En raison des défaillances constatées dans la lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (Inn), l’Union Européenne ne peut envisager le renouvellement du protocole tant qu’il n'y a pas de progrès suffisants du Sénégal dans ce domaine. C’est la position de l'UE à travers son Ambassadeur Jean-Marc Pisani, en conférence de presse hier.
Alors que le protocole de mise en œuvre de l’accord de pêche entre le Sénégal et l’Union Européenne (UE) arrive à terme le 17 novembre prochain, l’Ambassadeur de l’Union Européenne au Sénégal, Jean-Marc Pisani, a annoncé hier, face à la presse, que l'UE n'a pas décidé de renouveler cet accord de pêche avec notre pays. «Pour le moment, il n’est pas question de renouveler l’accord de pêche avec le Sénégal. Le 27 mai dernier, la Commission européenne a notifié à l’Etat du Sénégal des défaillances constatées dans la lutte contre la pêche illicite non déclarée et non réglementée (Inn). Lorsque la Commission européenne notifie ce genre de décision, l’UE ne peut envisager le renouvellement du protocole tant qu’il n’y a pas de progrès suffisants dans ce domaine. En effet, il ne serait pas cohérent pour l’Union Européenne, qui a une politique de tolérance zéro à l’égard de la pêche Inn, de renouveler un accord avec des pays qui ont été notifiés de ce type de difficulté», explique d’emblée Jean-Marc Pisani.
Les engagements du Sénégal à la commission mixte de Bruxelles
A l’en croire, le non-renouvellement implique que les bateaux européens, au nombre de 18, pour la plupart des bateaux espagnols et français, ne pourront plus pêcher dans les zones économiques exclusives du Sénégal à partir du 17 à minuit. Cependant, les bateaux européens peuvent pêcher ailleurs, notamment dans les eaux de la Gambie, Guinée, Mauritanie, Cap-Vert où les accords de pêche sont toujours en cours. Poursuivant, M. Pisani est d’avis que cette décision n’est pas isolée puisque 24 autres pays ont reçu ce type de notification sur la pêche Inn. Il rappelle également que cette situation n’est pas exceptionnelle au Sénégal. «De 2006 à 2014, l’accord de pêche avait expiré et n’avait pas été renouvelé. Il a fallu attendre quelques années pour que des échanges entre autorités sénégalaises et de l’Union Européenne pour définir les paramètres d’un nouvel accord de pêche», se remémore Jean-Marc Pisani. Cette fois-ci, également, rapporte l’ambassadeur, le nouveau gouvernement du Sénégal a pris des engagements pour remédier aux faiblesses du système de contrôle et de traçabilité du secteur et des produits de la pêche. C’est durant la réunion de la commission mixte entre le Sénégal et l’UE les 5 et 6 novembre dernier à Bruxelles que la partie sénégalaise a pris cet engagement. Cette période de non-renouvellement sera mise à profit afin d’évaluer les résultats obtenus dans le cadre du présent accord.
10 milliards sur … 5 ans
Selon Jean Marc Pisani, cet accord de pêche a permis au Sénégal de gagner 10 milliards francs Cfa sur la période 2019-2024. En effet, ce montant est ainsi constitué : une contribution de 5,5 milliards francs Cfa apportée dans le budget de l’Etat, ce à quoi s’ajoutent les redevances versées par les armateurs pour les licences de pêche. Il s’y ajoute une enveloppe annuelle de 590 millions francs Cfa destinée à la réalisation des projets choisis par l’administration sénégalaise pour soutenir le développement du secteur de la pêche et sa gouvernance, y compris la surveillance et la recherche scientifique nécessaire pour la préservation des stocks de poissons. Il est en outre revenu sur la quantité de poissons autorisée (thon et merlu) qui est de 10 mille tonnes sur les cinq ans, soit 2000 tonnes par an. Il révèle dans la foulée que sur cette quantité, seuls 20% ont été pêchés par les bateaux européens et avec le non-renouvellement de cet accord, les 80% restant seront perdus.
Moussa CISS