Le 26 septembre 2024, Ousmane Sonko, Premier ministre du Sénégal depuis avril 2024, a tenu une conférence de presse où il a accusé l’ancien Président Macky Sall et son administration d’avoir manipulé les chiffres économiques du pays. Selon Ousmane Sonko, les indicateurs économiques présentés sous la présidence de Sall ont été largement sous-estimés, notamment le ratio dette/PIB et le déficit budgétaire. Ces révélations ont conduit l’agence Moody’s à abaisser la note de crédit du Sénégal à B1, ce qui représente un sérieux coup pour l’économie du pays. Macky Sall, dans une interview accordée à Bloomberg TV, a rejeté ces accusations, qualifiant les propos de Ousmane Sonko de «totalement faux». À son tour, il accuse Ousmane Sonko d’avoir causé la dégradation de la note du Sénégal.
Ousmane Sonko a présenté un audit économique révélant que le ratio dette/PIB atteignait en moyenne 76,3% sur les cinq dernières années de la présidence de Macky Sall, bien au-delà des 65,9% initialement annoncés. De plus, le déficit budgétaire du pays à la fin de 2023 aurait presque doublé, atteignant plus de 10% du PIB. Pour Sonko, cette mauvaise gestion aurait non seulement trompé le peuple sénégalais, mais aussi les partenaires internationaux, aggravant la situation économique du Sénégal. Il a annoncé l’ouverture d’enquêtes pour faire la lumière sur ces pratiques et demandé une refonte des politiques économiques afin de redresser le pays.
«Je regrette les propos du Premier ministre qui sont totalement faux»
Macky Sall, dans une interview accordée à Bloomberg TV, a rejeté ces accusations, qualifiant les propos de Sonko de «totalement faux». Selon lui, son administration a toujours agi de manière responsable, en augmentant la dette pour financer des projets d’infrastructure majeurs, comme la construction de la ville de Diamniadio. Il a souligné qu’il est impossible de se développer sans emprunter, et a défendu la politique d’endettement de son gouvernement, affirmant que ces investissements sont visibles et bénéfiques pour le Sénégal. «Je regrette les propos du Premier ministre qui sont totalement faux et qui ont conduit à une dégradation de la note du Sénégal», a déclaré Macky Sall dans une interview accordée lundi à Bloomberg TV à Londres, sa première réponse publique à l'audit.
Lors de cet entretien, l’ancien président (2012-2024) a défendu la politique économique de son administration et l'augmentation de la dette qui, selon lui, a servi à financer les autoroutes et la construction de la nouvelle ville de Diamniadio créée pour décongestionner la capitale, Dakar». «Il ne faut pas se mettre dans la tête que l’on peut se développer sans dette, ce n’est pas possible», a-t-il dit. Et de poursuivre : «il ne faut pas confondre emprunter pour financer le développement et parler de surendettement.»
«J’ai quitté un pays où les indicateurs étaient au vert»
Alors que l’agence de notation Moody's Ratings a abaissé la note de change à long terme du Sénégal à B1, quatre niveaux en dessous de la catégorie d'investissement, suite à l'annonce des conclusions des audits par Ousmane Sonko, le 26 septembre dernier, Macky Sall insiste qu’il n’a rien à se reprocher. «J’ai quitté un pays où les indicateurs étaient au vert», a déclaré Macky Sall. «Les résultats des investissements de mon administration sont tellement visibles qu’il ne devrait même pas y avoir de débat.»
«J'ai accepté de renforcer l'opposition pour éviter…»
Macky Sall s’est également prononcé sur son retour politique jugé prématuré, à l’occasion des élections législatives anticipées, pour lesquelles il est en tête de la liste des candidats députés de la coalition Takku Wallu Sénégal, qui comprend également les partis de l'ex-président Abdoulaye Wade et du classé second à l'élection présidentielle de 2019 Idrissa Seck. «J'ai accepté de renforcer l'opposition pour éviter une majorité toute-puissante qui pourrait être tentée de mener le pays sur une mauvaise voie», a déclaré Macky Sall.
Sidy Djimby NDAO