Entre le ministre de la Communication et l’Association des éditeurs et professionnels de la presse en ligne, c’est un dialogue de sourds. En prenant connaissance de la création via un nouvel arrêté d’une Commission d’examen et de validation de la déclaration des entreprises de presse au Sénégal, les amis de Ibrahima Lissa Faye ont publié un communiqué pour demander à leur tutelle de surseoir à cette décision, car, soutient l’Appel, «elle l'a beau chercher dans le fil conducteur du Code de la presse, mais il n'y est pas, tout comme il brille par son absence dans tous les textes d'application du Code ».
L'Association des éditeurs et professionnels de la presse en ligne (Appel) a déchiré le nouvel arrêté du ministre de la Communication portant création de la Commission d'examen et de validation de la déclaration des entreprises de presse du Sénégal. «Elle l'a beau chercher dans le fil conducteur du Code de la presse, mais il n'y est pas, tout comme il brille par son absence dans tous les textes d'application du Code. C'est pourquoi, par la magie d’un raccourci rapide, il faut dire que cet arrêté du ministre est une sorte d'Ovni dans l'ordonnancement juridique et institutionnel du secteur des médias », commentent les professionnels de la presse en ligne. Ibrahima Lissa Faye et Cie de déplorer : «cet arrêté, élaboré de manière cavalière, sans consultation ou concertation aucune, s'arroge un droit de vie et de mort sur les entreprises de presse». Pis, ils trouvent que le ministre outrepasse ses prérogatives et fait un pied de nez à l'autorité de régulation. «Le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra), qui est une autorité administrative indépendante avec plein pouvoir sur l'audiovisuel, est confiné à un statut de figurant dans cette fameuse commission. La présence des ministères de l'Intérieur et de la Justice est encore plus intrigante», note le communiqué.
L’autre point, c’est le 16 août dernier quand le ministre de la Communication a lancé une plateforme d'enregistrement en ligne des entreprises de presse. «Malgré les insuffisances du support, les médias s'y sont enregistrés en masse. Même pour cette initiative, encore des erreurs flagrantes ont été notées. Lesquelles résident dans les critères énumérés dans l'arrêté de mise en place, et ceux inscrits sur cette plateforme. Depuis lors, il n’y a eu aucun rapport spécifiant le nombre d'entreprises enregistrées, leur typologie, entre autres données d'analyse. Celles qui se sont fait enregistrer n'ont aucune information sur le processus», poursuit le communiqué. Qui révèle : «en vérité, il ne s’est jamais posé un problème d'enregistrement parce que le 15 décembre 2022, une campagne d'enregistrement de 40 jours avait été lancée par le prédécesseur de l’actuel ministre. Elle n'avait suscité aucune tension ni réaction de réprobation de la part des acteurs. D'ailleurs, les chiffres avancés par la tutelle souvent proviennent de ce recensement».
Violation des textes
Appel s'interroge, en outre, sur les volontés réelles du ministre. «Une interrogation légitime, surtout que, depuis les instructions du président de la République faites en Conseil des ministres pour un "dialogue rénové", aucun acte n'a été posé dans ce sens. Appel a l'impression que la tutelle snobe ou méprise les acteurs des médias. Alors qu’ils partagent, tous, les mêmes objectifs qui sont l'assainissement du secteur. Une concertation aurait pu éviter au ministre ses nombreux errements. Les éditeurs et professionnels de la presse en ligne invitent le ministre de la Communication à surseoir à cette commission qui viole tous les textes qu'il a visés dans cet arrêté», soutiennent les professionnels de la presse en ligne qui n’écarteront aucune action, aucun moyen de droit pour lui barrer la route.
Samba THIAM