Fall, les colonels Abdou Mbengue et Cheikh Faye ont comparu à l'audience. Entendu, le sieur Mbengue a confirmé devant le tribunal avoir reçu de la part du mis en cause le message consigné sur procès-verbal. Excepté ce fait, il s'est désisté de sa constitution de partie civile après s'être expliqué : "quand j'ai reçu le message, j'ai eu de la compassion pour lui. Je ne me suis pas senti menacé par ce message. Je n'ai jamais porté plainte contre lui. Il est mon petit. Je ne vais pas dire ici tout ce que j'ai eu à faire pour lui. Je ne suis pas partie civile dans cette affaire. J'ai été convoqué par la Section de recherches ensuite par le Doyen des Juges qui m'a entendu. Et j'ai dit au magistrat instructeur que je souhaitais être entendu dans cette affaire en qualité de témoin et non comme partie civile".
Le colonel Cheikh Faye aussi s'est désisté aussi tout en évoquant sa qualité de "témoin". "C'est après qu'il a fini de faire son épreuve qu'il a été cueilli. J'ai été impliqué dans son arrestation parce que je jouais un rôle. Je ne me suis pas constitué partie civile ; je suis juste là en tant que témoin", a-t-il précisé.
Dans sa réquisition, le procureur n’a pas été tendre avec lui. "Aujourd'hui, vous devriez leur demander pardon. Ce sont des faits très graves. Ne minimisez pas ça. Il faut arrêter. Ce devait être une tribune pour vous pour vous amendez", a-t-il détaillé avant de requérir 3 ans de prison ferme contre lui.
À sa suite, l'avocat des parties civiles, Me Cheikh Sy, a demandé au tribunal de réserver les intérêts civils du général Moussa Fall, absent au procès, mais aussi de confirmer le désistement des colonels Abdou Mbengue et Cheikh Faye.
Pour la défense du prévenu, Me Emmanuel Diatta a fait une remarque selon laquelle ça lui a paru bizarre que la gendarmerie porte plainte dans cette affaire. Le conseil a demandé la base sur laquelle son client est poursuivi. "Moussa Fall n'a d'ailleurs jamais été entendu dans cette affaire. Cette audience-là n'aurait jamais dû avoir lieu. C'est un homme qui a subi des déceptions et qui a été marqué par des événements", a plaidé la robe noire qui a demandé au tribunal de déclarer irrecevable la procédure. Il a sollicité une application bienveillante de la loi si toutefois le tribunal estime qu'il est coupable.
Délibéré au 15 janvier 2026.
Fatou D. DIONE













